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Citations de Mathilde Levesque (46)


La première fois que j’ai entendu parler d’autodéfense intellectuelle, je n’ai moi-même pas compris l’expression.
C’était pourtant une évidence dans mon travail de tous les jours. Enseignante dans un établissement dit « difficile », dans un lycée dit « de banlieue », j’avais remarqué depuis bien longtemps – et je n’étais évidemment pas la première – que mes élèves étaient très souvent sur la défensive. J’ai longtemps cherché à comprendre pourquoi, jusqu’à ce qu’on me suggère de travailler sur les formes que pourrait prendre l’autodéfense intellectuelle dans notre société. Telle que je l’approchais intuitivement, cette notion représentait la possibilité d’offrir aux plus faibles les moyens de ne pas se faire écraser, dans une interaction hiérarchique par exemple.
Mes recherches l’ont conduite tout d’abord à une célèbre pensée du linguiste Noam Chomsky : « Un vrai système d’éducation donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. » Je me suis alors dit que l’autodéfense intellectuelle devait désigner quelque chose comme la « nécessité de se construire un esprit critique ». C’est ce sens-là que je retrouvai dans les deux principaux ouvrages consacrés à cette notion : les Petits cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon et le Manuel d’autodéfense intellectuelle de Sophie Mazet.
L’ensemble de ces travaux constitue une aide précieuse pour notre défi quotidien en tant qu’enseignants : apprendre à nos élèves la distance critique face à l’information – et c’est d’ailleurs l’objectif que s’est fixé Sophie Mazet avec ses propres élèves, dans le cours qu’elle a monté en Seine-Saint-Denis.
En dépit de l’apport scientifique indéniable de ces études, je me trouvais face à un manque : il me semblait que l’autodéfense intellectuelle, telle qu’elle était entendue par ces trois auteurs, ne prenait pas en compte la violence ordinaire des échanges humains de laquelle il faut, aussi, savoir se protéger. C’est donc dans cette perspective que se place essentiellement ce livre.
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Pas un jour sans qu’un employé se taise devant les improbables injonctions de son patron. Sans qu’une femme perde, sous le coup d’humiliations ponctuelles ou répétées, sa confiance en elle. Sans qu’un timide abandonne, baisse les bras, face à une société où les dominants tiennent à leur place.
Ce livre s’adresse à eux, et plus généralement à tous ceux qui croient qu’on ne peut rien y faire. Que c’est comme ça.
Il est en réalité toujours possible d’agir : c’est en sachant décrypter les stratégies de l’autre que vous pourrez sereinement vous positionner et vous protéger.
Se faire respecter ne doit pas être un idéal inaccessible, ni rester l’apanage des puissants ou des violents. C’est, aussi, un art qui s’apprend, notamment à travers le discours.
Si les mots des autres vous paralysent, vous apprendrez à les dompter.
Si vous avez aussi peur de vous-même que du monde, vous déciderez de vous connaître pour mieux être inaccessible aux autres.
Si vous avez la riposte violente et colérique, vous accepterez de respecter l’autre pour devenir à votre tour respectable.
Si vous savez lorsqu’on manipule mais que vous n’arrivez jamais vraiment à savoir comment, vous pourrez désormais nommer et identifier la moindre stratégie de votre interlocuteur.
Si vous avez l’impression que vos adversaires vous écrasent, vous vous amuserez à en faire des partenaires et vous appuierez sur eux pour avoir le dernier mot.
Si, justement, vous aimez avoir le dernier mot à tout prix, vous accepterez parfois de choisir le silence.
Enfin, si vous craignez les paradoxes, vous vous ferez un plaisir de vous montrer à la fois cohérent dans les valeurs que vous défendez, et imprévisible dans la manière de le faire. Vous deviendrez, au sens propre comme au sens figuré, insaisissable.
Se protéger face aux multiples manipulations et agressions est, hélas, une nécessité. Mais se préserver n’est rien si on le fait sans dignité. Garder la tête haute, c’est d’abord ne pas avoir à baisser les yeux. Ni face à l’autre, ni face à soi-même.
