#rentréelittéraire #rl2023
*Le Roman de Jeanne et Nathan* de Clément Camar-Mercier
Un roman entre tragédie et conte d'amour Vous plait-il d'entendre un beau conte d'amour et de mort ?
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/V4iVaLwu5K4
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Casablanca Circus* de Yasmine Chami
Le destin du plus ancien bidonville de Casablanca alors que les autorités au pouvoir veulent déplacer, recaser disent-ils, ses habitants à des kilomètres du centre-ville.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/n7_RlZSf_J0
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Étraves* de Sylvain Coher
Dans une langue tempétueuse et précise, Sylvain Coher réinvente le récit maritime par la voix de Blaquet, le cuisinier du Ghost.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/zVQi5tpYQVI
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Veilleuse du Calvaire* de Lyonel Trouillot
Ce livre est celui d'un paysage de pierres, de rivières et d'ombrages, celui d'une colline abîmée par la cupidité d'un homme, un notaire sans scrupule qui en ces lieux ouvre la porte à toutes les bassesses.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/HtkvzRVYHbQ
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Et vous passerez comme des vents fous* de Clara Arnaud
Au cours d'une saison d'estive, les attaques répétées d'une ourse ravivent les tensions dans une vallée pyrénéenne.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/3AW6pEy8HSw
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Provinces de la nuit* de Loïc Merle
Fresque bousculée de notre temps présent ce fleuve furieux irrigué du passé qu'il ignore, ce roman est tout à la fois récit d'une éducation sentimentale et politique, refus du deuil de nos élans et plaidoyer pour la liberté grande et la rencontre vraie.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/-Dd6_f6V8eA
En librairie depuis le 23 août 2023 !
*Déserter* de Mathias Enard
La guerre, la désertion, l'amour et l'engagement... le nouveau roman de Mathias Enard vif, bref, suspendu observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.
Présentation de l'auteur : https://youtu.be/pQlgxSoL4E0
En librairie depuis le 23 août 2023 !
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"Le savoir, en général, et la littérature, en particulier, ont un vrai pouvoir. Lire des livres est une façon d'être libre"
Lire Septembre 2015
Les livres restent, en définitive, avec le feu, la seule façon de combattre les ténèbres.
La musique est un beau refuge contre l'imperfection du monde et la déchéance du corps.
Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et de temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'êtres merveilleux; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété.
Nos rêves sont peut-être plus savants que nous.
Berlioz n'a jamais voyagé en Orient, mais était, depuis ses vingt-cinq ans, fasciné par Les Orientales d'Hugo. Il y aurait donc un Orient second, celui de Goethe ou d'Hugo, qui ne connaissent ni les langues orientales, ni les pays où on les parle, mais s'appuient sur les travaux des orientalistes et voyageurs comme Hammer-Purgstall, et même un Orient troisième, un Tiers-Orient, celui de Berlioz ou de Wagner, qui se nourrit de ces œuvres elles-mêmes indirectes. Le Tiers-Orient, voilà une notion à développer.

Quelle heure est-il ?
Le réveil est la canne de l'insomniaque, je devrais m'acheter un réveil-mosquée comme ceux de Bilger à Damas, mosquée de Médine ou de Jérusalem, en plastique doré, avec une petite boussole incorporée pour la direction de la prière - voilà la supériorité du musulman sur le chrétien : en Allemagne on vous impose les Evangiles au creux du tiroir de la table de nuit, dans les hôtels musulmans on vous colle une petite boussole contre le bois du lit, boussole et rose des vents qui peuvent servir certes à localiser la péninsule arabique, mais aussi, si le coeur vous en dit, Rome, Vienne ou Moscou : on n'est jamais perdu dans ces contrées.
J'ai même vu des tapis de prière avec une petite boussole intégrée au tissage, tapis qu'on avait immédiatement envie de faire voler, puisqu'ils étaient ainsi préparés pour la navigation aérienne : un jardin dans les nuages, avec, comme le tapis de Salomon da la légende juive, un dais de colombes pour se protéger du soleil - il y aurait beaucoup à écrire sur le tapis volant [...]
Poiraudeau avait une petite soif et vida une timbale de rouge, car il méprisait le blanc, dans lequel il manquait, trouvait-il, la part virile. Le vin dépourvu, soutenait-il de ses aspects les plus charnus, les plus musqués, les plus couillus, était un genre d'eunuque, lunaire, lisse, transparent. Si on pouvait voir à travers, c'est qu'il ne cachait aucun mystère.

Effectivement, les roumis* se sont approprié le territoire du rêve, ce sont eux qui, après les conteurs arabes classiques, l'exploitent et le parcourent, et tous les voyages sont une confrontation avec ce songe. Il y a même un courant fertile qui se construit SUR ce rêve, sans avoir besoin de voyager, dont le représentant le plus illustre est sans doute Marcel Proust et sa "Recherche du temps perdu", coeur symbolique du roman européen : Proust fait des "Mille et Une Nuits" un de ses modèles - le livre de la nuit, le livre de la lutte contre la mort. Comme Schéhérazade se bat chaque soir, après l'amour, contre la sentence qui pèse sur elle en racontant une histoire au sultan Shahryâr, Marcel Proust prend tous les nuits la plume, beaucoup de nuits, dit-il, "peut-être cent, peut-être mille, pour lutter contre le temps. Plus de deux cents fois au cours de sa "Recherche", Proust fait allusion à l'Orient et aux "Nuits", qu'il connaît dans la traduction de Galland (celle de la chasteté de l'enfance, celle de Combray) et de Mardrus (celle, plus trouble, plus érotique, de l'âge adulte) - il tisse le fil d'or du merveilleux arabe tout au long de son immense roman; Swann entend un violon comme un génie hors d'une lampe, une symphonie révèle "toutes les pierreries des Mille et Une Nuits". Sans l'Orient (ce songe en arabe, en persan et en turc, apatride, qu'on appelle l'Orient) pas de Proust, pas de "Recherche du temps perdu".
*(terme désignant un Européen et signifiant littéralement « Romain »)
L'être est toujours dans cette distance, quelque part entre un soi insondable et l'autre en soi. Dans la sensation du temps. Dans l'amour, qui est l'impossibilité de la fusion entre soi et l'autre.