J'étais jeune, ambitieuse, carriériste et compétitive, enfant d'une génération qui se définit par ce qu'elle fait dans la vie et non par ce qu'elle est ou ce qu'elle croit. Je ne pouvais pas concevoir que la seule 'réalisation' de ma vie serait ma famille, mes enfants, non, il fallait que je m'accomplisse professionnellement, que je brille en société, que les autres me regardent avec envie, que je sois cette femme si forte, capable de mener de front une carrière remarquable et une vie professionnelle épanouie. Vous me regardiez avec un sourire plein de circonspection, et je déchiffre mieux maintenant ce 'pauvre idiote' que l'expérience vous poussait à murmurer du bout des lèvres et que les convenances vous ont imposé de taire. Vous n'avez jamais abandonné [votre fils] Maxime, et vous n'envisagiez rien de moins pour vos petits-enfants que ce sacerdoce.
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