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Critiques de Maryam Madjidi (220)
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Pour que je m'aime encore

Ce qui frappe dès les premières pages, ce sont la spontanéité, la drôlerie et l'énergie avec laquelle Maryam Madjidi raconte son adolescence à Drancy et ses déboires corporels liés à sa tignasse ingérable, son monosourcil « barre de shit », sa pilosité envahissante, caractéristiques héritées de ses origines iraniennes. C'est rare de voir décrit le temps flottant de l'adolescence avec autant de justesse, d'autant plus qu'il y a peu de récit qui s'empare du féminin en banlieue.



On rit beaucoup, mais derrière la cocasserie des anecdotes, émergent la profondeur et la subtilité à dire l'horreur ordinaire du déterminisme social vécu à hauteur d'enfant, notamment avec l'épisode, terrible, de la classe de neige où la jeune Maryam débarque sans avoir la tenue adéquate.



« Ils avaient un look d'enfer, prêts à défier les sommets et les pentes. Moi, j'avais l'air de quoi ? J'étais habillée comme pour aller chaque vendredi matin au collège Henri-Rouanet en cours d'EPS. Tous les élèves étaient regroupés devant le car qui devait nous mener sur les pistes. Tous me regardaient. Ils étaient sincèrement surpris et ce qui mettait un frein à la raillerie habituelle, c'était la pitié qu'ils ressentaient à me voir plantée comme ça : mes baskets Atemi à moitié enfoncées dans la neige qui me mouillait déjà les chaussettes, ma doudoune pas assez chaude pour les montagnes en altitude, mon bas de survêt' qui à la première chute serait totalement trempé. Cette simple tenue trahissait toutes les vérités que je cherchais à dissimuler. Elle me mettait à nu devant le regard de cette assemblée d'élèves et de profs. A cet instant, je n'étais plus habillée, j'étais à poil devant eux. J'ai presque eu envie de mettre les mains sur mon pubis et mes seins. C'était obscène. Plus que ma pauvreté, elle dévoilait mon ignorance. Elle montrait que non seulement j'étais pauvre mais qu'en plus je n'étais jamais allée à la neige de ma vie, que je ne savais même pas qu'il fallait une tenue spécifique. »



Maryam veut être comme les autres, elle ne veut plus de cette différence qui « dégage sa sale odeur », en permanence. Elle refuse ses origines, la culture de ses parents, sa pauvreté, sa banlieue. Elle ne rêve que de passer le périph'. Elle veut s'approprier son destin, s'ancrer dans la culture occidentale. Et pour prendre l'ascenseur social, elle fait le choix de l'école républicaine. Et c'est là que ça fait mal. L'auteure dénonce avec beaucoup d'énergie et de colère les failles du système scolaire français : dans les ZEP ( « zone à éducation pourrie » ) où se déploie une galerie effarante de professeurs dépassés ( « les guerriers vaincus » et les « guerriers fous » ) au point que je me suis posée la question de l'exagération romanesque tellement j'ai trouvé la charge violente, tout en sachant pertinemment que cela existe, malheureusement.



Et puis, il y a les pages glaçantes des trois semaines d'hypokhâgne à Fénelon, avant de capituler face à l'impossibilité de rattraper dix ans de scolarité en banlieue, sidérée de se voir éjectée du « gâteau de l'élite » alors qu'elle pensait y avoir droit au nom de l'égalité des chances et de ses excellents résultats précédents. Une rupture qui a engendré une conscientisation politique forte et un vrai déchirement identitaire pour celle qui a réussi au final à surmonter les adversités extérieures et intérieures, ses différentes identités réconciliées, apaisées, sans honte ni complexe. Oui, rien ne doit empêcher qui que ce soit de rêver à un envol en dehors de la place qui lui a été assignée à sa naissance.



Un récit authentique, clairvoyant sans superficialité, parfaitement équilibré entre colère et mélancolie, humour et gravité, qui touche et fait réfléchir.



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Marx et la poupée

Une petite fille de six ans vient s'installer en France avec son père et sa mère, après la révolution d'Iran. Une histoire déjà vue, oui. Mais pas comme ça.

L'on fait connaissance avec Maryam dans le ventre de sa mère, et aussitôt les bribes de vie s'égrènent, comme autant de perles fissurées par la souffrance de l'exil, et embellies par une touche de poésie.

Un récit où les contes côtoient les histoires du réel, où la langue maternelle peut devenir personnage, les mots et les rêves des objets. Pour un résultat qui est souvent le même, l'émotion est à fleur de peau. 



« Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. de belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n'ont pas pu l'être. »



Maryam Madjidi laisse éclater ses talents de conteuse dans ce sublime livre de l'exil. J'ai adoré.