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–Madame, s'il-vous-plaaaaaaît !!!!
–Non mais je vous fais déjà une fleur là, donc ça suffit !
–Oui ben merci d'enlever les épines, hein, madame !
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–Je croyais vous avoir déjà dit que je ne voulais JAMAIS entendre de propos à caractère homophobe.
–Nan mais...
–Non mais rien du tout. Ça fonctionne exactement comme le discours raciste. Vous savez, la peur de l'homosexuel, c'est exactement comme la peur du Noir.
–Euh madame, par contre, moi j'ai pas peur du noir, je dors même la lumière éteinte.

Et le cours reprit le plus naturellement du monde.
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–Madame, c'est quoi un palindrome ?
–LOL
–Mais j'ai dit quoi encore ?
–Non mais «LOL» est un palindrome.
–Hein ?!
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(On frappe à la porte)
– C’est ouvert !
– Euh… Un extraterrestre, Madame ? (kakemphaton)
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Vas-y, wesh, fais pas ta Bovary ! (antonomase)
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J’ai le seum’ mais de nouvelles baskets. (zeugma)
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T’as vu, mec, me poser tranquille et choper des meufs, c’est tout ce que je vais faire pendant les vacances – et préparer le concours général de maths. (hyperbate)
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Madame, vous ne pouvez pas décaler le devoir à vendredi, enfin au moins à demain, quoi ? (épanorthose)
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Mathilde Levesque
Madame, vous ne pouvez pas décaler le devoir à vendredi, enfin au moins à demain, quoi ? (épanorthose)
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Dans le cadre de mes études, puis de mon enseignement à l’université, j’ai d’abord été du côté de l’exercice : l’un des cours que je devais assurer pendant six mois s’intitulait même « Les figures de style ». Véritable détecteur de métaphores et autres euphémismes, je disséquais les textes et j’apprenais à mes étudiants à faire de même.
Et puis il y a eu le lycée, en Seine-Saint-Denis. La rhétorique était dans la rue, et j’en prenais conscience pour la première fois, en découvrant la puissance de ce qu’on appelle le « bagou ». Comme Aristote l’avait pressenti, il n’était pas nécessaire d’avoir lu la Rhétorique pour être un as des figures de style. Cela m’a semblé d’excellent augure pour mes élèves, parfois méfiants à l’égard du cadre scolaire, mais néanmoins passionnés au quotidien par l’évolution de la langue. Car enseigner dans le 93, c’est aussi avoir la chance d’évoluer dans un incroyable vivier linguistique et de penser à autre chose qu’à « l’obscure clarté qui tombe des étoiles » pour illustrer l’oxymore et au discutable « va, je ne te hais point » pour la litote.
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- Ma parole, vous avez un baobab dans la main ! Je n'en peux plus !
- J'avoue Madame : j'ai la main verte
( p92)
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Derrière la colère des élèves se cache souvent un immense chagrin, qu'ils mettent un soin infini à dissimuler, tout en nous haïssant de ne pas le voir.
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- Et donc, comment s'appelle ce courant dont on a coutume de dire, partiellement à tort, qu'il place l'homme au centre de tout ?
- Le sexisme ! (p.81)
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- Pouvez-vous me relever une caractéristique du discours amoureux dans ce texte ?
- Ben oui : ils se parlent sans se comprendre. (p.56)
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- Non mais c'est insupportable : vous êtes encore en retard !
- Mais non, madame, c'est l'heure qu'est en avance !
#Astuce !
(p.54)
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Parfois, on envisage de transformer la provocation en énergie renouvelable. (p.29)
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- La prochaine fois que vous dites "l'auteur" au lieu du narrateur, j'envoie votre 06 à un taxidermiste !!
- Ah ben pour une fois qu'on viendrait pas nous chercher en charter ! (p.21)
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– Madame ça s'écrit comment «à part» ?
– h-a-p-a-r-e
– Mais vous êtes vraiment complètement ouf.
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