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Critiques de Mathias Reymond (8)
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Économie des transports urbains

Tous les grands livres sur l’histoire des villes l’affirment : les moyens dont les individus disposent pour se déplacer constituent un élément décisif du développement urbain et de la forme qu’il prend. Malheureusement, les auteurs s’arrêtent à ce constat et n’élaborent en rien sur ce lien qu’ils affirment pourtant essentiel.

C’est dire si, parcourant en librairie la table des matières de ce livre de François Mirabel et Mathias Reymond sur les transports urbains, et y lisant des têtes de chapitre comme "formes urbaines et structure des déplacements" ou "comportement de localisation et structuration des espaces urbains", je me suis empressé de faire l’acquisition d’un ouvrage dont je pensais qu’il allait me faire entrer dans des analyses de ce lien entre modes de transports disponibles et les formes prises par le développement urbain, en s’appuyant sur des exemples concrets de villes transformées par le l’évolution des transports et ensuite par la généralisation de la possession d’une automobile par les ménages.

Hélas, ce n’est pas encore dans ce livre que je trouverai de telles études. Car les chapitres dont le titre m’avait ainsi attiré comportent des développements théoriques, certes intéressants, mais déconnectés de tout rapprochement avec les réalités urbaines que nous vivons, et s’appuient sur des modèles formalisés dont on aurait aimé les voir appliqués à des réalités urbaines concrètes.

L’ouvrage n’en est pas moins passionnant et agréable à lire, et aborde d’autres sujets tout à fait intéressants, comme l’organisation des transports collectifs, les coûts externes et sociaux des transports urbains, les débats qui se font jour aujourd'hui dans ce domaine, et, bien sûr, les difficultés à mettre en place une réponse aux nouveaux défis de notre temps qui imposent de nouvelles orientations dans les politiques de mobilité.

C’est donc un livre utile et intéressant, mais qui n’apportera pas à qui sort frustré de l’indigence, dans ce domaine, des livres les plus célèbres sur l’histoire des villes, les éléments qu’il aurait souhaité y voir.

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Le Mépris de la démocratie

21 avril. Voilà une date que tous les Français connaissent sans avoir besoin d’y apposer une année, tant ce jour a été vécu comme un véritable traumatisme pour le pays. Ce 21 avril, c’est évidemment celui de 2002, et il correspond aux résultats du premier tour des élections présidentielles qui, à la surprise générale, voit Lionel Jospin (candidat Parti socialiste) être évincé du second tour au profit de Jean-Marie Le Pen (candidat Front national). En 2017, c’est un peu différent puisque les sondages nous préparaient depuis un moment déjà à voir le scénario se répéter : un second tour Macron/Le Pen (Marine, cette fois) tout le monde l’attendait presque. Si le choc a quelque peu été amoindri il y a deux ans, la manière dont les médias ont couvert ces entre-deux tours présentent, eux, de nombreuses similitudes. C’est à ce traitement médiatique qu’a ici choisi de s’intéresser Mathias Reymond, maître de conférence en sciences économiques et animateur du site Acrimed (Action Critique Médias), qui coédite l’ouvrage avec les éditions Agone. L’auteur a ici réalisé un important travail de compilation, recensant les Unes, les dessins de presse et surtout les interventions les plus marquantes des éditorialistes, journalistes politiques ou intellectuels sur la campagne et les candidats au second tour. BHL, Guillaume Durand, Serge July, Laurent Joffrin, Olivier Duhamel, David Pujadas, Nathalie Saint-Cricq, Léa Salamé, Christophe Barbier, Jean-Michel Aphatie… : autant de grandes figures médiatiques qui revendiquent leur impartialité et qui livrent, jour après jour, leurs analyses sur toutes les chaînes et dans tous les journaux. Or c’est tout le contraire que révèle cet ouvrage qui démontre comment les médias ont orchestré « l’essentiel de la dramaturgie politique des seconds tours des élections présidentielles de 2002 et 2017 ». L’auteur met ainsi en lumière l’instauration flagrante, lors de ces deux événements, d’un « journalisme de prescription », qui s’arroge le droit de dicter ouvertement aux Français pour qui ou pour quoi il est légitime de voter, et quelles opinions dissidentes méritent d’être écrasées (le référendum pour le Traité de Maastricht en 1992 et le référendum pour le Traité constitutionnel européen en 2005 sont deux autres moments au cours desquels on retrouve le même phénomène médiatique). Très court (à peine plus d’une centaine de pages), l’ouvrage est organisé en trois actes qui permettent chacun de revenir sur un aspect du traitement médiatique des présidentielles de 2002 et 2017.