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Marx et la poupée

Une belle réussite que ce premier roman, qui oscille entre souvenirs personnels, nostalgie des racines, difficulté à porter une double culture, volonté d'intégration et questionnement identitaire. Marx et la poupée de Maryam Madjidi m'a fait passer un bon moment de lecture. Je me suis laissé séduire facilement par la poésie de l'auteur, l'émotion qui émane de ses lettres persanes et finalement, la part de magie orientale qu'elle restitue dans son texte.
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Marx et la poupée

Voici un récit original, sensible, autobiographique, où j'ai tout aimé, de l'arrivée de la petite fille de six ans en France, à le"Il était une fois" de la troisième partie de l'ouvrage, dans l'apaisement et la réconciliation ..

Roman , récit, Poésie, journal, l'auteur, une conteuse née, les "il était une fois"en témoignent nous parle des douleurs refoulées de l'EXIL.





La construction ni linéaire, ni chronologique ne gêne pas le lecteur, au contraire, cela ajoute de la légéreté et de l'authenticité .

Dans le ventre de sa mère, Maryam vit de front les troubles de la Révolution Iranienne ..





Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère, son père en exil à Paris .-Ses parents étaient militants communistes convaincus en Iran -La vie les épuisera !

Elle nous conte avec tendresse et humour, émotion contenue les premières années en France, où tout est rejet, désarroi, incompréhension, souffrance, douleur, solitude, effacement de sa langue, éloignement de sa famille, amour de sa grand- mère, aimante et attentive, qu'elle n'entend qu'au téléphone , inconsolable chagrin de la perte, sensation d'être de nulle part , visions d'ailleurs entre hallucinations et cauchemars.

Face à l'abandon d'identité, d'histoire, d'ancêtres, en France ne reste que le parcours du combattant au quotidien , aprés une enfance heureuse, brisée par un exil forcé!





Ses souvenirs jaillissent pêle -mêle - graves ou anecdotes légères;

Elle détaille en toute sincérité, honnêteté , la difficulté de l'intégration.

Elle vit comme du racisme la question de ses origines.

"Je ne suis pas un arbre, je n'ai pas de racines "..

Comment être Persane et Française ?

Un texte bouleversant , saisissant , à l'écriture délicieuse qui touche au coeur, que l'on va garder longtemps en soi, frais et infiniment poétique, tantôt percutant et vif , tantôt lyrique !

Un récit qui parle d'identité avec sincérité et pudeur , maîtrise, exacerbée, par les réalités du quotidien , de la double appartenance ; J'ai aimé les personnages, qui chacun à leur façon, m'ont bouleversée, le traitement subtil de la langue perdue, de la langue conquise, de la fidélité à soi - même et aux siens , notamment les hommes de sa famille à Téhéran, victimes de la répression, broyés, emprisonnés , les femmes iraniennes qui résistent et ce chauffeur qui récite des poèmes !! Un livre hommage à ses parents, pétri de lignes sensibles et libres , du désir d'avancer !

Un roman qui fait réfléchir en pointant l'angoisse de l'exilé,la complexité des sentiments, l'enfermement dans des préjugés simplistes et l'ignorance!



Un ouvrage enchanteur comme les poèmes d'Omar-Khayyam ou un conte des mille et une nuits .....

Lu dans le cadre du prix historique Jeand'heurs , spécifique à mon département .

À lire et à relire !

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Marx et la poupée

Marx et la poupée. Drôle de titre... qui évoque en deux mots clés, l'odyssée d'une famille iranienne, celle de Maryam Madjidi, fuyant le régime des ayatollahs et la féroce répression qui va s'abattre, à partir de 1980, sur les opposants, notamment les étudiants et les militants communistes, comme les parents de Maryam.

Rien que nous ne connaissions pas déjà sur tout ce qui touche à la torture, à l'emprisonnement arbitraire ou à la "police des moeurs" chargée de remettre dans le droit chemin de la charia celles et ceux qui la transgresse.

Ce qui m'a intéressée et touchée dans ce récit autobiographique, c'est plutôt la voix de la petite Maryam, arrachée à six ans à son univers. L'auteur nous fait partager dans une langue chargée d'émotion, tous les traumatismes qu'elle va devoir affronter depuis son départ d'Iran. Et ils sont nombreux : depuis la perte de ses jouets, en passant par la rupture du lien affectif très fort qui la reliait à sa grand-mère, c'est tout son monde de l'enfance qui s'écroule. Plus de maison, plus de famille, plus de repères autres que ceux qu'elle va découvrir dans ce nouveau pays qu'est la France et qui se réduisent à un studio de 15 mètres carrés à Paris, où elle va vivre avec ses deux parents aussi traumatisés qu'elle...

Elle évoque avec une force qui ne peut manquer de toucher celle ou celui qui lit son roman,le sentiment d'abandon absolu qu'elle va ressentir et sa détresse face à ses deux parents qui ne veulent pas voir ses dessins torturés d'enfant et restent sourds aux cauchemars qui la réveillent toutes les nuits. Reproches sous-jacents ? Sans doute... Mais surtout passages très émouvants évoquant la détresse d'une enfant perdue dans la douleur de l'exil.

