Partir, c’est s’arracher aux siens, se couper d’eux, les trahir. Revenir, c'est être exposé au risque de ne pas retrouver, ne pas reconnaître. Le livre se situe dans la tension de cette impossible équation. Travailler, comme la famille, les italiens, partis en Australie ou en France, chassés par le fascisme, la misère. La narratrice part, en Europe, en Algérie, départs liés à la nécessité, débordant d'inconnu et de retour, de nostalgie, nostos algos, la douleur du retour. Ce sont des départs où, depuis toujours, on emmène les siens sur son dos, comme Enée fuyant Troie en flammes, chargé de son père, Anchise, sur les épaules. La narratrice emporte avec elle ses parents, ses camarades d’école, les ouvriers des petites villes, les usines au bord de la rivière.
Ayez en vous un animal sauvage [...] un ragondin, ou un canard près de l’étang où vous allez, une mésange [...], un hérisson [...], pensez à lui, à son infatigable activité, comment il se démène, s’agite, court [...] Pensez à votre animal, à son énergie, à son absence de question, il va, il vit, il est.