La première partie intitulée « le choc » consiste à recenser et analyser les réactions des médias face à l’annonce de l’arrivée du FN au second tour. En 2002, ce « choc » est d’autant plus rude que les médias annonçaient depuis des semaines que les résultats du premier tour ne présenteraient aucune surprise, et que Chirac serait évidemment confronté à Jospin. Perdu ! Très rapidement après l’annonce des résultats, les éditorialistes de tous bords s’attellent, et ce dans tous les médias, à chercher un responsable. Qui est coupable de cette situation honteuse ? Les premières victimes de la vindicte médiatique sont dans un premier temps les électeurs eux-mêmes, qualifiés tour à tour de puérils, de naïfs, d’ignorants, voir même carrément de cons (et il ne s’agit pas d’interprétation : ces mots ont vraiment été prononcés ou écrits par des journalistes). Allez, un petit aperçu de l’analyse d’un « grand intellectuel » français, qui fait alors (et fait toujours) le tour des plateaux télé, à savoir BHL, qui déclarait en 2002 : « Je n’ai pas voté comme tout un tas de bobos Laguiller ou Besancenot. J’ai vu tellement de bourgeois autour de moi qui ont voté pour l’un et pour l’autre parce qu’ils les trouvaient sympas ou émouvants. Ils confondaient les élections avec Canal Satellite. On n’en serait pas là s’il n’y avait pas eu ces réactions frivoles de zapping politique. » Pour BHL l’analyse est simple : il y a les candidats pour lesquels on doit voter, et les autres, qui ne sont là que pour faire jolis et qui deviennent dangereux dès lors qu’ils commencent à intéresser un trop grand nombre d’électeurs. Ces « petits candidats » constituent d’ailleurs une autre cible de choix pour les grandes figures médiatiques qui soutiennent de façon quasi-unanime que les Besancenot, Laguiller, Taubira, Chevènement et compagnie ont été irresponsables en maintenant leur candidature. Il aurait bien évidemment fallu se désister au profit d’un candidat mieux rodé, mieux coté, et tant pis si les idées qu’ils défendaient n’étaient pas conformes avec celles du candidat à qui le bon sens voulait qu’ils se rallient. Arlette Laguiller fera notamment les frais de cette analyse très discutable en 2002, de même que Mélenchon en 2017, sommé à de nombreuses reprises par les journalistes de se retirer au profit d’Hamon afin de ne pas « faire perdre la gauche ». Et tant pis encore une fois si leurs programmes sont très différents, et si les sondages du premier finissent par largement dépasser ceux du second. Bref, pour les médias, les coupables ne font pas de doute : des « petits candidats » irresponsables, et surtout des électeurs ingrats et versatiles.