Sa seule défense va être un repli sur elle-même qui va se traduire par un refus d'apprendre la langue française au grand désespoir de son entourage, un refus de la nourriture française et une phobie de la cantine scolaire où l'on essaie par tous les moyens de la forcer à s'alimenter. Fuir dans un monde imaginaire sera apparemment ce qui va la sauver. C'est du moins ainsi qu'elle nous présente son retour à la vie. D'où ses dialogues imaginaires avec sa grand-mère qui ponctuent le récit et surviennent toujours à un moment où elle est au bord du gouffre...

C'est d'ailleurs le deuxième point fort du roman que cette ouverture sur l'imaginaire. Maryam Madjidi alterne avec bonheur les épisodes de narration sous forme de carnets de bord et les passages qui relèvent du conte, de la parabole ou du poème. Un beau relais lorsqu'elle évoque des points trop douloureux comme par exemple, l'affrontement avec son père au sujet de l'apprentissage du français, puis de sa langue maternelle, le persan.

J'ai donc beaucoup aimé le regard de l'auteure sur l'exil vu par ses yeux de petite fille, puis d'adolescente et enfin de jeune femme. Parcours semé d'embuches mais qui a fait d'elle une femme engagée, ouverte aux autres et avide de découvertes et de nouveaux espaces.

Mes seules réserves sont au niveau du style. J'ai eu parfois l'impression que sa plume courait plus vite que ses idées et qu'elle se laissait aller à certaines facilités d'écriture... Mais c'est un premier roman et à ce titre il mérite indulgence et encouragements.

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Marx et la poupée

En général, les romans qui tournent autour de l’exil m’attirent et avec celui-ci, je n’ai pas été déçue, bien au contraire.



On fait la connaissance de Maryam, in utero, alors que sa mère participe à une manifestation politique, et la manière dont cette est écrite est très belle, touche le lecteur, l’appâte même…



On va la suivre ainsi à plusieurs âges de la vie, notamment à six ans, lorsqu’il faut partir, car ses parents sont communistes (ils n’avaient pas rêver cette révolution-là !) et un premier traumatisme : elle doit distribuer tous ses jouets aux enfants du quartier, au nom de la non-propriété, ce qu’elle trouve très injuste ; elle envisage même de les enterrer sous un arbre dans le jardin, où ses parents ont mis tous leurs livres à l’abri en espérant les récupérer un jour…



Maryam raconte la révolution iranienne, la mise au pas par les autorités religieuses, les arrestations, les tortures, les droits qui partent en fumée, ses parents qui sont obligés de fuir alors que son oncle Saman est jeté en prison où il restera pendant huit années…



A noter un extrait très fort, où Saman lui raconte qu’il a partagé sa cellule avec un journaliste célèbre dans les milieux intellectuels lequel regardait un dessin animé pour enfant tous les jours assidûment car c’est sa femme qui faisait le doublage, seule manière de résister à l’incarcération.



Elle parle bien de sa première journée d’école en France, alors qu’elle ne parle pas le français et se sent différente voire exclue. Les senteurs, la cuisine de son pays natal lui manquent, la famille restée sur place aussi, notamment sa grand-mère qui l’accompagnera dans l’imaginaire tout au long de son enfance, puis son adolescence.



L’exil, la perte de la langue, de la culture sont une souffrance du quotidien, car pour bien apprendre le français, elle renonce à apprendre le persan, pour s’opposer aussi à son père, qui désire ne pas se couper de ses racines :



» Je suis pas un arbre, j’ai pas de racines. C’est votre langue, plus la mienne. »P143



J’ai beaucoup aimé la manière dont elle a conçu son récit, alternant les périodes de sa vie, on passe de l’enfance à l’âge adulte, pour revenir à l’enfance, on alterne aussi les lieux, tantôt en Iran, tantôt en France, mais on fait aussi des détours par la Chine et la Turquie notamment.



La perte d’un pays est une douleur, un écartèlement entre deux cultures, mais comment choisir sans se trahir ou trahir les autres, au nom d’une intégration réussie ?



A noter un très beau chapitre sur la langue perdue qui s’éteint peu à peu et finit par disparaître et mourir si on ne la parle plus, cette langue que la petite fille va enfouir au fond d’elle -même:



La langue perdait de sa vitalité et de sa force. Elle devenait de plus en plus fragile. Elle avait en elle la faiblesse des personnes malades qui doivent trouver un refuge pour se protéger du reste du monde. Chaque jour, elle reculait devant la puissance d’une rivale, une autre langue, celle-ci était la langue officielle de ce nouveau pays. » P 137



Qui dit exil sous-entend tentation du retour, parfois idéalisation du pays qu’on a perdu…



On rencontre au passage des poètes iraniens, notamment mon préféré Omar Khayyâm, qui sera le sujet de son mémoire et dont elle nous livre des extraits.



