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Pourquoi ce livre ?
16 août 2011 par marylenn
Contact : marylene1744@gmail.com

De formation littéraire, j’ai suivi des études en documentation. J’habite en région parisienne, mais je passe depuis toujours les vacances dans la région de Nantes et de Guérande, dont je suis en partie originaire.

Vers treize ans, une lecture des Trois Mousquetaires m’amène à m’intéresser à l’Histoire. C’est vers la même période que grandit peu à peu une autre passion, celle de la culture bretonne. Les deux combinées me valent rapidement une passion pour l’Histoire de Bretagne.

A l’adolescence donc, en lisant tout ce que je pouvais trouver sur l’histoire bretonne, je m’étais aperçu de l’importance de cette période et des polémiques qui entouraient la duchesse Anne. Comme j’écrivais depuis longtemps des nouvelles et de courts romans, je me suis mis en tête d’écrire un roman autour de la duchesse, et surtout des circonstances ayant conduit à son mariage. Le premier jet fut achevé vers dix-huit ans, puis retravaillé depuis.

Je me suis bien sûr basée sur toute la documentation que j’ai pu rassembler, enrichie au fil des ans par de nouvelles trouvailles. Au nombre de mes sources figurent plusieurs biographies de la duchesse et des souverains contemporains, mais aussi grand nombre d’articles sur la vie au XVè siècle et les divers événements qui s’y sont produits.

Mais la période choisie, et surtout le personnage d’Anne de Bretagne, étant soumis à de nombreux avis divergents, j’ai fais en sorte de me forger ma propre opinion à partir de mes lectures et de ma logique. Les avis sur son compte sont souvent opposés, les réactions enflammées, allant de l’héroïne formidable que l’on acclame à la proscrite que l’on maudit en accusant de tous les maux. J’ai tâché d’adopter un point de vue plus mesuré, entre les deux, sans manichéisme, sans acharnement aveugle mais sans idolâtrie exagérée, soit le plus réaliste possible. Bien sûr cela reste ma vision personnelle du personnage, et je sais que tout le monde, loin s’en faut, ne la partagera sans doute pas. Cependant, les faits historiques rapportés ont bel et bien eu lieu, quelle que soit l’interprétation qu’on leur donne. L’Histoire et toujours subjective, chaque historien ou conteur a sa version des faits, et c’est la mienne que je vous propose dans cet ouvrage…
(http://crepusculedelhermine.wordpress.com/2011/08/16/pourquoi-ce-livre/)
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Ils se figèrent soudain. Arrivés à un carrefour, une dizaine de gardes avaient surgi d'une rue transversale et leur barrait le passage. Roméo et Mercutio échangèrent des regards sidérés. Ah non, pas si près du but ! Pas après avoir attendu toute une interminable journée ! C'était trop injuste !
- Rendez-vous, bandits ! Vous vous expliquerez avec messire le comte ! lança le capitaine de Benetolli, monté à cheval, tandis que ses hommes les encerclaient.
Sans se consulter, tacitement, les deux jeunes hommes tournèrent brusquement les talons et décampèrent. Ils foncèrent dans l'espace encore libre entre les gardes, les prenant de vitesse, et décampèrent par la rue d'où ils venaient. Des cris, des appels fusèrent derrière eux, les aiguillonnant de plus bel. Au hasard, Roméo obliquait dans telle ou telle rue, sans se soucier de la direction, seulement des cris qui les poursuivaient.
Très vite ils furent en nage, le cœur battant à tout rompre, la gorge sèche et le souffle court. Dans leur course désespérée, le bruit de leurs pas résonnait dans les ruelles peu à peu désertes, aussi fort que les battements saccadés qui cognaient dans leurs poitrines. [...]
Ils débouchèrent bientôt sur une petite place aussi déserte que les autres, garnie d'une fontaine de pierre en son milieu. De l'autre côté, on apercevait enfin le port au bout d'une longue ruelle aux échoppes fermées. L'obscurité gagnait de plus en plus, l'air se refroidissait nettement, mais on y voyait encore assez clair pour se diriger.
Et soudain, un bruit de sabot, et le capitaine des gardes fit irruption devant eux. Il mena son cheval droit sur les jeunes gens, un sourire triomphant aux lèvres.
- J'étais sûr que vous gagneriez le port, fit-il en descendant de sa monture, puis en dégainant son épée. J'ai laissé mes hommes vous courser, en me doutant bien que deux jeunes gens agiles comme vous n'auraient aucun mal à les semer... Il ne me restait plus qu'à vous prendre de vitesse, ajouta-t-il en flattant l'encolure de son cheval. Mes hommes ne vont pas tarder à me rejoindre. [...] A présent donnez-moi vos armes, vous deux, et plus vite que ça !
- Que non ! fit Roméo avec un bond en arrière, en dégainant sa propre épée. Vous n'aurez pas la prétention de porter la main sur le fils du comte Montaigu !
- ... et sur le neveu de votre prince !
- Enfants ! jeta le capitaine avec mépris. Vous vous croyez encore à Vérone ? Mais le prince et toute sa clique sont loin ! Ici, vous devrez répondre du cambriolage du palais du comte Rafaeli, et croyez-moi cela risque de mal se finir, neveu de prince ou pas ! Pour preuve, mon maître m’a demandé de vous ramener… morts ou vifs !
Roméo et Mercutio déglutirent à ces mots, sentant que leur sort serait des plus funestes en cas de défaite.
― Mercutio, dit Roméo en lui fourrant le papier entre les mains, prends le document et cours au port rejoindre Benvolio et les autres. Je te couvre.
