Détrompe-toi. Les explorateurs de ,l’Arctique ont souffert de la soif autant que ceux du Sahara. Il faut d’abord faire fondre la neige, et ça, ça te pompe de l’énergie. Si tu la croques, ça fait baisser la température de ton corps, ce qui te donne des crampes, qui peuvent être fatales. La diarrhée et la déshydratation sont des ennemis, tout autant que le froid.
Cela m’a frappé de m’apercevoir que, dans mon esprit, les gens qui avaient débarqué à notre étage étaient devenus des «réfugiés».
Celui qui veut voir ce que réserve l'avenir n'a qu'à se tourner vers le passé.
Du soleil entrait par la fenêtre. C’était le matin, mais je n’avais aucune idée de l’heure. La batterie de mon téléphone était à plat, et je ne portais plus de montre-bracelet depuis des lustres.
— Je suis d’accord. Par peur du terrorisme, nous avons accepté que le gouvernement collecte des informations personnelles, surveille nos faits et gestes, mette des caméras partout.
— Mais si tu ne fais rien de mal, tu n’as rien à craindre, ai-je souligné. Moi, ça m’est égal de renoncer à un peu de liberté en échange d’une meilleure sécurité.
— C’est là que tu te plantes. Tu as toutes les raisons d’avoir peur. Où vont-elles, ces informations ?
Il faisait un froid de gueux.
Protéger notre liberté est un travail de chaque jour, et cela commence par la protection de nos données personnelles sur Internet – qui est, elle, de notre responsabilité. Si on suspend notre vigilance, petit à petit, on perdra toutes les libertés pour lesquelles nos ancêtres ont combattu.
Et si tout le monde était responsable, cela signifiait-il qu’il ne fallait blâmer personne ?
La lumière déclinait et la neige tombait plus dru ; il y avait de nouveau du blizzard dans l’air. Au retour de Penn Station, nous avions décidé de pousser tant bien que mal jusqu’à Meatpacking, où se trouvait le garage de Chuck. Nous avions cheminé le long de rues quasi désertes, sauf lorsque nous étions passés devant l’hôtel Gansevoort, sur la Neuvième Avenue.
Une foule impressionnante était massée devant le bâtiment, encore illuminé comme un sapin de Noël, et exigeait à cor et à cri de se réfugier dans l’hôtel de luxe. Une armada d’imposants cerbères lui tenait tête. Tout le monde hurlait.
Dans ce pays, chaque fois qu’on soupçonne le gouvernement de vouloir réglementer la vente de fusils d’assaut, les gens deviennent fous et hurlent au liberticide. Ces nouvelles lois donnent au gouvernement un droit de regard sur tout ce que tu fais, sans ton consentement – et personne n’ouvre la bouche ! Qu’est-ce qui définit la liberté ? Les libertés civiles, qui elles-mêmes reposent sur le respect de la vie privée. Si on foule ce respect aux pieds, c’est la fin des libertés civiles, et donc de la liberté tout court.