J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, la poésie de l’écriture, les phrases parfois courtes, percutantes, et celles dont les mots s’étirent, s’enroulent dans la fluidité et la douceur; les talents de conteuse de Maryam Madjidi sont immenses et son Goncourt du premier roman bien mérité.
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Marx et la poupée

Oh le beau coup de coeur ! Ce premier roman m'a enthousiasmée du début à la fin. Je suis passée du sourire aux larmes avec un même bonheur, soufflée par la beauté de ce texte à la fois fort et tendre, poétique et politique. L'auteure aborde le thème de l'exil et de l'identité avec une finesse qui rend son propos terriblement efficace et percutant. Mais c'est l'émotion que l'on retient. Celle qui nous étreint à chaque fois que se dressent les images qui traduisent le vécu et les sentiments de l'auteure.



"Ma mère porte la vie, mais la Mort danse autour d'elle en ricanant, le dos courbé...". Maryam est dans le ventre de sa mère aux premières heures de la révolution iranienne qui marquera son enfance au sein d'une famille d'opposants portés par la doctrine communiste. Position intenable qui aboutira à l'exil, l'installation en France d'abord du père puis de la famille entière, l'apprentissage d'une nouvelle langue, d'une nouvelle culture, d'un nouvel environnement. Une deuxième naissance en quelque sorte. Née deux fois, à deux endroits différents, Maryam porte en elle deux cultures qui s'affrontent et qu'elle utilise selon les moments et les services qu'elles peuvent lui rendre. Il lui faudra bien une troisième naissance pour parvenir à réconcilier les deux, par la grâce de l'écriture.



Il y a des pages magnifiques sur ses parents, la relation avec sa mère. Des mots somptueux pour tenter de décrire ce lien indestructible qui l'attache à ses ancêtres et à sa culture par l'intermédiaire de celle qui lui a donné la vie. Il y a des moments de grâce, une plongée dans la poésie persane qui irrigue la culture iranienne, de l'ironie face aux fantasmes suscités par ses origines. Il y a cette façon d'appréhender le monde propre à ceux qui ne sont plus chez eux nulle part mais trouvent partout de quoi construire et enrichir une vie.



Et puis, il y a ce moment sublime, ce dialogue entre les deux langues, le français et le farsi, l'une oubliée et délaissée l'autre investie par nécessité mais devenue LA langue principale et qui symbolisent si bien l'affrontement permanent, le tiraillement entre les deux cultures.



C'est un livre précieux que nous offre Maryam Madjidi, encore magnifié par le très beau travail d'édition et de direction artistique du Nouvel Attila. Un livre magnifique, touchant, puissant et sensible. A découvrir toutes affaires cessantes.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Marx et la poupée

J'ai adoré ce livre ! Mélange de témoignages, de roman, de journal intime, empli de poésie... Il faut avoir vécu l'exil pour comprendre toute l'ambivalence des sentiments qui sont à l'oeuvre dans cette volonté "d'assimilation", de se sentir enfin à sa place dans un pays, une ville, un lieu, une communauté... Mais rien n'est plus difficile. Entre les souvenirs qui vous assaillent, la rancoeur parfois, de ne pas avoir une vie à la hauteur de ce que l'on s'était imaginée, la honte de ses racines et j'en passe.



Maryam Madjidi arrive à 6 ans en France. Si jeune et pourtant. Les souvenirs de sa vie d'avant en Iran, sont bien présents et bien là ! On a ses yeux de petite fille et on assiste aux angoisses, aux tentatives désespérées des adultes pour lutter contre ce régime religieux qui les briment et les tuent jusqu'à la fuite de ce pays qu'ils ne reconnaissent plus...



"Une nuit, elle en est sûre, elle a vu sa mère dans le jardin, au pied de l'arbre, enterrer ses rêves, un par un, à côté de ses jouets à elle".



Si ce n'est que Maryam, elle, ne voulait pas partir. Du haut de ses 6 ans, que comprendre à ce monde d'adultes ? Elle ne voit que ses jouets qui s'égrainent ailleurs, que les câlins de Maman Massoumeh qui ne la berceront plus :



"Je voudrais que tu nous prennes en otage dans cette maison pour toujours, que tu ne nous laisses plus repartir. Donne-nous encore des plats délicieux, du thé, de la chaleur, des friandises. Prends soin de ma première maison. Enveloppe-nous, fais taire les cris du monde, parle-nous encore."



Il y a de belles réflexions sur la langue natale : celle du passé, du monde honnis qu'on rejette enfant, et sur cette reconquête des mots, une fois adulte, quand le temps a fait son travail de résilience, de mémoire retrouvée et enfin désirée...



