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4.41/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 25/03/1885
Mort(e) à : Bucarest , le 17/01/1936
Biographie :

Poète et prosateur né à Bucarest d'une liaison extra-conjugale de son père Ion Luca Caragiale (poète, dramaturge et romancier), le jeune Mateiu Ion fut élevé avec sa demi-sœur. En 1889, son père mit fin à son concubinage avec Maria Constantinescu pour épouser Alexandrina Burelly tout en se chargeant de l'éducation de Mateiu. A la fin de ses études et après de nombreux voyages, son père l'emmène à Berlin en 1904, mais des tensions éclatent entre le père et le fils : celui-ci est renvoyé en Roumanie l'année suivante. Le jeune Mateiu s'inscrit à la faculté de droit de l'Université de Bucarest mais abandonne ses études un an plus tard. Depuis son retour à Bucarest, il se met à fréquenter un cercle littéraire symboliste formé autour du poète (par ailleurs "agitateur politique") Alexandru Bogdan-Pitești avec qui il tisse d'étroits liens d'amitié. En 1907, en dépit des tensions entre père et fils, Mateiu Caragiale retourne à Berlin où toute la famille réside encore. Deux ans plus tard, il s'inscrit de nouveau à l'université, mais ne parvient pas là encore à terminer son cursus. En 1912, il publie ses premiers poèmes immédiatement remarqués par la critique. En juin 1912, le père de Mateiu meurt : à ses funérailles, l'indifférence du fils choquera tous ses proches et amis... Dès l'été 1912, Mateiu revient à Bucarest et travaille dans un journal de langue française. A l'automne 1912, il y occupe un poste de fonctionnaire (chef du personnel au Ministère des Travaux publics). Pendant la Première Guerre mondiale, alors que la Roumanie reste un pays neutre, l'écrivain fréquente un cercle littéraire germanophile et s'associe au milieu politique conservateur. Même après le rapprochement de la Roumanie avec les Alliés, il restera très affectivement fidèle à la culture germanophone. Il poursuit en parallèle la publication de poésie, mais également de textes politiques. "Remember", est son premier court roman : publié en 1921, il constituera la 1ère partie d'une suite romanesque dont le seul second volet le rendra célèbre dès 1929... Il s'agit de "Craii de Curtea-Veche" ("Les Seigneurs du Vieux-Castel"), roman fortement influencé par la lecture de l'oeuvre romanesque de Marcel Proust comme des nouvelles et du seul roman d'Edgar Allan Poe, deviendra un classique de la littérature roumaine. En 1925 : "Antologia poeților de azi", une anthologie de ses poèmes, s'intercalera entre la publication de son diptyque romanesque. Suivront encore deux romans inachevés.
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Source : Wikipedia
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L'ancien manoir

Depuis quelques cent ans, à l'abri des collines,
Gît le manoir désert… Là, règne le silence ;
La mousse teint de vert, tendant sa mante immense,
Les futs brisés, les murs aux croulantes échines.

Parmi les vieux piliers, de ses grappes sanguines
Ornant la véranda, le pampre se balance ;
Le lierre aux crampons noirs vers les linteaux s'élance
Tressant une couronne à l'oubli des ruines.

Les lieux semblent dormir tel sous le coup d'un charme,
Les vieux saules pleureurs ne versent nulle larme ;
Ne bouge nul brin d'herbe et, non plus, nulle feuille,

Et des boyards barbus – toque arborant l'aigrette –
Guettent d'un œil rusé dont le sourire accueille
Les dames – gente gent – dedans la tour secrète.

[1904]
(p. 75)
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Le retour du vaincu

Lorsqu'un soir, ombre émue, à travers la bruine,
Porteur d'un lourd secret – long tourment sans merci –
Tu seras de retour, cherchant vaincu, transi,
Ta maison aux vallons de l'oubli qui chagrine,

Toi, qui n'eus de la fleur de l'exil que l'épine
Et bus l'odeur amère – avide et sans souci,
Malgré le Souvenir qui ton seuil passe aussi,
Fuis la tendresse vaine à laquelle il s'obstine !