Cette première partie permet d’ores et déjà de dresser un premier constat : en période d’élection (ou plus largement de sollicitation de l’avis de la population), les médias s’arrogent le droit de se défaire de leur impartialité et de faire la morale à ceux qu’ils accusent de ne pas voter « comme il faudrait ». Si les journalistes parlent de pédagogie, il faut admettre que le travail de Mathias Reymond est suffisamment parlant pour que le terme « propagande » s’impose de manière inévitable, citations et Unes de grands journaux toujours à l’appui. La seconde partie concerne la mobilisation des médias dans la lutte contre le FN : une fois le choc de l’annonce passé, il s’agit de s’assurer que les électeurs ne feront pas deux fois la même erreur et voterons cette fois pour le candidat attendu. Tous les journalistes (à de remarquables et très rares exceptions près) se mobilisent ainsi pour tenter de discréditer le candidat FN : on épluche son programme à la lettre, on met en scène des théories fumeuses qui font fi de tous les sondages pour imaginer des scénarios catastrophes… Chirac et Macron sont en revanche encensés par la presse qui ne se lasse pas de démontrer, à coup d’arguments là encore très discutables, qu’il y a presque de quoi être fier de voter pour le candidat « de la modération ». Il est également important de montrer que ce candidat adoubé par les médias à aussi le soutien du show-biz. Si le phénomène a quasi disparu en 2017, il occupe en 2002 une grande part des médias qui célèbrent l’engagement des artistes et leurs nombreuses initiatives et interventions pour inciter les Français à mettre le bon bulletin dans l’urne. Qu’on ne se trompe pas : l’auteur ne cherche pas ici à défendre le FN ni son programme, et il ne nie en rien le fait que l’arrivée au pouvoir de Le Pen (père comme fille) serait une catastrophe. Pour autant, n’est-on pas en droit de s’interroger sur la légitimité d’une telle élection ni sur le rôle des médias lorsque le traitement médiatique des deux candidats en lice apparaît aussi ouvertement inégal ? De même, il ne s’agit en aucun cas de vilipender l’ensemble des journalistes qui seraient tous à mettre dans le même panier et qui conspireraient tous ensemble à manipuler leur lectorat. Ça n’est pas du tout le cas. Seulement, là encore, force est de constater que l’attitude et le discours des grandes figures mises en avant par les médias (il ne s’agit pas là de « simples » pigistes ou de reporters, ne nous trompons pas), pose inévitablement question.



Cette phase de mobilisation de toutes les « bonnes volontés » s’accompagne aussi et surtout d’une phase de culpabilisation, qui fait l’objet de la troisième partie de l’ouvrage. Cette culpabilisation, elle prend d’abord la forme d’une injonction de tous à appeler à voter POUR Chirac et Macron. Se contenter de dire qu’il faut voter CONTRE le FN ne suffit pas, et tout sera fait pour discréditer et vilipender tous ceux qui se contenteraient de cet entre-deux. En 2002, tout le monde joue le jeu : les voix dissidentes sont très rares, et le discours quasi-unanime. En 2017, la contestation est un peu plus forte, mais la réaction des médias toujours aussi peu mesurée : si on ne vote pas Macron, on vote Le Pen. Abstention ? Le Pen. Vote blanc ? Le Pen. Il n’y a tout simplement pas d’autres alternatives envisageables, et gare à ceux qui, pour les journalistes, auraient un discours ambiguë. Le cas Mélenchon constitue à ce sujet un cas d’école. Le candidat de la France insoumise a beau répéter que pas une voix de ses électeurs ne doit aller et n’ira au FN, cela ne suffit pas tant qu’il n’a pas prononcé les mots magique « votez Macron ». Or, les Insoumis refusent de se plier à l’injonction : ils n’iront pas voter Le Pen (en dépit des tentatives navrantes des médias pour rapprocher FI et FN, les deux programmes n’ont strictement rien à voir), mais ils se réservent le droit de ne pas voter Macron pour autant. Tollé sur toutes les chaînes d’info, à la radio et dans la presse : on accule, on dénonce, on menace même parfois, tout est bon pour que les Insoumis rentrent dans le rang (c’est d’autant plus drôle que les électeurs déçus de François Fillon qui, eux, sont nombreux à déclarer vouloir voter Le Pen au deuxième tour, ne se verront jamais traités de la sorte). Cet aspect du travail de l’ouvrage de Mathias Reymond (encore une fois citations et dessins de presse à l’appui) permet de mettre en lumière une autre facette des médias dominants et de leur influence : ils ont le pouvoir de consécration ou de stigmatisation d’une idée ou d’un candidat. Ainsi, si Macron est adoubé par la classe médiatique dès avant le premier tour (les doubles pages recensant les Unes qui lui sont consacrées finissent par donner la nausée tant elles sont nombreuses !), Mélenchon, lui, fait l’objet d’une véritable détestation de la part de quantité de grandes figures médiatiques qui ne cherchent même pas à cacher le mépris qu’ils ont pour le candidat FI. Ce mépris, il est d’ailleurs flagrant dès lors qu’il s’agit de donner la parole (équité oblige) à ceux qui sont présentés avec un dédain non dissimulé comme des « petits candidats ». Ceux-là, inutile de les questionner sur leur programme, ni sur leurs idées. Non, ceux-là, il s’agit de les humilier, de montrer à quel point ils sont hors-jeu avant même le début de la course. En 2017 c’est Philippe Poutoux qui en fait notamment les frais, quand en 2002 c’était au tour de Gérard Shivardi (Parti des travailleurs), de Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et traditions), et de bien d’autres.