"Tu t'acharnais à maintenir un lien entre ton pays et ta fille. Corde rongée par l'exil, ne tenant plus qu'à un fil. Et ce fil était la langue. Mais cette langue, je ne l'aimais plus car elle me faisait souffrir. (...) Tu réalisais peu à peu que ce nouveau pays transformerait ta fille, tu avais peur qu'elle devienne une étrangère ou plutôt de devenir un étranger pour elle, qu'elle n'ait plus rien en elle d'iranien."



Un livre poignant, sans être larmoyant au contraire. C'est une ode au courage et à la résistance. L'exil n'est pas forcément un échec. C'est aussi une deuxième chance et l'opportunité de continuer la lutte, d'une manière ou d'une autre... La littérature en est une !
Lien : http://page39.eklablog.com/m..
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Marx et la poupée

On dirait un roman...

Se suivent des anecdotes, des souvenirs, des réflexions,

des petits contes, des poésies, des pensées...

comme des prélèvements faits dans des carnets intimes.



De belles choses écrites.



Et tout cela fait une histoire :

Une petite fille en exil... avec ce qui reste là-bas, les difficultés ici, les découvertes à venir.

Une petite fille et le langage... celui qu'elle ne comprend pas, celui qu'elle refuse de parler, celui qu'elle apprivoise, et cette langue maternelle oubliée qu'elle réapprendra.



"Alors il se passa quelque chose d'étrange : elle avala sa langue. Elle ferma les yeux et elle engloutit sa langue maternelle qui glissa au fond de son ventre, bien à l'abri, au fond d'elle, comme dans le coin le plus reculé d'une grotte." p.152



Plus grande, ce n'est pas plus facile... elle n'est plus de là-bas

Ce n'est pas plus facile... elle n'est pas d'ici et ça se voit.



Pas toujours de belles choses dites.



"- Tu sais ce que ça fait d'être nulle part chez soi ? En France, on me dit que je suis iranienne. En Iran, on me dit que je suis française. Tu la veux ma double culture ? Je te la donne, va vivre avec et tu viendras me dire si c'est une "belle richesse" ou pas." p 170



Un joli livre que je crains ne pas retenir parce que l'histoire n'est pas académiquement racontée... alors je vais le garder pour le relire en piochant comme on pioche dans un recueil de poésie.

Et pour cela, je peux dire sincèrement merci à Babelio et sa Masse Critique, ainsi qu'à l'équipe des éditions "J'ai lu" qui m'ont fait parvenir ce livre.
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Marx et la poupée

La politique occupe une place importante dans la vie de Maryam Madjidi.

Née de parents communistes, dès sa petite enfance, elle a appris à partager et à donner ses jouets aux gamins démunis du quartier. Pas facile pour une petite fille de se séparer de sa poupée.



Puis la famille doit se résoudre à l’exil. A leur arrivée à Paris, Maryam refuse d’abord de parler le français qu’elle maîtrise pourtant rapidement, puis se décide finalement à faire l’extrême inverse, adoptant cette nouvelle langue jusqu’à faire une croix complète sur le persan. A son père, dépité, qui lui dit que ce sont ces racines auxquelles elle tourne le dos, elle répond : « Je ne suis pas un arbre, je n’ai pas de racines ».

J’ai beaucoup aimé ce roman, l’auteure y montre une grande sensililité qui ne peut que toucher le lecteur. J’ai souvent pensé au cours de cette lecture à « Persépolis » le roman graphique de Marjane Satrapi, comme si les deux textes s’unissaient pour raconter une seule et même histoire.

Les chapitres se succèdent, et on se retrouve ballotté dans le temps. Les trajectoires individuelles rassemblées mettent en perspective la terrible absurdité du parcours de ces réfugiés. Le couple a laissé derrière lui son passé d’opposants politiques et mène en exil une fantomatique existence.

On ne peut s’empêcher de ressentir une immense tendresse pour les membres de cette famille, notamment pour la grand-mère souvent convoquée dans les souvenirs de la narratrice. Toutefois avec réalisme sont aussi évoqués les relations conflictuelles ainsi que les traumatismes des souvenirs iraniens.

Maryam Madjidi réussi grâce à une écriture sensible, pleine de poésie, avec aussi une pointe d’humour à raconter l’exil, la tristesse du déracinement mais aussi la reconstruction et la réconciliation avec soi-même.

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Marx et la poupée

Née en 1980 à Téhéran, Maryam Madjidi quitte l’Iran à l’âge de six ans pour vivre à Paris. C’est d’abord l’histoire de cette famille obligée de fuir son pays, puis de sa difficile intégration en France dont il est question ici.



Née deux fois, si l’on peut dire, dans deux endroits différents aux identités politiques largement opposées, aux cultures et langues différentes, Maryam se sent en équilibre instable entre deux mondes qu’elle aime et rejette en même temps. Seule la voix de sa grand-mère lui permet dans ses moments de trouble de trouver le bon chemin.

