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3.37/5 (sur 41 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Belfort , 1987
Biographie :

Après des études de littérature à Strasbourg puis à Naples, Mathilde Chapuis sillonne la Grèce, la Turquie et le Liban avant de s’installer de 2013 à 2015 à Istanbul.

Depuis 2016, elle vit à Bruxelles.

"Nafar" (2019), son premier roman, se nourrit d’une précieuse proximité avec des exilés syriens rencontrés en Turquie.

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La tulipe était la fleur préférée des sultans. Au XVIIIe siècle, l’élite ottomane convoitait les bulbes rares ; couvrir sa cour et ses jardins avec cette fleur, c’était exposer l’étendue de ses privilèges et de sa richesse. Partout représentée, tissée dans la soie, sculptée sur les vases, stylisée dans le bois, l’argent et l’or, elle est devenue l’un des symboles d’Istanbul.
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Mais il me faut tes joues, tes joues lisses des joues barbus tes joues pour poser mes mains tes joues pour poser mes lèvres...
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J’ai rencontré un homme qui échoue. Un homme qui, se regardant dans le miroir le matin, ne se reconnaît plus. Un homme qui évite de se pencher sur son histoire, car la douleur serait trop vive.
T’aurais-je aimé si je t’avais connu avant la guerre ? Aurais-je aimé l’homme solide, l’homme fort ? Celui qui voulait être riche et qui se promenait dans Homs, le torse bombé, les mains dans les poches de sa veste bleue ? Aurais-je ne serait-ce que tourné les yeux sur le patron d’un café, fier, et peut-être même un peu arrogant ?
J’ai rencontré un homme qui jadis savait tout faire. Un homme efficace, énergique et performant. Chaque chose avait une place, chaque chose avait un sens. Malgré l’oppression. Et puis tout s’est voilé d’un seul coup. Il n’est plus le patron, c’est sous les ordres d’un autre qu’il travaille désormais.
Ses ambitions ne portent plus sur la vaste étendue des possibles mais sur le petit terrain infertile d’un destin déchu.
J’ai rencontré un homme que rien n’arrête.
A genoux. Le dos courbé. Le front cabossé.
Dans la nuit, il bute, il trébuche, à tâtons, les bras tendus.
Un homme gouverné par un optimisme aveugle.
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Tu veux quitter pantalon, slip et chaussures, tout arracher d'un coup. Ah quelle délivrance ce serait ! Chasser cette crasse, ce tissu qui colle. Extirper muscles et os, quitter ta peau.
Une peau de nafar que tu n'as d'autre choix que de porter et qui t'entrave.
Car on a beau résister, ne pas vouloir l'enfiler, c'est malgré soi qu'on l'endosse. Il y a la faim, l'angoisse et l'épuisement. Il y a le passage dans l'illégalité. Se retrouver dans une région en marge, frange transitoire d'un monde qui ne veut pas de toi.
Ainsi, l'homme qui a débarqué deux jours plus tôt dans les rues d'Edirne, les mains dans les poches de sa veste bleue, rasé de près, cet homme-là n'est plus.
(...)
Une force invisible mais implacable est en train de te changer en miséreux.
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Jadis, tu voulais gagner de l’argent, devenir riche, être influent. Tu as œuvré dans ce but. Tu voulais le succès. Tu savais où le trouver. Le succès qui naît de la faculté de convaincre les autres, de les séduire et de les entraîner dans tes projets. C’est ainsi que tu as prospéré.
Mais ton café n’existe plus. Ses murs de pierre volcanique, ses cascades de jasmins, sa fontaine et ses soixante-dix chaises : des ruines dans le centre de Homs.
Parfois tu dis : « Que peut-on espérer de celui qui a tout perdu ? Hier j’avais construit quelque chose. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Que peut-on espérer de celui qui été réduit à un mendiant ? »
Tu sais qu’à l’étranger tu ne reconstruiras jamais quelque chose d’aussi ambitieux. Non par manque de volonté mais par manque de mots. Les mots pour comprendre, les mots pour convaincre et pour séduire.
Ta langue maternelle est devenue barrière. Depuis ton arrivée en Turquie, elle suscite méfiance et parfois même hostilité. Elle te dépossède. Il fau que tu las remplaces par une langue que tu maîtriseras jamais assez pour pouvoir conquérir. Aujourd’hui le turc, demain le grec, peut-être le suédois. Une langue qui ne sera pas une force mais une faiblesse. Pas un recours mais un écueil, un outil défaillant, une traîtresse.
« Que peut-on espérer de celui qui a tout perdu, y compris les mots ? »
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« Nafar ». Le mot viendrait de l’arabe classique. Si c’est un nom, il aurait servi à désigner un groupe de trois à dix personnes. Si c’est un verbe, il aurait signifié quitter sa patrie pour aller vers une autre, partir au loin. Aujourd’hui, en Arabie Saoudite, il sert à nommer les travailleurs d’Inde venus fournir une main-d’œuvre peu coûteuse. Le mot s’est répandu, utilisé pour pointer celui qui est issu d’une région pauvre, contraint de travailler dans une plus riche, coupé de son berceau, perpétuellement en transit.
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« J’ai de la place pour cinq nafarat, t’en as de côté ? »
C’est dans la bouche d’un client du Café Vatan que tu as entendu pour la première fois le mot sous sa nouvelle acception.
« Quatre seulement. Ils attendent, ils sont prêts. »
Les passeurs utilisent le terme pour parler des prétendants à l’Europe, les nommant ainsi par paquet, comme une quelconque marchandise de contrebande.
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Tu dis souvent : « Je ne suis plus l’homme que j’étais avant la guerre. »
Tu dis aussi : « Avant, j’étais insouciant, je ne savais pas ce qui est important. J’ai changé. »
Jadis, tu voulais gagner de l’argent, devenir riche, être influent. Tu as œuvré dans ce but. Tu voulais le succès. Tu savais où le trouver. Le succès qui naît de la faculté de convaincre les autres, de les séduire et de les entraîner dans tes projets. C’est ainsi que tu as prospéré.
Mais ton café n’existe plus. Ses murs de pierre volcanique, ses cascades de jasmins, sa fontaine et ses soixante-dix chaises : des ruines dans le centre de Homs.
Parfois tu dis : « Que peut-on espérer de celui qui a tout perdu ? Hier j’avais construit quelque chose. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Que peut-on espérer de celui qui été réduit à un mendiant ? »
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Tu sais comme j’aime regarder les plans, tracer et retrouver les itinéraires empruntés. J’aime la beauté des cartes anciennes, la façon dont on représentait les mers, les fleuves et les villages. On ne dessine pas seulement un territoire mais l’on raconte des voyages, des exodes et des événements historiques. On lit des récits d’aventures, on piste des personnages dans leurs tribulations, des armées ou des peuples tout entiers dans leur déroute. A travers les haltes et les détours, ce sont les souffrances et les doutes qui s’expriment. On entre dans le cœur des choses. Car ces lignes, droites ou serpentines, sont un peu le reflet des destins qui les ont inspirées.
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Il est si agréable de se promener sur al Dablan quand les arbres commencent à bourgeonner. Ce sera très vite la saison des abricots, on fera de la confiture. L’air embaumera bientôt du parfum des roses et une myriade de petites fleurs au parfum envoûtant écloront sur la verdure qui couvre les parois intérieures de ton café. Ici je veux parler du café dont tu es le propriétaire, celui que tu as laissé aux bons soins de tes employés le temps d’aller faire un tour cette après-midi-là.
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