― Mais…
― Cours ! Vous me délivrerez plus tard !
Sans lui laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit, Roméo se jeta sur le capitaine qui se préparait lui-même à les attaquer. Deux gamins ne lui faisaient pas peur, à lui, un homme d’arme plus qu’aguerri !
Les fers s’engagèrent, l’épée légère du jeune homme contre la lourde masse de celle du garde, impitoyable pour le jeune fou qui osait le défier. Mercutio passa le papier à sa ceinture puis courut vers la rue qui menait au port… avant de ralentir, s’arrêter.
Déjà, Roméo se retrouvait en fâcheuse posture. Face au garde, le jeune homme reculait sans cesse, accusant chaque coup, qu’il parait pourtant avec adresse. Mais le garde avait hâte d’en finir et abattait son arme de toutes ses forces, pressé de mettre la main sur le reste du trio avant qu’il ne s’échappe. Roméo, le front couvert de sueur, tentait de faire barrage, mais ses parades étaient de plus en plus maladroites, de plus en plus désespérées.
Alors Mercutio fit demi-tour, et revint se jeter dans la bataille.
Épée au clair, il bondit entre son ami et le capitaine des gardes, parant de sa propre épée le coup qui s’abattait. Roméo recula de quelques pas, un peu sonné, tandis que Mercutio, farouche, déterminé, engageait le fer contre leur adversaire, avec une haine au moins égale dans le regard.
― Mercutio ! appela son ami. Que…
― Prends le papier ! cria le jeune homme en balançant vivement le précieux document au loin. Va le mettre en sécurité, c’est moi qui te couvre !
Reconnaissant que Mercutio était bien meilleur escrimeur que lui, Roméo ramassa le papier, rangea son épée, et courut à son tour vers la rue menant au port. Il se retourna pourtant, juste le temps de voir son ami, las des parades, attaquer courageusement leur adversaire avec un cri de rage. Le garde recula d’un pas, mais lui rendit ensuite coup pour coup.
Ce fut au tour de Mercutio de reculer, pas après pas, se jetant de côté pour ne pas être acculé à la fontaine. Il était certes meilleur que Roméo, mais avait grandement surestimé ses capacités face à un soldat. Malgré sa résistance, l’issue du combat ne faisait guère de doute.
Désespéré pour son meilleur ami, Roméo dut se résoudre à l’abandonner, en se jurant de le délivrer plus tard. Ce fut un véritable crève-cœur, mais il tourna les talons et s’enfuit en courant, le précieux document à la ceinture. Après la rue, le port, et la barque promise. Le salut était proche !
Il avait déjà commencé à remonter la rue, quand il se retourna une dernière fois vers la place. Et là, son cœur manqua un battement. Sous ses yeux, Mercutio, pressé par le garde, trébucha en arrière, bascula, et sa tête vint cogner contre la pierre froide de la fontaine.
Tout le sang de Roméo se glaça dans ses veines. Le corps de son ami retomba, inerte, sur le sol en terre battue. Ce fut juste à temps qu’il vit le garde se détourner de la scène et se ruer dans sa direction. Comme dans un mauvais rêve, irréel, Roméo reprit sa course, distançant le garde grâce à l’avance qu’il avait déjà prise.
Arrivé sur les quais, il repéra facilement Benvolio et les pages au complet à bord d’une barque légère munie d’un mat, et courut à perdre haleine vers eux.
― Benvolioooooo !!! s’époumona le jeune homme, éperdu de désespoir.
Son cousin l’aperçut à son tour et ordonna aux pages de larguer les amarres. Sans ralentir sa course, Roméo bondit à bord et tomba au fond, tandis que la barque quittait le quai au moment où le garde débouchait à son tour sur le port.
― Où est Mercutio ? demanda Benvolio alors que l’embarcation s’éloignait, sous les cris de malédiction du capitaine.
― Plus tard ! fit Roméo, qui ne se sentait pas le courage d’avouer à son cousin que leur ami n’était peut-être plus de ce monde.
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"Sire, vous êtes parti avec tant d’empressement après souper que cela nous a donné de l’inquiétude…