C’est avec beaucoup de poésie, de magie aussi, que Maryam Madjidi nous conte les blessures de l’exil, de la perte d’identité et des racines. Mais cette double culture, acquise parfois avec colère et ressentiment, va lui permettre de franchir bien des étapes et parfois d’en jouer pour arriver à ses fins. Elle a appris à observer, à se taire, à enterrer les mots avant de d’apprendre à parler le français et réapprendre le persan.

Maryam Madjidi possède le don indéniable de conteur et nous entraine, tout à tour, avec beaucoup d’humour, de conviction et d’authenticité mais aussi un regard acéré sur ce long chemin de la reconstruction. La douleur n’est pas exclue de ce récit, et pour la dompter l’auteure utilise une formule impersonnelle et non plus le je.

Un beau roman (roman ?) à lire pour définir le terme « double culture » et tout ce qu’il sous-entend de réalités.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Marx et la poupée



Sacré Goncourt du Premier Roman en 2017 et récompensé notamment du Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs la même année, Marx et la poupée de Maryam Madjidi a eu un tel succès qu'il a été traduit en douze langues.

On y lit des mots très forts, ceux écrits par Maryam qui, n'ayant pas la patience d'attendre d'être sortie du ventre de sa ventre pour s'exprimer, nous parle sans discontinuer des premières heures de la révolution iranienne.



Puis de son départ précipité de Téhéran à l'âge de six ans, de son exil à Paris avec sa mère pour rejoindre son père. De son enfance dans ce pays totalement étranger au sien, de cette langue si différente de la sienne qui restera pendant longtemps un mur auquel ses mots se heurteront violemment. Et enfin, de son retour au pays natal, des retrouvailles avec sa famille, de sa rencontre avec cet homme dont la peau abîmée lui fait penser à l'Iran.

J'ai été tellement émue par le récit de cette petite fille irrésistiblement attachante, sa drôlerie, sa sensibilité à capter les bizarreries de ce nouveau monde qui l'entoure, que je m'y suis attachée avec force, ai été prise de l'envie de la suivre partout dans ses aventures, dans la poursuite de sa vie. J'ai été bouleversée par ce sublime hommage au langage que nous offre Maryam Madjidi ..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Marx et la poupée

Un témoignage. 3 naissances et quelques deuils. Ses premières années dans le terrible Iran des Mollah. Pour ses 6 ans, l'exil en France. Le choc des cultures. L'incompréhension d'une petite fille dans un univers qui n'est plus le sien. Le chemin vers l'acceptation de sa nouvelle culture d'adoption. Le rejet perfide de sa culture originelle. L'assimilation. Son adolescence et son accession à l'âge adulte se traduisent finalement par un désir de retour ardent à renouer avec ses origines. Elle est alors sereine et en phase avec sa double culture. L'auteur réussit à nous transmettre avec tendresse et humour ses souvenirs d'enfance. Le choix de rapporter ses émotions enfantines sous forme de fables est judicieux et savoureux. À lire.
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Pour que je m'aime encore

Après un premier récit que j'avais franchement apprécié, tant en termes de fond que de forme, je suis moins séduite, formellement parlant, par ce deuxième récit, toujours entre autobiographie et fiction, qui raconte cette fois Maryam adolescente à Drancy, alors qu'elle a bien du mal à trouver sa place dans la France de la banlieue parisienne des années 1990.



Forcément, lorsque l'on est née en Iran, et qu'il faut absolument coller aux codes physiques et culturels occidentaux, sous peine d'être mal acceptée, l'adolescence est parfois difficile. Qui plus est encore plus difficile lorsque, financièrement, l'on ne peut pas porter les vêtements dernier cri qui permettent d'obtenir un jugement positif de ses pairs, ou accéder aux établissements plus privilégiés pour connaître une première scolarité mieux considérée. Les déterminismes raciaux et sociaux fonctionnent à plein régime, plus encore lorsque Maryam tâtera de l'"élite" en accédant après le lycée à l'hypokhâgne de Fénelon - elle fera partie du quota de banlieue pouvant y accéder, et la découverte de cet entresoi sera finalement, bien plus rude encore.



Récit d'apprentissage, qui raconte la scolarité, les initiations culturelles, amoureuses, sexuelles... Pour que je m'aime encore nous conte ainsi une adolescence sans fard, mais n'oublie pas dans le même temps d'analyser ainsi à rebours la société dans laquelle cette adolescence a eu lieu, à une époque où l'on pensait toujours, candidement, qu'il existait vraiment un ascenseur social, et que l'école jouait vraiment un rôle dans l'égalité des chances. Et c'est cette approche, qui me parle forcément, puisque je côtoie tous les jours les réalités de l'Education Nationale, que j'ai trouvée vraiment intéressante et passionnante à lire - à défaut de lire quelque chose de formellement très original.
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Marx et la poupée

« Je ne suis pas un arbre, je n’ai pas de racines. »



Magnifique autobiographie dans laquelle Maryam Madjidi, née en Iran, raconte son enfance entre des parents militants qui organisent des réunions clandestines, une grand-mère refusant que sa première petite-fille serve à transporter des documents secrets dans ses couches et deux oncles en prison.

