La Mort dans l'âme de
Mathieu Lecerf aux éditions Robert Laffont
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Ils firent l’amour comme si demain n’existait plus.
Dans le dortoir calme et désert, allongé sur son lit, Thomas lisait 1984, de Georges Orwell. Au fil des pages, il en était terrifié ; avec l'impression de vivre lui aussi dans ce monde sans espoir, sous surveillance perpétuelle.
La porte s'entrouvrit soudain : un vieux prêtre passa la tête :
- Le Directeur veut te voir dans la salle d'étude, grogna le religieux.
Après avoir occupé pendant plus d'un siècle le mythique 36 quai des Orfèvres, la police judiciaire de Paris avait récemment déménagé dans le 17ème arrondissement.
Au magnifique monument historique trônant sur l'île de la Cité, succédait aujourd'hui une tour contemporaine de dix niveaux tout de béton et de verre.
Aux légendaires cent quarante huit marches gravies par les plus grands criminels du XXe siècle se substituaient des ascenseurs aseptisés et sans histoire.
Les petits bureaux mansardés s'étaient transformés en des espaces épurés et insignifiants.

Déjà des mois qu’elle survivait grâce à lui – à lui seul !
Des mois entiers qu’il avait passé à la nourrir, la soigner, la laver, la baiser pour y déverser son poison – sans résultat pour l’instant. Mais ça ne l’empêchait pas de se délecter chaque jour de sa présence, c’était sa préférée, et de loin. Comme un délicieux bonbon aux yeux réglisse et aux cheveux chocolat. Il ne chassait d’ailleurs plus depuis qu’il l’avait trouvée, pleinement satisfait de sa divine créature, si douce, si délicate, qu’elle en était irréelle. Il n’en espérait plus aucune autre, il voulait seulement profiter de cet état d’osmose, de cette béatitude qu’il recherchait depuis tant d’années et qu’il avait enfin atteinte grâce à elle. Il avait touché son Graal, ramené en son royaume le plus beau des trophées. Il avait gagné la guerre. Après des décennies d’insatisfactions, d’espoirs éphémères, d’illusions de bonheur, il avait enfin fini par mettre la main dessus, sur son essentielle.
Sa reine.
Installé sur le tabouret en bois face au lit, Ernesto la regarda fixement : elle lorgnait le bol fumant. Il frotta son visage buriné brûlé par le soleil, glissa ses mains calleuses sous les bretelles de sa salopette. Il ne fut pas vexé qu’elle ne lève pas un œil sur lui, il savait qu’elle l’aimait malgré tout, qu’elle le désirait, lui et pas un autre. D’autant plus qu’il comprit à son attitude qu’elle avait envie de le dévorer. En inspirant lentement il imagina ses poumons exploser dans sa poitrine, des milliers d’éclats organiques qui giclaient sur ses côtés et dégoulinaient jusqu’à son pubis en fusion.
Une fois soulagé, il remonta sa salopette et observa la gosse s’emparer d’un œuf, le porter à son nez, le tourner dans tous les sens, gratter les résidus de coquille passés entre les mailles.
Quand elle eut achevé son repas, il lui tendit un mouchoir en papier. Elle essuya les grains collés sur ses phalanges fascinantes. Lorsqu’il lui rattacha le poignet, il sentit l’haleine de la gamine et son effluence l’excita aussitôt. Mais il n’avait pas le temps pour un deuxième assaut. A la place, il vida le seau d’excréments dans la fosse à l’encoignure. Puis il verrouilla la porte et disparut dans les ténèbres.
Doloria contemplait la dépouille avec apitoiement, bouleversée elle aussi par cette confirmation.
Sa première affaire serait donc celle-ci.
Le meurtre sordide d'une jeune religieuse.
Elle se sentait creuse, comme une poupée russe dépourvue de petites sœurs
Oui ! C'est de la folie, Esperanza ! Exactement ! Tout ça semble plus gros que l'assassinat d'une jeune religieuse ! s'exclama-t-il en se signant avec cynisme avant d'embrasser ses doigts. Maintenant avec cette attaque aux moyens colossaux, ça prend tout de suite d'autres proportions, car, crois-moi, c'était un vrai travail de pro. C'est un miracle qu'on s'en soit sortis tous les deux.
Parmi toutes les émotions humaines, en est-il une qui soit plus puissante que le désir ? Aucune. Rien n'est plus fort.
Perdre tout espoir avait-il été la solution ?
Sa reine.
Installé sur le tabouret en bois face au lit, Ernesto regarda fixement : elle lorgnait le bol fumant. Il frotta son visage buriné brûlé par le soleil, glissa ses mains calleuses sous les bretelles de sa salopette.
Il ne fut pas vexé qu’elle ne lève pas un œil sur lui, il savait qu’elle l’aimait malgré tout, qu’elle le désirait, lui et pas un autre. D’autant plus qu’il comprit à son attitude qu’elle avait envie de le dévorer.
En inspirant lentement il imagina ses poumons exploser dans sa poitrine, des milliers d’éclats organiques qui giclaient sur ses côtés et dégoulinaient jusqu’à son pubis en fusion.