D’une manière générale, Reid n’était pas doué pour la pédagogie. Il manquait de patience et n’y prenait aucun plaisir. Pourtant, il enseigna à Mila comment se positionner, tenir le galet, balancer le bras et bouger le poignet. Après plusieurs essais infructueux, elle parvint enfin à faire rebondir son caillou deux fois de suite à la surface de l’eau. Elle se tourna vers lui, enchantée, réjouie comme une enfant.
Posant le regard sur elle, il décela cette lueur qu’il avait remarquée dans ses yeux quand elle s’était emportée ce matin. Comme un peu plus tôt, elle s’en trouvait transformée, et lui, complètement désarmé. C’était la raison pour laquelle il l’avait laissée pousser son fauteuil jusqu’au monospace sans protester. Il était trop surpris par la manière dont la colère la métamorphosait pour lui opposer la moindre ré
Il avait un faible pour les genoux des femmes. Le plus souvent, il les trouvait trop anguleux. Ou trop épais.
Butternut, Minnesota, mille deux cents âmes. Il détestait cette ville à l'époque où il l'avait quittée. L'hypocrisie. L'étroitesse d'esprit. Les commérages, notamment à son encontre. En voyant Butternut disparaître dans son rétroviseur, dix-huit ans plus tôt, il avait éprouvé une sombre satisfaction. « Là ! Bien fait pour vous ! Bande d'imbéciles ! Pour rien au monde je ne reviendrai. »
Toutefois, apparemment, il était l'arroseur arrosé. Car, à en juger par les devantures pleines de charme et les trottoirs impeccables de la rue principale, Butternut avait sérieusement évolué en son absence.
Elle jugeait plus honnête de vous préparer au pire. Un homme averti en vaut deux, comme on dit. Cette fois, elle a décidé de lancer un ultimatum à Reid. Elle doit être en train de lui expliquer que si cette nouvelle tentative échoue, nous serons obligés de le renvoyer au centre de rééducation. Ce n’est pas ce que nous souhaitons, bien entendu. Mais nous avons deux enfants, dont un bébé, et gérons chacun notre propre entreprise. Même les bons jours, nous frisons la crise de nerfs.
On ne peut pas regretter quelqu'un dont on ne se souvient plus.
Un petit conseil d'adieu. Ne te remarie jamais. Ne songe même pas à devenir père. Tu es beaucoup trop égocentrique. Quand tu m'as demandé ma main, tu espérais avoir tout pour toi : la femme, le bébé, la maison. D'un claquement de doigts. Ça ne marche pas comme ça, Walker. Ce n'est pas une mixture pour pancakes à laquelle on rajoute un verre d'eau. C'est compliqué. Et difficile. Cela exige un certain engagement. De la discipline. De la persévérance
Caroline lui manquait tant qu'il en ressentait une douleur presque physique. Autrefois, il avait su la traiter, l'anesthésier. Aujourd'hui, il n'avait pas d'autre choix que de la subir. Il ne cherchait plus à s'en débarrasser. Il se levait, descendait jusqu'au ponton et patientait le temps que le mal s'estompe. Car en général, avec les premières lueurs de l'aube venait une minuscule lueur d'espoir.
Elle essaya de se persuader que c'était le mauvais temps qui la perturbait mais, au fond, ce n'était pas uniquement cela. Quelque chose d'autre la tracassait. Quelque chose d'impalpable s'infiltrait dans sa conscience. Elle devait à tout prix se ressaisir. Car, si elle avait eu peur de l'orage, elle craignait encore plus ses... sentiments.
Il n'avait jamais envisagé de quitter Butternut. Pas forcément parce qu'il tenait à tout prix à y rester mais parce qu'il ne se projetait pas souvent dans le futur. Pas plus que dans le passé, d'ailleurs. Il lui semblait plus sage, plus sécurisant, de vivre le présent. Réparer ses moteurs. Jouer au billard. Aller à la plage...
Ils avaient vécu comme deux étrangers. En pire. Entre étrangers, ils auraient fini par se découvrir. Or, leur relation n'avait fait que régresser. De deux êtres qui se connaissaient, ils étaient devenus deux étrangers mariés. Deux étrangers qui envisageaient d'élever un enfant ensemble.