Elle se souvient. Des images, comme des bulles, éclatent ou s’envolent.



Elle se souvient qu’elle doit donner ses jouets avant de partir en France : posséder est une vilaine chose lui disent ses parents. La petite fille pleure : ses jouets, elle veut les garder !

Avant de quitter ce pays sans avenir, les parents aussi enterreront leur bien : des livres. Marx, Engels, Lénine, Makarenko dans un trou.



Elle se souvient.

Son oncle Saman, dix-neuf ans, est en prison, il y restera huit ans. C’est ce qui arrive aux gens qui s’opposent au pouvoir.



Elle se souvient.

Abbâs vient aux réunions, il est jeune, il croit qu’un changement est possible. Ils l’ont arrêté en pleine nuit. Il n’a même pas eu le temps d’enfiler ses chaussures. Il ne reste de lui qu’une sandale. Une pauvre sandale en plastique.



Elle se souvient encore.

Les « Fatmeh Commando », police des bonnes mœurs, enlèvent les femmes mal voilées ou insuffisamment habillées à leur goût, comme ça, dans la rue. Elles les embarquent brutalement. Après leur passage, la rue est vide.



Alors, il faut partir.



Partir, c’est se retrouver en pays inconnu, entendre des mots inconnus, sentir des odeurs inconnues. Être étranger, être d’ailleurs. Et petit à petit, alors qu’on s’habitue au nouveau pays, on devient de nulle part. On n’appartient plus au pays d’origine dont on oublie doucement la langue et l’on n’est toujours pas du pays où l’on vit. D’où venez-vous ? D’Iran. Ah, comme ça doit être beau, là bas, j’aimerais moi aussi avoir une double culture, quelle richesse ! Maryam reste muette : être d’ici et d’ailleurs, c’est être de nulle part, coupée en deux, arrachée et non vraiment replantée, étrangère partout. Perdre son identité.



Paris : 15m². La mère attend. La petite fille voit la mère qui attend.

« J’aurais aimé ramasser les lambeaux de tes rêves, les sauver, les enfiler comme des perles dans ma guirlande de mots à moi, et l’accrocher au sommet d’un arbre pour que ça bouge et vive encore.

Te réveiller. Te ressusciter. Noircir tes traits, mettre du rouge sur tes joues, sur tes lèvres, t’injecter de la vie pour que tu chantes, tu ries, tu cries mais rien à faire, tu te diluais silencieusement dans une eau imaginaire. »



Et puis, l’école, les autres : la petite fille ne joue pas. Elle n’a pas les mots pour cela. Elle est seule.

L’autre, la langue maternelle, est là, tapie au fond de la petite fille. Elle attend. Elle sait que la petite fille ne l’a pas oubliée. Elle viendra la rechercher mais pas tout de suite, plus tard.



Bien sûr, être d’ailleurs a des avantages : avec humour, Maryam raconte comment elle s’amuse et joue auprès des hommes de son charme oriental : « Je lui fais mes regards langoureux, je deviens aussi sensuelle que possible, je suis une toile de Delacroix. Je passe la main dans mes cheveux. Je renverse ma tête, dévoilant la chair souple et fraîche de mon cou. Si je pouvais je demanderais au serveur quelques coussins, voilages et riches tentures. »

Si ça ne marche pas, on passe au plan B : Maryam récite des vers d’Omar Khayyâm en persan : « En veux-tu, en voilà ! »

Elle joue à « l’exilée romanesque » et ça marche souvent !



Mais dans ce livre, Maryam ne joue plus : elle se met à nu et raconte son histoire, l’histoire d’une femme libre et libérée : « Je vous le donne, ce masque, prenez-le, je le dépose dans vos mains. »



Un très beau texte, sensible et original, mêlant prose des souvenirs, contes et poésies, multiples formes d’expression pour dire l’arrachement, la violence du départ, la coupure de l’exil, la difficulté de renaître ailleurs, dans un pays qui n’est pas le sien mais qui finira par être un lieu à soi, un lieu où être soi, enfin !



Superbe !


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Marx et la poupée

Marx et la poupée, c'est une enfance pas comme les autres, celle de Maryam, née en Iran dans les troubles de la révolution iranienne et de la répression puis exilée à Paris à 6 ans avec ses parents. C'est le traumatisme de voir ses parents et leurs proches risquer leur vie pour leur combat politique, être emprisonnés, battus, torturés ou tués pour certains. C'est le choc de l'exil, tout abandonner (y compris ses jouets et sa poupée donnés aux enfants pauvres sur injonction de ses parents communistes voulant abolir toute notion de propriété privée), débarquer dans un pays inconnu, dont on ne parle pas la langue, dont on ne sait rien, rejeter ses racines ou au contraire s'y accrocher.