- Voilà une alarme bien futile, répond le roi sans aménité.

- Pardonnez-moi, Sire, mais vous êtes si sombre depuis votre arrivée… Je sais toutes les traverses et embûches que vos ennemis vous réservent, mais, si je puis me permettre, se joindre à notre compagnie serait le meilleur moyen de se changer un peu les idées…

- Messire d’Armagnac, je n’ai guère de goût à ces soirées. En outre, mon travail est considérable, je n’ai pas de temps à perdre en ces vaines futilités.

- Cependant…

- Ce royaume est dans un état lamentable. Ma tâche risque de prendre tout mon temps et tout mon esprit dans les jours, les mois à venir. Et sachez, messire, que l’une des premières tâches à laquelle je vais m’atteler n’est pas des moindres. Je compte ramener mes grands vassaux à leur rang. Je ne parle pas de votre cas, bien entendu, je vous sais m’être dévoué. Mais les seigneurs ayant votre loyauté sont rares. Mon père m’a donné un piteux exemple de ce qu’était un souverain continuellement manipulé et dominé par eux, par ces princes orgueilleux et vaniteux. J’entends que cela cesse. Ils devront apprendre à me respecter et à m’obéir."

Nous sommes en l’an 1461, et le roi de France Louis XI venait tout juste d’accéder au trône. Il prenait la tête d’un royaume épuisé par un siècle d’invasions, de luttes internes, de soulèvements populaires, de peste… Oui, la tâche était grande, et il avait beaucoup à faire.
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La salle était aussi miteuse qu'ils l'avaient redouté. L'espace, confiné, obscur, était rempli de petites tables bondées de clients, que quelques lanternes éclairaient d'une lumière chiche, sous un brouhaha assourdissant de cris et de rires. La clientèle semblait rassembler tout le bas-peuple de la cité, des canailles à l'air sournois, des maraudeurs en quête d'un endroit tranquille où écouler le fruit de leurs rapines.
Roméo, Mercutio et Benvolio passèrent entre les tables en prenant soin de ne heurter personne, essayant d'ignorer les regards méfiants qui s'accrochaient à leur passage. Les robes, tuniques et capes qu'ils portaient, bien que d'une grande simplicité et défraîchies par le voyage, devaient néanmoins les désigner comme des petits bourgeois, ou au moins des fils de commerçants aisés. A cela s'ajoutait leur jeune âge, qui amena plus d'un sourire ironique sur les trognes barbues. [...]
Roméo se campa devant le barbu, qui le toisa sans ciller.
- Bonsoir, Messire, dit le jeune homme. On nous a dit que vous et vos gars seriez intéressés par un travail que nous proposons.
- Quel genre de travail ? demanda l'autre tout en restant de marbre.
- Le genre peu honorable mais bien payé.
L'homme, qui devait bien avoir la cinquantaine, mais au visage complètement mangé par sa barbe épaisse, sembla réfléchir un instant. Chaque seconde qui passait semait un peu plus l'angoisse dans les cœurs des trois amis. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Maintenant qu'ils étaient engagés, ils devaient aller jusqu'au bout. [...]
- De quoi s'agit-il exactement, et de combien d'hommes avez-vous besoin ? demanda finalement le brigand.
En disant cela, il remua pour la première fois et se pencha vers eux par-dessus la table.
- Nous avons un compte à régler avec le comte Benetolli, annonça Roméo, qui avait pris la direction des opérations.
Les deux autres la lui laissaient volontiers. Mercutio craignait de commettre encore une bévue, et Benvolio ne s'en sentait pas le courage.
- Il passe la nuit dans l'une des auberges de la ville, mais reprendra la route demain matin, continua le jeune homme. Il s'agit de lui tendre une embuscade et de piller tout ce qui peut l'être.
- Votre comte doit voyager avec une escorte ? Combien sont-ils ?
- Une vingtaine de gardes l'accompagnent.
- Peste ! fit le barbu. Ce ne sera pas une mince affaire !
- Certes non, c'est pourquoi nous avons besoin d'hommes résolus.
- Et combien vous proposez-vous de nous payer, pour cela ? demanda le brigand.
- Le comte transporte avec lui nombre de malles qui devraient largement vous dédommager...
A ces mots, l'homme se leva d'un bond de sa chaise, furieux :
- Et vous vous figurez que nous allons nous contenter de ces promesses ? Ma parole ! Vous n'êtes que trois gamins, laissez ce genre d'entreprise aux grandes personnes ! Si vous croyez que moi et mes hommes allons risquer nos vies sur la foi de quelques vagues promesses, vous pouvez retourner dans les jupes de vos mères !
Sur cet éclat, quasiment toute la salle s'était retournée vers leur table. Les trois amis rougirent jusqu'aux oreilles.
- Votre prix sera le nôtre, intervint Mercutio. Cependant, il vous faudra attendre demain matin pour le recevoir, quand nous vous aurons vu de nos yeux vous mettre en route pour l'embuscade.
- Voilà enfin une parole sensée, grogna le barbu en se rasseyant. Mais il me faudra quand même un petit acompte.
- Je crains que non. Jusqu'à demain, vous devrez vous contenter de notre parole. Nous n'avons rien emmené sur nous par précaution, juste de quoi nous payer un verre.
- Voilà de sages paroles, tu as la caboche bien remplie, gamin. Va pour demain matin, dans ce cas. Rendez-vous ici à l'aube.
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En quelques mots, il raconta au comte médusé leur plan scabreux pour tenter d’entrer dans ses bonnes grâces. Celui-ci, effaré, ouvrit à nouveau de grands yeux.
- Mais c’est de la folie… ! fit-il, n’en revenant pas. Vous n’êtes que trois jeunes fous complètement inconscients !
