A Claire...Je dirai quoi ?
Soudain, moi aussi je suis triste de la quitter, fût-ce pour aller en avion...
Je lui dirai tout bas :
--Claire, plus tard nous nous marierons.
L'herbe se couvre vite de rosée. Je frissonnai. Debout, je fus prise de vertige, tant de ciel, tant de solitude. Mes pas dans le gazon . J'ôtai mes sandales dont les semelles imprégnées d'eau pesaient. A peine avais-je posé mes orteils nus que la fraicheur me coula dans le sang. La lune se cachait derrière la maison et je pouvais franchir sans crainte ce néant étoilé.
J'entendis un claquement des pas lourds sur le gravier, devant la maison. Je crus reconnaître le silhouette du jardinier, éclairée par la lune dans ce coin du parc. Comme il allait contourner la maison, une lampe-torche à la main, je l'appelai:
-Monsieur !
Je n'osai avancer pieds nus sur la pierraille coupante.
Il m'aperçut dans la nuit claire et s'approcha.
-J'ai perdu mes sandales dans la pelouse. Vous avez une lampe...
Ma robe soyeuse et décolletée me fit honte.
Quelle heure est-il quand je m'éveille ? Tard déjà, car le soleil est haut Il fait trop chaud sous la couette de laine que je rejette à mes orteils
Du jardin me parviennent des bruits de gravier, et un murmure léger comme l'air Je saute hors du lit et en robe de nuit cours voir. Ah ! Quel joli spectacle; Le jardin est baigné d'une lumière merveilleuse Une petite fille blonde sautille et chante à mi-voix. Elle se baisse en ramassant des cailloux et les dispose religieusement à terre. Ensuite,pieds nus, elle clopine autour de l'arbre
-Bonjour !
-Elle répond sans sourire
-Bonjour, c'est toi qui est ici ?
-Pourquoi sautes-tu à cloche-pied ?
-A cause du marronnier.... Comment tu t'appelles ?
-Laure
-Drôle de nom Ma poupée s'appelle Christine