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4/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 29/06/1975
Biographie :

Matthieu Giroux est journaliste et auteur.

Après des études en classe préparatoire Hypokhâgne et Khâgne, une formation à Lyon III en lettres, philosophie et théologie, il enseigne la philosophie en classe terminale et à la faculté.

Il anime de formations de philosophie pour les cadres et dirigeants d'entreprise.

En 2013, il a fondé "Philitt", une revue de lettres et de sciences humaines.

Il est l'auteur de "Péguy, un enfant contre le monde moderne" (Première Partie, 2018).

Twitter : https://twitter.com/Matthieu_Giroux

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MATTHIEU GIROUX Charles Péguy - Un enfant contre le monde moderne


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La modernité est une anomalie. Jamais, jusque-là, les hommes n'avaient vécu pour eux-mêmes, pour un bonheur personnel arraché aux définitions imposées par la société ou la religion - et cette promesse n'est pas sans une certaine beauté. Mais voilà que ce mythe fondateur de la modernités nous montre depuis bien longtemps sa face ignoble. Le règne du rationalisme a pavé la voie à une hégémonie de la technique et des machines qui broit l'homme au travail, quand ce n'est pas à la guerre ; le culte de l’individu a façonné une vénération de l'ego ne pouvant déboucher que sur un royaume du médiocre et du futile ; l'empire du scientisme, par son fétichisme de la matière, a conduit à haïr - bien souvent par le sarcasme et le rire - toute vie de l'esprit, jugeant obsolète la dimension spirituelle de l'existence. Ce visage ignoble, peu osent le regarder en face : cela réclamerait de briser une idole que trop chérissent depuis si longtemps. Mais notre nouveau siècle, qui détruit le vivant à un rythme inédit, exige de la regarder fixement. C'est cette tâche à laquelle PHILLIT s'est attelé depuis tant d'années, inspiré par la lucidité de quelques éclaireurs qui ont eu le courage de dire que l'émancipation des chaînes du passé a conduit à un nouvel asservissement, celui de l'homme par lui-même. Plus pernicieux, plus diabolique en un sens, ce servage qui se pense libre ne peut conduire qu'au pire des maux, un nihilisme tantôt triste, souvent festif.
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L’antimodernité, c’est la modernité se questionnant elle-même et instruisant son propre procès. C’est l’attitude philosophique et esthétique d’un Péguy voulant instaurer un socialisme héroïque devant la débâcle du socialisme réel. C’est aussi l’attitude paradoxale d’un Baudelaire, disant son admiration pour la modernité de Constantin Guys, mais s’inquiétant des dérives de l’idéologie du progrès. C’est encore l’attitude d’un Bernanos, dénonçant la « civilisation des machines » et renouvelant, dans une méditation inquiète, le genre romanesque. Comme l’a souligné justement Antoine Compagnon, l’antimoderne est souvent partisan, parfois à ses dépens, de la modernité esthétique. Mais celle-ci va souvent de pair avec une critique radicale du monde tel qu’il est : un monde qui se pense supérieur à tous ceux qui l’ont précédé (Péguy), un monde qui méprise la foi et qui se moque des âmes (Bernanos), un monde dominé par le bourgeois arrogant et hypocrite (Bloy).
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Pour ce qui est du vote de la loi, Rousseau est bien plus radical que ses contemporains, puisqu’il affirme que seul le peuple peut s’en charger, quel que soit le type de régime (monarchie, aristocratie ou démocratie). D’après lui, en effet, « toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi ». Pour le philosophe, aucune loi ne saurait être votée par des représentants du peuple. Rousseau s’insurge contre l’idée d’un corps législatif chargé par le peuple de voter les lois, à l’instar du Parlement anglais : « Le peuple Anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l’est que durant l’élection des membres du Parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. » Et de conclure : « À l’instant qu’un Peuple se donne des Représentants, il n’est plus libre ; il n’est plus. » Seul le peuple est donc légitime à voter les lois.
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Si le surhomme naît de la mort de Dieu, il prouve par l’absurde que l’homme ne peut se passer de lui. En effet, l’intensification de l’existence que le surhomme appelle de ses vœux, aboutit, en dernière instance, à la divinisation de l’homme. Dieu s’étant absenté, l’homme tente de prendre sa place.
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Le citoyen moderne jouit de plus de confort, grâce à l’Etat ; mais il a moins la possibilité d’épanouir sa vertu. On l’abandonne en quelque sorte à sa propre immaturité individuelle, à sa propre absence de morale et de structuration, pour le civiliser d’une façon artificielle, à travers la violence des contraintes juridiques et de la répression sécuritaire. La civilisation moderne n’est plus à certains égards qu’une forme sophistiquée de barbarie. Elle est à la fois excessive dans l’exigence extérieure d’ordre, et laxiste dans l’exigence intérieure de responsabilité.
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Le fameux adage « Quand on veut, on peut » est par excellence un adage moderne. La volonté devient l’outil qui va permettre à l’homme de plier le monde à ses représentations et, par conséquent, de s’arracher à tout ce qui traditionnellement le précède : la Nature pour la soumettre, Dieu pour s’y substituer. Cette révolution philosophique marque l’avènement du « règne de l’homme », pour reprendre l’expression du philosophe Rémi Brague.