- Peut-être, concéda Roméo avec un sourire ironique, mais ces trois jeunes fous sont en passe de faire échouer un complot contre un souverain, de libérer une jeune fille injustement enfermée, cela après s’être battu victorieusement contre une escouade du guet, avoir berné à deux reprises des sentinelles aguerries, et – j’oubliais ! – avoir tenu en échec toute une meute de gardes lancés à leurs trousses.
Le comte Benetolli sentit une colère noire prendre le dessus et le faire bouillir de la tête aux pieds. Son visage entier devint rouge vif, tandis qu’il serrait furieusement les poings.
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Rien n'étant jamais simple en ce monde,les ennuis s'accumulaient à des lieues de là.La tension dans les relations britto-françaises contaminaient la cour bretonne,où s'affrontaient les convictions anti et pro-françaises.Parmi les premiers se trouvait Pierre Landais,trésorier du duc.Ancien drapier de Vitré,il était entré en relation avec François II en lui prêtant de l'argent et en lui vendant des étoffes de luxe.De fils en aiguille,il avait acquis la totale confiance du souverain,jusqu'à devenir trésorier général du duché.François II,qui se désintéressait de la politique,lui faisait entièrement confiance au point de le laisser souvent diriger les affaires courantes à sa place...Au moins;l'homme se préoccupait sincèrement des intérêts du duché,même si,bien entendu,il en profitait largement pour se remplir les poches au passage et favoriser les siens.
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L'auberge du Cavaliere bianco résonnait de rires et de joie ce soir-là, indifférents à la pluie qui persistait au-dehors. La nuit achevait de tomber, mais déjà les trois grands lustres illuminaient largement la salle commune, où deux gaillards avaient sorti, l'un son violon, l'autre son flûtiau, et jouaient à qui chanterait le plus fort. [...]
Soudain un rire strident et sonore domina le brouhaha, mais sans attirer l'attention des autres clients, habitués. Le regard de maître Roberto se tourna vers la table d'où le rire avait fusé. Cette table, idéalement située près de la cheminée, était exclusivement réservée à ses occupants actuels, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit. [...] Maître Roberto afficha un petit sourire en coin.
- Tout se passe-t-il comme vous le souhaitez, Messires ? vint-il demander à ces trois jeunes seigneurs d'à peine vingt ans, par simple plaisir de leur adresser la parole.
- Pour le mieux, maître, assura l'un d'eux, un jeune homme à l'air angélique, affublé d'une tignasse blonde résolument indisciplinée.
- Pour le mieux ! s'exclama le rieur en se levant presque d'indignation. Tu te moques, Benvolio ! Et notre pichet à moitié vide, y songes-tu ?
- Je le vois à moitié plein, moi, Mercutio, sourit le jeune homme, une lueur rieuse dans ses prunelles bleues.
- Il n'y a qu'un moyen de nous mettre d'accord, décréta le second. Maître Roberto, allez sur l'instant nous remplir ce pichet de votre petit vin de Bardolino !
- J'y cours, Messire, s'inclina l'aubergiste en l'emportant.
- Eh bien, Roméo, reprit Mercutio en se laissant aller contre le dossier de sa chaise, te voilà donc de nouveau libre ? J'ai peine à y croire !
- Hélas, soupira l'interpellé, un beau jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux sombres. Cela n'aura pas duré bien longtemps.
- Hélas ! Il dit hélas ! Alors que c'est lui qui l'a quittée ! Es-tu fou, ami ?
[...]
- Mais assez de ce sujet ! lança Mercutio gaîment. Voilà Benvolio qui revient, et en fort charmante compagnie, ma foi ! En voilà un qui ne dormira pas seul, cette nuit ! As-tu déjà oublié Flavia ?
- Ne fais pas attention à lui, fit Benvolio à sa compagne dans un sourire. Amis, je vous présente la signorina Selena, qui vient d'arriver en ville pour retrouver sa tante, notre merveilleuse donna Livia. [..] Quelques amis l'ont amenée dans notre auberge en lui vantant le bon vin de maître Roberto.
- Loués soient ses amis ! s'exclama Mercutio. en s'emparant d'une de ses fines mains pour y déposer un baiser. Ils ne pouvaient faire meilleur choix que de nous amener leur charmante compagne ! Grâce à eux, j'aurai eu la joie ce soir de poser les yeux sur la plus magnifique créature que Dieu fit sur terre...
- Paix, Mercutio ! Tu ne t'arrêtes jamais ? fit Benvolio en riant. Selena est ici pour s'amuser, point pour la galanterie.
- Et pourquoi pas ? répliqua son ami. Si l'on s'en tenait toujours à ce qui est prévu, la vie serait d'un monotone ! Dieu sait qu'il y a plusieurs façons de s'amuser, si mademoiselle le souhaite...
- Mademoiselle se passera de tes services pour ce soir, ami ! sourit Benvolio en passant un bras sous celui de son ami pour l'entraîner.
- Ah peste ! Je vois où tu veux en venir ! fit Mercutio en souriant à son tour. Notre bon Roméo dévisage notre amie avec les yeux d'un hibou qui va tomber de son perchoir. Le voilà devenu aussi muet qu'une carpe et aussi rouge qu'une écrevisse ! Soit, alors, je m'incline.
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Au Louvre, la soirée ne fait que commencer. Les invités privilégiés se répartissent entre salons et grandes salles, et s’apprêtent à passer gaîment cette première partie de la nuit. Une agitation fébrile se devine à travers les conversations animées, les commentaires que l’on fait mine de chuchoter à voix basse, mais assez distinctement pour que tout le monde entende. Une foule de nouveaux arrivants s’est empressée de se joindre à la cour habituelle, tandis que d’autres au contraire l’ont quittée précipitamment. Beaucoup espèrent en effet que ce nouveau règne leur apportera la fortune, les autres battent en retraite pour se faire oublier…

