L'allocation universelle se présente ainsi comme la technique sociale par excellence d'une société postindustrielle, où l'emploi a en apparence cessé d'être le socle de l'édifice social. (Daniel Zamora)
L'utopie n'est pas uniquement un au-delà, mais elle est aussi un déjà là.
Depuis des siècles, les philosophes débattent de la nature du travail sans parvenir à un accord. Le travail est-il aliénant et hétéronome par définition ou est-ce un moyen de reconnaissance et d'intégration sociales. C'est là une question qui traverse aujourd'hui tout le débat sur le revenu d'existence. (Jean-Marie Harribey)
Tout au long de l’histoire du syndicalisme, l’image du syndicalisme révolutionnaire est restée intacte, telle une icône protégée de l’épreuve du temps, alors que le syndicalisme est aujourd’hui, dans un rapport de force défavorable, en proie au dénigrement permanent. Le syndicalisme révolutionnaire reste toujours associé aux origines « héroïques » du mouvement ouvrier en Catalogne ou dans la vallée du Pô, ou encore avec l’épopée des Wobblies (Industrial Workers of the World IWW), aux États-Unis. Il correspond dans l’imaginaire des militants aux temps glorieux du syndicalisme qui contrasterait avec sa bureaucratisation actuelle.
Au-delà du mythe, le syndicalisme révolutionnaire est non seulement complexe et se laisse difficilement réduire à des schémas mais pose aussi constamment la question de l’écart entre les intentions proclamées et les résultats obtenus, entre les représentations des pratiques et la réalité de celles-ci. D’une part, c’est parce que l’unité, l’autonomie et l’action, sublimés dans le syndicalisme révolutionnaire, reviennent périodiquement à l’avant-plan avec la résurgence des mouvements sociaux mais sont aussi potentiellement présents comme mythe, « paradis perdu » ou idéal à atteindre, que la figure du syndicalisme révolutionnaire, garde son pouvoir d’attraction et fascine toujours des générations de militants. D’autre part, l’écart entre le discours révolutionnaire et une pratique de la négociation, entre le militantisme désintéressé et les pratiques d’appareil, ont caractérisé non seulement le syndicalisme « intégré » mais aussi celui qui faisait de l’autonomie sa valeur première. Si bien que le syndicalisme d’action directe, même lorsque les pratiques syndicales semblent s’en être éloignées jusqu’à lui devenir étrangères, se trouve toujours en résonance avec le mouvement syndical.