Refuse sans regret son réconfort stérile
Et subis ton chagrin, même s'il t'annihile :
Reste impassible et fort, ta fierté ne perds pas,

Ne pleure point, détruis ton espoir illusoire ;
Des tombes même, en route, écrase sous tes pas,
Et pars, va de l'avant, front haut, dans la nuit noire.

(p. 87)
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À l'Argeș

Issu, tel paraît-il, d'un blason qu'il domine,
Un vieux corbeau puissant – en vol noir – essor :
Et, dans la grande paix, les ormes – leur trésor
De feuilles laissent choir qui meurent en sourdine.

Mais, pourquoi la Princesse aujourd'hui n'achemine
Plus ses pas, tel jadis, vers la tour haute, encor,
Contempler le couchant qui teint de pourpre et d'or
Les blocages ombreux où le chagrin s'obstine ?

Lorsque reflète l'eau l'éclat des feux mourants,
Lorsque le ciel épand ses cendres sur les champs,
Son sourire n'est-il plus lorsque le doux soir tombe ?

Non, car au cloître en crypte elle dès longtemps gît :
Là, le secret embaume ; et l'oubli seul fleurit,
Avec ses mornes fleurs, l'abandon de sa tombe.

[1912]
(p. 67)
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Les fleurs, qu’il les aimait ! Chez lui flétrirent les dernières roses de Bucarest et parce que les chrysanthèmes des fleuristes qui avaient pris leur place ne dégageaient guère d’odeur, des gerbes de confiseries vanillées séchaient en diffusant leur arôme dans de vastes coupes.

(édition de Gabrielle Danoux)
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Les Jardins du Mirage

Les Jardins du Mirage attendent dans ce monde
Où ton âge d'antan se flétrit de langueur,
Et l'eau – qui s'assoupit – dans son miroir moqueur,
Tes rêves d'or reflète et fige en rond son onde.

Quand les nuages bas cachent la lune ronde
Et l'air fané frémit sortant de sa torpeur,
Ressurgira cette ombre au visage trompeur
Dont les yeux t'ont celé leur énigme profonde.

Mais tu demanderas au vain mirage, en vain,
Le retour d'un bonheur éteint sans lendemain :
Il va s'évanouir, lui, le doigt sur la bouche,

Et tu pleureras seul au terne petit jour
Ton sort chagrin, celui qui t'assaillit farouche
Ceignant de sombres fleurs ton front sombre à son tour.

(p. 83)
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Le récit ondoyait lentement, tressait au sein de sa riche guirlande de nobles fleurs recueillies dans la littérature de tous les peuples. Maître dans le métier de peindre en paroles, il trouvait aisément le moyen de signifier, et de surcroît dans une langue dont il avait perdu l’habitude, jusqu’aux terrains les plus glissants et les plus incertains de l’être, du temps, de l’espace, de sorte que l’illusion était toujours complète.

(p. 31 de l'édition de Gabrielle Danoux)
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La Princesse

Vert–flou, d’entre les cils, son doux regard refrène
La frénétique envie et le malin désir.
Cheveux blés-mûrs, et svelte, elle avance à loisir
Sous ses lourds vêtements, d'une démarche hautaine.

Ses mouvements sont lents, adroits, un geste à peine,
Et sa voix tendre est telle un exquis élixir ;
Mais, que la mire droit sent, tel un dard, jaillir
– De l'arc noir de ses fiers sourcils – la fin soudaine.

Couverte de joyaux, de guipures, d’orfrois,
Dans sa main – pâle fleur de cire diaphane –
Tenant un voile orange et si léger qu'il plane,

Plus une rose-feu – ciboire rouge – aux doigts,
Blessée aussi, comme elle, au cœur de sa jeunesse,
Elle languit, frissonne et se meurt de tristesse.

(p. 63)
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Je me suis promené avec lui toute la nuit, ça et là, pour at­teindre vers le matin la place aux fleurs, au Vieux-Castel. Aux abords du mur de l’église à tourelle verte luisait craintivement une faible lumière qui nous attira. Quelqu’un l’avait allumée au chevet d’une morte qui gisait décemment sur une natte de roseaux. Si on ne me l’avait pas dit, je ne l’aurais pas cru, c’était Pena Corcodușa ; comment reconnaître en ce doux vi­sage aux traits raffinés l’épouvantable furie de l’année écoulée ? Dans le sourire de ses lèvres bleuies et ses yeux ouverts, se logeait une sensibilité extatique ; la femme qui avait été aliénée par l’amour paraissait morte béate : peut-être qu’en cet instant fugace de la fin, englobant l’éternité, elle avait vu l’orgueilleux cavalier de la garde en la personne duquel se reflétaient les brillances unies de deux couronnes impériales. Le soir, je flanquai jusqu’à la frontière un gentilhomme rasé, aux favoris courts, habillé élégamment pour un périple : un étranger. Nous nous tenions à une table du wagon-restaurant, face à face et n’avions rien à nous dire. La nuit était tombée brusquement. Je me rappelai celui qui n’existait plus, l’homme qui m’avait semblé un ami de toujours, voire un alter ego, Pantazi, lorsqu’il me demanda que boire.
(p. 121-122 de l'édition de Gabrielle Danoux )
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Le récit ondoyait doucement, tressant sa riche guirlande de nobles fleurs cueillies dans la littérature de tous les peuples.

(p. 69, Éditions L'Âge d'Homme, 1969, traduction du roumain par Claude B. Levenson)
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L'éloge du conquérant
« Rois barbares,/Sombres chasseurs d'aurochs… », H. Taine.

Ô toi, pour qui – menant la gent barbare
En hordes écrasant tel vieil empire –
La gloire fut prodigue et non avare ;

Toi, cœur impie et dont l'orgueil, d'un rire
Souilla plus d'un autel, et n'en eut cure
Brûla plus d'un château – tu fus grand, sire,

Pillant de plus d'un roi la sépulture
Brisant – pour la couronne ôter – sa tête,
Privant les ossements de leur parure ;

Ô sombre roi par qui vint la tempête
D'envahisseurs, faisant trembler la terre,
Ton nom – même si fut la rune prête

À l'immortaliser, pour qu'il éclaire,
À l'effacer – l'oubli fut aussi preste
Que le vent qui poussa loin ta poussière.

Dans un remous d'ans s'engouffra ta geste
– Remous des ans soumis par le temps-maître –
Mais ton ombre, pour eux, sombre elle reste :

Car on te voit – dur, grand, cruel – paraître,
En proie aux flammes sur des tours croulantes,
Poitrine nue et guerroyant, un être

Soûlé de sang. Les trompes violentes
Faisaient que, pris d'effroi, l'airain éclate.
Lors, les buccines déchaînant, hurlantes

Chassant l'aurochs dans la forêt carpathe,
Traquant le sanglier noir à la trace,
Tu tirais, pour qu'un trait le fauve abatte.

Je vois à l'aube, sous la voûte basse,
Dans les nuages gris que le vent mène,
Le gros gibier qui fuit cette menace

De mort. Dessus toi, tout joyeux, s'égrène
Le vol des noirs corbeaux, et, par ta faute,
Le sang fleurit de rouges fleurs la plaine.

Mais tu ne sus lui tenir la main haute
À la Camarade-au-guet qui fut comblée
Quand, enfin, de son sein froid te fit l'hôte.

Occis en traître au fond d'une vallée,
Tu fus pleuré par la tribu hirsute
Qui, ta dépouille, au couchant, a brûlée

Avec tes biens, au sommet d'une butte :
Tes fiers coursiers, tes serves bien choisies
Berçant ta morne ivresse après la lutte…

L'automne, les soirs longs de rêveries
Chassent le lourd brouillard de ma mémoire
Troublant en moi les âmes endormies

Dès longtemps… et, d'un coup, une illusoire
Image est là, quand l'horizon flamboie
Tout pourpre et rose, et puis du sang fait boire

Au ciel de braise, sang que le ciel noie.
Alors, en regardant le crépuscule,
Soudainement, d'un âpre élan la proie,

Je vois, seigneur, ton beau bûcher qui brûle.
[1912]
(p. 21-31)
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