Une fois la dernière page tournée, le constat est sans appel : les médias sont des médias de parti pris (avec plus ou moins de nuances en fonction du média) et ceux-ci n’hésitent pas à monter au créneau pour défendre l’orientation politique qu’ils estiment être la bonne. Les journalistes ne sont évidemment pas tous semblables, mais on constate tout de même qu’en période de grosses tensions sociales et politiques (et on le voit aujourd’hui encore avec l’épisode des Gilets jaunes), la plupart des médias se mettent au diapason dans le but de stigmatiser ou légitimer un candidat, une idée, une politique. Or, c’est justement ce parti pris flagrant qui participe depuis des années à creuser le fossé qui sépare les médias dominants des classes populaires, celles-ci acceptant de moins en moins d’être sermonnées par une classe dirigeante à votez comme eux l’entendent. « Au nom de la démocratie, votez ! Mais surtout, votez bien ! »
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Les éditocrates, tome 1

Ils envahissent l’espace médiatique et s’autoproclament agitateurs des débats publics … Ils ne sont experts de rien mais ils distillent leurs opinions sur tout… des pommettes de Michael Jackson à la guerre en Georgie... « lls »… sont les éditocrates !

D’Alain Duhamel, le spécialiste de la pensée unique au conformiste Philippe Val, en passant par BHL l’audacieux touche-à-tout adepte de la vérité à distance, Christophe Babier, le spécialiste des idées moisies, l’orgueilleux Jacques Attali ou encore Alexandre Adler, alias Nostradamus… les auteurs passent au crible 10 éditorialistes qui sont plus incontournables par leur faculté à se faire coopter par des amis bien placés et à changer de chemise quand le vent tourne que par la pertinence de leurs analyses.



Les Editocrates est un pamphlet audacieux et divertissant, très bien écrit et cinglant à souhait. Ce florilège de contradictions, de manipulations et de prise de positions parfois douteuses de la part de ces éditocrates laisse tout de même une impression de règlement de compte et de facilité envers la critique. Le parti-pris dénoncé par ce collectif est d’ailleurs lui-même adopté à l’inverse.

Enfin, « l’éditocratie » semble reposer uniquement sur ces 10 trublions, il aurait peut-être été intéressant d’analyser les média de manière générale et d’inclure d’autres formes de journalisme.
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Les éditocrates, tome 1

Un pamphlet de haut vol, qui laisse un goût de trop peu doublé d'un certain malaise... [Voir le blog pour la suite]
Lien : http://cheveuxauxvents.wordp..
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Les éditocrates, tome 1

Comment apprendre au bon peuple à penser ce qu'il doit penser : faire parler des spécialistes en escroqueries dans les médias . Les falsificateurs ne sont pas à une contradiction près , suivant le sens du vent , ils diront éventuellement le contraire de la veille . BHL s'était fait entarté plusieurs fois et ça ne lui sert pas de leçon , à quand le tour des autres ?
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Les éditocrates, tome 1

Une critique sans concession de l'éditocratie. Je reste réservé sur les profils d'Alain Duhamel et de Jacques Marseille.
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Les éditocrates, tome 1

Du classique dans la critique des médias, béton. Une bonne piqûre de rappel sur les méfaits de ces 10 éditocrates

(BHL, Joffrin, Adler, Attali, Duhamel, Barbier, Marseille, Rioufol, Val, Baverez)
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Médias et mobilisations sociales

Un ouvrage salutaire de l'ACRIMED sur l'orchestration du mépris par les grands médias...



Encore un petit ouvrage salutaire dont l'ACRIMED (Action-Critique-Medias : www.acrimed.org) a le secret. Ici, Henri Maler et Mathias Reymond décortiquent avec patience et rigueur la manière dont les grands médias ignorent, travestissent, ou même méprisent plus ou moins ouvertement, consciemment et "inconsciemment", les mobilisations sociales. Les recettes et les mécanismes mis en oeuvre sont présentés avec clarté, détail et volonté d'objectivité. C'est hélas extrêmement instructif, et convaincant. À noter enfin quelques belles illustrations fournies par l'artiste Mathieu Colloghan.

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