Intervista a Igort e Carlotto .
Le vrai problème, c'est la nuit. Elle passe jamais et tu chopes de mauvaises pensées, ça arrive à tout le monde. L'air devient lourd de désespoir. Tu respires même celui des autres.
Rien, plus rien au monde...
Cette phrase je l'ai en moi depuis mon mariage. Le cousin d'Arturo avait joué de la guitare et avait chanté "Il cielo in una stanza" (le ciel dans une chambre) [...].
À l'époque je pensais que j'avais un avenir, que ma vie pouvait changer. J'étais jeune. Alors qu'en vingt-deux ans, cette saloperie de ciel, je l'ai jamais vu. Le plafond est toujours le même, blanc, Arturo le rafraîchit tous les deux ans et avant d'arriver au ciel, y'a encore six étages et les sabots de Mme Andreis qui, ponctuelle comme une horloge, se lève toutes les nuits à trois heures pour aller pisser.
On peut pas filer la queue entre les jambes, c'est comme ci on se mettait la corde au cou.
Arturo serait mon seul et unique homme.
J'avais ce rêve, cette fantaisie d'avoir un amant. L'dee d'aller au lit toute la vie avec mon mari me foutait un bourdon que même le vermouth arrivait pas à chasser.
Monsieur le Directeur ?
Le detenu Raffaello Beggiato, cellule numéro 5, deuxième division, vous demande de pouvoir acheter une boite de 3 filtres d’une tasse. Salutations distinguées. Raffaello Beggiato.
Je souligne « une tasse », comme ça le connard de service y se plantera pas.
- Mercredi c'est le jour de fermeture, ça te dirait de sortir avec moi?
Elle me regarda fixement.
-Pour aller où? demanda-t-elle prudemment.
- Ciné et pizza?
Elle fit semblant de réfléchir.
-D'accord.
Le film était un navet mielleux avec Richard Gere. Elle mourait sur le billard et lui, il devenait un homme meilleur. Je n'avais jamais vu un film aussi chiant. Roberta, elle, avait pleuré tout le long et était enthousiaste.
-Magnifique. Une grande histoire d'amour. ça t'a plu?
-Beaucoup.
Oui, je me la suis méritée cette vie où les seuls rêves, tu peux les faire qu'aux chiots pendant que tu te touches. Une vie où même baiser avec ton mari, c'est une question de fric. Après son licenciement, la bite d'Arturo, elle est devenue molle. Avant, il était régulier comme une montre suisse : la nuit du samedi et le dimanche après-midi, entre le repas de midi et le début des matchs de foot, et encore il fallait que le Toro, l'équipe de Turin, joue pas à domicile.
Les autres, c'est seulement un problème, des casses-couilles, et tu dois montrer les dents pour tout sinon ils en profitent et tu te fais écraser. Pour te garer, te loger, et quand tu fais la queue chez les marchands de fruits ou la poste.
Je suis la variable folle de votre système de merde, et je vous assure que je me suis limité à vous donner une très petite démonstration de mes capacités professionnelles sur le terrain de la violence.
Le problème était de feindre la normalité et de dominer ce cri qui me gonflait la poitrine de plus en plus souvent: "C'est tout noir, Silvano. Je vois plus rien, j'ai peur, j'ai peur, aide-moi, c'est tout noir." Moi aussi, j'aurais voulu hurler jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort.