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Citation de mimo26


Prologue
Il tourna la clé dans la serrure, sous le brillant heurtoir de cuivre, et, avec un sourire de triomphe, pénétra dans la maison située en plein coeur de Manhattan. Il avait tout fait tout seul.
« Papa sera si content », pensa-t-il.
Il s’immobilisa un instant dans le vestibule, essaya de rester maître de ses mouvements, comme on le lui avait appris. Le trajet l’avait excité. Calme. Du calme.
La pendule de grand-père résonnait à ses oreilles. Dehors, les voitures qui passaient dans la rue klaxonnaient de façon agressive. Le téléphone sonnait, sonnait encore, mais il ne fit aucun geste pour décrocher.
Il sentit son bras remuer de haut en bas, à un rythme cadencé, étrange. Il serra les poings, tenta de se concentrer, de se contrôler. Peu à peu, il sentit le calme revenir. Bien.
Une pensée désagréable l’assaillit. Maman serait-elle fâchée d’apprendre qu’il avait fait le trajet tout seul ? Elle voulait toujours savoir où il était. Peut-être n’aimerait-elle pas ce qu’il venait de faire.
Il monta lentement les escaliers, vers la bibliothèque de papa. Il appela Millie, la gouvernante. Personne.
D’abord, il ne vit pas l’homme assis dans le coin de la bibliothèque. Il fit glisser la fermeture Éclair de son blouson, l’enleva, le posa sur le divan. Il s’avança vers la grande fenêtre et regarda Central Park. Lorsque papa rentrerait, ils joueraient à reconnaître les arbres. C’était un de leurs jeux favoris à tous les deux. Papa connaissait les noms de tous les arbres de Central Park. William s’efforça de dominer son impatience. Il avait hâte de jouer à ce jeu.
Doucement, il se retourna, s’écarta de la fenêtre. Ce fut à ce moment-là qu’il aperçut son père dans le fauteuil.
— Papa ?
Un grand sourire éclaira son visage innocent.
Son père ne répondit pas.
— Papa ?
Il fit un pas vers l’homme qu’il aimait. La tête de papa penchait sur le côté. Il avait les yeux ouverts. Il ne dormait pas. Alors pourquoi ne disait-il rien ? Quelque chose n’allait pas. William commença à frapper dans ses mains, doucement, puis de plus en plus fort.
Un pélican. Maman disait que, lorsqu’il cognait ainsi ses paumes l’une contre l’autre, il lui rappelait un pélican qui frappe l’eau avec ses ailes pour s’envoler. Arrête de taper, arrête.
Il porta sa main droite à sa bouche et mordit violemment la peau qui se tendait entre son pouce et son index. Cela ne lui faisait pas mal. Et cela l’aidait à se concentrer.
L’horloge de grand-père se mit à carillonner, très fort. Bong, bong, bong, bong, bong, bong. Le téléphone sonna de nouveau.
Pourquoi papa ne se levait-il pas pour répondre ?
— Papa, papa, qu’est-ce qu’il y a ?
L’étonnement puis la peur déformèrent les traits de William au moment où, s’avançant un peu plus, il secoua avec insistance le bras de son père. Le visage de papa ne bougea pas.
Rien, chez papa, ne bougea.
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