Masa Borkovcova

Les auteures, Markéta Hajská (anthropologue) et Máša Bořkovcová (ethnologue), invitent le lecteur à suivre la vie de trois individus. C’est par le biais de trois récits séparés qu’elles donnent respectivement la parole à Albina, Ferko et Keva. Cet album venu de Tchéquie propose donc trois biographies, une par chapitre, et s’intéresse d’un peu plus près à la question Rom.



Si les trois histoires sont différentes elles s’intéressent toutes au quotidien de Roms d’origine tchèque et slovaque et abordent des thèmes communs, comme les problèmes d’intégration et de cohabitation, qui ne sont pas facilités par des moeurs communautaires assez strictes. S’il faut saluer le sujet de cette trilogie, je déplore néanmoins l’approche assez brut du projet. Si cette approche permet de retranscrire les conversations avec beaucoup de réalisme, elle rend la narration de ce documentaire assez indigeste.



Ces trois récits intimistes proposent certes un regard intéressant et différent sur la communauté Rom, mais j’ai eu beaucoup de mal à arriver au bout de ce triple récit. Si l’histoire d’Albina, une quadragénaire qui rêvait de rencontrer le prince charmant, mais qui se retrouve finalement femme battue et mère de sept enfants, a encore su me captiver, ce n’est pas le cas des deux autres. Celle de Ferko n’est pas inintéressante dans le fond, mais beaucoup trop décousue à mon goût. Quant à Keva, du haut de ses vingt ans, elle n’a que peu de choses vraiment intéressantes à raconter, surtout lorsqu’elle arrive après une quadragénaire qui à sept enfants et un sexagénaire qui a tout vécu (ou inventé).



Au niveau du graphisme, le dessin réaliste et sombre de Vojtech Masek n’est pas non plus là pour me séduire.



Bref, un album au sujet intéressant, mais dont l’approche trop brut s’avère beaucoup trop indigeste. Dommage !

Il convient de souligner ici le remarquable travail de la maison d’édition Ça et là, qui, encore une fois, offre à ses lecteurs francophones une perle provenant d’un pays dont la bande dessinée est méconnue. O pribjehi, en prenant le temps de s’arrêter sur l’individu, s’éloigne des poncifs et livre un grand reportage sur la communauté Rom. Un chef d’œuvre en la matière.
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