TUER DIEU POUR CRÉER LE SURHOMME

L’homme peut dès lors se focaliser sur son destin immanent et abandonner la dimension transcendante de son existence. Pour Nietzsche, deux millénaires de métaphysique nous ont éloignés du sens profond de notre nature. C’est à partir de ce dépouillement, de cette « libération » - qui est en fait une réduction à l’unidimensionnalité de l’existence - que va naître l’idée de surhomme. Si l’homme n’a plus à craindre le châtiment de Dieu, alors il n’a plus besoin de respecter les impératifs moraux. C’est la naissance de l’athéisme. « Si Dieu n’existe pas, tout est permis », écrit Dostoïevski dans les Frères Karamazov. L’athéisme, puisqu’il abolit la crainte du châtiment et s’en remet seulement à la justice des hommes, met dans le même temps tout le système des valeurs en péril. Le surhomme n’est pas possible sans l’idée de la mort de Dieu. Il profite de cette vacance pour séduire notre esprit qui ne peut se passer de transcendance.
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Largent est une puissance. Si vous la laissez à elle-même, elle prend toute la place. Les autres puissances limitaient la puissance de l'argent de l'extérieur, telle une digue. Mais elle a fini par déborder de son lit et gagner tout un monde. Pour Péguy, le monde moderne est ainsi né par abdications successives. Il n'y a pas eu de complot ourdi par quelques-uns pour ménager une place à l'argent et le mettre au sommet. C'est absurde. C’est l’argent qui est accusé et non ceux qui ont de l’argent.
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Les âmes habituées ressemblent à des arbres morts devenus indifférents aux bienfaits de la pluie, laquelle glisse sur leur écorce, sans jamais remonter en eux par la racine.
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les sacrilèges inventés par la « fripouillerie anticléricale » ne sont pas encore les plus graves. Si impudente soit l'impiété dont ils procédent, ils n'excèdent pas la mesure d'une perversité ingénue. Le vrai mal, l'insurmontable horreur, pour Bloy comme pour Bernanos après lui, réside dans la médiocrité des chrétiens contemporains. Étrangers à tout enthousiasme, ennemis des folies par amour, ces croyants pour lesquels, selon le lieu commun raillé par Bloy, « Dieu n'en demande pas tant », sont les premiers responsables de la crise spirituelle que traverse la modernité. Ils ont rapetissé le Christ à leur échelle, de plain-pied avec leur bêtise, leur égoïsme et leur hypocrisie, Ce sont les prêtres plus soucieux de gestion que de gouvernement des âmes, les bourgeois qui sortent de la messe pour aller réclamer leur loyer aux locataires pauvres, ou encore les journalistes de la presse confessionnelle qui dédaignent l'art. Il n'est pas étonnant que la deuxième Personne de la Trinité, ainsi « rebaignée dans une si nauséabende ignominie » (Le Désespéré), apparaisse comme une divinité souillée,
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Le libéralisme a cette particularité de nous affranchir de la morale. C'est sa raison d'être : il nous libère des impératifs éthiques. Nos rapports avec autrui ne sont plus régis par le bien ou le bon, mais par le calcul d'intérêt, ainsi que l'affirme la fameuse "théorie des choix rationnels". Seulement, si l'intérêt nous guide plutôt que la morale, la vie sociale risque fort de devenir assez vite une foire d'empoigne. Face au reflux de la morale, il faut accréditer le règne des lois. Plus on libéralise les mœurs, plus on doit en même temps sécuriser la sphère sociale. La police est tenue d'intervenir pour départager les individus, car leur conduite n'est plus policée d'elle-même par le devoir. La violence d’État se substitue à la violence des hommes. L’État sécuritaire s'impose par conséquent pour garantir les libertés privées, dans un monde où l'on se détourne du devoir public. Cette disposition d'esprit débouche sur une société plus apaisée et moins exigeante.
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