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Citation de bbpoussy


Je glisse lentement pour me fondre avec le sol glacé. Je me vide avant de m’élever. Le temps s’arrête. Je ne suis plus composé de matière. Je n’ai plus de texture. Je flotte simplement au-dessus du sol. Je suis dans l’air ambiant, je suis même l’air ambiant jusqu’à ce que je m’éparpille en une infinité de fragments. Je suis ces gouttes qui s’écrasent sur la fenêtre avec l’averse. Je suis le courant d’air à l’entrée du service. Je suis le café dans le thermos de cette infirmière en fin de carrière. Je suis la lumière des néons, le faux plafond miteux et le lino qui en a bavé. Je suis le battement de chaque cœur, de chaque personne. Je suis le parfum sucré dans le cou d’une femme. La braise incandescente d’une cigarette après l’amour. Je suis un frisson sur des milliers d’individus. L’intuition de l’un, l’espoir de l’autre. Je suis des éclats de rire en terrasse, un pourboire laissé avec plaisir et les larmes de ceux qui n’abandonnent jamais. Je suis la joie d’un môme quand ses parents rentrent à la maison. Je suis un poing levé, un sourire qui dit merde. Je suis la peine et la grandeur. Une toile blanche et une pièce de maître au musée. Je suis un tas de prières qui partent en fumée, mais qui font du bien en vérité. Je suis la justice après l’injustice. Le cri d’un nouveau-né. Je suis un petit miracle. L’instinct de survie d’un prématuré condamné. J’entre partout, dans toutes les fibres, dans toutes les pensées et dans tous les cœurs. J’incarne le lien invisible entre chaque être. Je me fais discret jusqu’au creux des veines. Je suis une portion de chaque arbre, le pistil de chaque fleur. Je m’étends dans l’immensité du ciel, je recouvre la moindre brique, la moindre poutre, je suis le béton, la terre, les grains de sable, les nuages, les mers et les rivières. Depuis de colossales chaînes de montagnes jusqu’aux ondes wifi, depuis l’invisible détail jusqu’à l’immensité absolue, je suis partout. Pendant une seconde, mon esprit se dilate et se contracte à l’infini. Durant cette unique seconde, je suis le pouls de l’univers. Je suis sept milliards de pulsations cardiaques qui battent à l’unisson. J’inspire plusieurs milliers de soupirs extatiques, je me mêle à des millions de rapports amoureux dans un orgasme planétaire et j’embrasse cette vie qui palpite à l’intérieur d’un grand tout. Là, tout de suite, l’instant t se confond avec l’éternité, et c’est beau à en crever. Avant que tout ne redevienne blanc et que cette seconde ne prenne fin… Avant que je n’éclate pour me recomposer comme avant. Simplement moi. Simplement Thomas.
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