Marx et la poupée c'est un tout petit livre de par le nombre de pages mais un grand roman par l'émotion et la justesse qu'il dégage. Pas un mot de trop dans les courts chapitres, tantôt récit autobiographique, tantôt poésie, tantôt fable illustrant l'exil ou la répression. L'auteur entremêle les époques et les styles, les souvenirs d'enfance et ses voyages en Iran ou ailleurs une fois adulte, des passages très réalistes et d'autres complètement oniriques, des considérations philosophiques sur les racines, l'appartenance à une culture ou à une autre, et le tout forme un livre harmonieux qui se dévore et qu'on ne lâche pas. Je m'attendais à un récit beaucoup plus léger en mode "souvenirs d'enfance" mais j'ai en fait été frappée par la dureté de ce livre, certains passages sont juste poignants, la répression sanglante contre ces jeunes idéalistes qui se battent pour un combat déjà perdu (et dire que tout recommence des années plus tard quand le père de Maryam retourne à Téhéran et observe, spectateur muet, la répression s'abattre à nouveau sur une autre génération de manifestants), le désarroi d'une toute petite fille seule dans une école qu'elle ne connaît pas et sans aucun moyen de s'exprimer dans une langue inconnue.



Tout sonne juste dans ce roman qui est aussi une très belle oeuvre littéraire chargée de poésie et traitée par moments sur le mode du conte introduit par le "il était une fois". Des réflexions intéressantes sur la culture et les origines, une belle découverte de l'Iran qui démonte également les clichés propres à ce pays et surtout un récit autobiographique plein de sincérité et de vie. A découvrir ! Quant à moi, j'ai hâte de lire le second roman de l'auteur qui nous fait partager cette fois son adolescence dans Pour que je m'aime encore.
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Marx et la poupée

L’exil nous est conté ici simplement, sans colère - entre introspection et difficulté de se sentir libre d’afficher une double culture en France - et efficacement pour faire cogiter le lecteur sur ce mot « intégration », qui est devenu un mot à débats houleux.

Au delà de ça, c’est une histoire joliment écrite et construite.

Le genre de livre accessible à tous qui ne peut pas faire de mal.
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Marx et la poupée

Elle adorait sa poupée.

Il a pourtant fallu la donner aux enfants pauvres de son quartier, contrainte à la notion de partage par des parents communistes et par les préparatifs d'un exil inévitable.



La petite fille naît persane, dans une famille opposante au régime politique des imams après la révolution iranienne. Les premières années sont faites de peur, de clandestinité, de disparitions et emprisonnements dans l'entourage familial ou amical.

Le départ vers la France va s'imposer comme seule survie possible.

Un contexte qui n'est pas sans parallèle avec le très réussi Désorientale de Negar Djavadi.



Maryam Madjidi puise sans doute dans ses souvenirs personnels (sa famille ayant quitté l'Iran en 1986, elle avait six ans) pour mettre en mots les événements vécus à hauteur de fillette.



Le récit très visuel et factuel se décompose en trois séquences, avant et après l'émigration forcée. Dans la première partie, la société iranienne est très présente, son identité, ses mouvances politiques, les espoirs déçus de la révolution de 1979. Puis la période parisienne suit l'adaptation difficile d'une enfant et les étapes une à une réussies pour naître une seconde fois à une autre culture. Il faudra donc attendre l'adulte accomplie et apaisée pour accepter l'appartenance de faits et de coeur à deux pays.



Plus largement l'auteur nous interroge sur les richesses et les écueils d'une double culture, sur les méthodes pour accueillir les populations étrangères, les assimiler en les respectant dans leur identité propre. J'ai particulièrement aimé le contexte linguistique, entre oubli et apprentissage de deux langues, en conflit dans les ressentis de l'enfant.



Un livre très attachant, une écriture ciselée, aisée, fluide. Un savant mélange d'anecdotes, de poésie, de contes, d'humour et de nostalgie dans ce premier roman autobiographique très réussi, où transparaît l'attachement indéfectible aux racines familiales.

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Marx et la poupée

Parfois je ne comprends pas pourquoi tel livre a eu un prix. Là je ne me suis pas posé la question une seconde. L'écriture est légère et vive, poétique, fluide. On passe de l'Iran à la France, et retour, en passant par la Chine, on navigue dans le temps, entre les vivants et les absents, entre oubli et recherche. C'est fin et très beau.
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Marx et la poupée

Maryam Madjidi témoigne de son exil en France pour suivre ses parents, réfugiés politiques, fuir le pays qui l'a vue naître, l'Iran, mais où elle ne sera jamais une femme libre.

Un récit fort, poignant, dur, reflet d'un antagonisme culturel. L'histoire d'une nouvelle naissance, d'une acceptation, d'un pardon.

Un beau premier roman.
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