Seul, un homme reste à l’écart des plaisirs et des badinages de cette soirée, indifférent à l’animation qui bouillonne à l’étage inférieur. Isolé, au calme, il reste enfermé dans son cabinet de travail. Une grande fenêtre donne sur l’extérieur, où seuls les masses sombres des toits de la capitale sont visibles. Une grande table trône au milieu de la pièce, cachée sous des liasses de papiers, dossiers en cours ou multitudes de lettres. Une grande cheminée, éteinte, occupe presque tout un mur. La pièce est éclairée par deux chandeliers, l’un sur la cheminée, l’autre sur la table. La décoration est des plus sommaires, aucune dorure, aucun éclat tapageur, elle reflète parfaitement la simplicité habituelle de son occupant.

L’homme est assis sur une chaise, près de la table. Renversé en arrière, les bras croisés, les yeux dans le vague, il réfléchit. Il semble accaparé par de nombreux soucis, au vu de ses sourcils froncés et de son air grave. Il est loin d’être beau, lui qui approche de la quarantaine, mais ses traits sont de ceux que l’on n’oublie pas. Avec des yeux au regard dominateur, enfoncés, un nez arqué, une bouche à la fois lourde et mobile, il a le visage mouvant d’un acteur, un visage fait pour charmer ou dompter les hommes. Cependant, la cour ne comprend pas ses goûts aussi simples, sa répugnance pour le faste et le tape à l’œil. Cela met mal à l’aise, cela dérange.
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La nuit tombe doucement ce soir-là sur le royaume de France et sur Paris. Les artisans ont fermé leurs échoppes, les paysans ont rentré leurs outils, les taverniers servent leurs derniers clients. Pendant ce temps, bandits et filles de joie font leur apparition dans les petites ruelles sombres ou les grandes artères de la ville. Les lumières s’allument derrière les fenêtres tandis que le soleil disparaît pour laisser la place à sa cousine la lune, éclairant à la fois drames et romances.

Doucement, la capitale s’endort…
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Ces hommes avaient l'air bien mis,leurs manteaux ne les couvrant pas assez pour cacher complètement les broderies et les dentelles qui garnissaient pourpoints et chausses.En revanche,ces mêmes habits étaient largement défraîchis et recouverts de poussière.L'homme qui lui avait parlé devait avoir à peine quarante ans.ses traits étaient agréables,bien qu'une certaine hauteur se mêlât à son regard sombre.Des mèches de ses cheveux,sombres également, étaient collées à son front par la sueur.
Mari eut soudain honte de la trop grande attention qu'elle accordait à ses détails.Que dirait son époux,Per Fariou? Elle lui raconterait la rencontre,mais brièvement,comme si cela n'avait aucune importance.Il ne devait surtout pas se rendre compte de combien le sourire et l'oeillade de cet homme l'avaient troublée.
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