Poème quelqu’un
je suis un homme quelqu’un
parmi des créatures analogues
je suis cette allée sous les jambes, qui portent
à l’égale répartition du drame collectif
je regarde ces gens, qui marchent, minés
par des évènements archaïques :
mort, maladie, ponctuation
comment inclure en un seul embrassement tous
leurs corps et les exigences relatives ?
je suis un homme quelqu’un, dans la masse
en mouvement transitoire
le divertissement gratuit de
mettre les mots en colonnes, de les appeler
poème
ne m’élève pas ne me rend pas
différent
je veux rester sur la route commune
avec ma simple matière, humaine
Traduit de l'italien par Olivier Favier.
RETOUR À ATHÈNES
C’est ma nuit du retour.
Soyez polis, s’il vous plaît.
Ne faites pas de bruit.
C’est la nuit de tant de gens dans les rues
c’est-à-dire la même, c’est-à-dire
une parmi tant d’autres.
C’est aussi sa nuit du retour
dans cette obscurité remplie de conteneurs brûlés.
(Les pigeons immobiles sur les fils.
Les drogués immobiles sur les feux tricolores.
Les feux tricolores immobiles sur le sol).
C’est aussi la nuit de bien des hommes
Qui hurlent aux fenêtres.
Mais sans bruit, s’il vous plaît.
Parce que c’est la nuit
qui me ramène sa bouche
comme un fruit mûr.
Mais je n’ai plus de dents.
Traduit de l’italien par Olivier Favier.
Poesia qualcuna
sono un uomo qualcuno
fra creature analoghe
seguo questo viale sotto le gambe, che portano
all’equa ripartizione del dramma collettivo
guardo questa gente, che cammina, minata
da avvenimenti arcaici:
morte, malattia, punteggiatura
come includere in un solo abbraccio tutti
i loro corpi e relative istanze?
sono un uomo qualcuno, nella massa
in movimento transitorio
il divertimento gratuito d’
incolonnare parole, chiamarle poesia
non mi eleva né mi fa
diverso
io voglio rimanere sulla strada comune
con la mia semplice materia, umana