Georges Quatremains est assis tout au fond de la salle, là où il fait plus sombre. Au-dessous de sa tête, sur une petite étagère, une hure de sanglier le surveille fixement de ses yeux brillants et morts. "Quat'mains" - c'est le sobriquet sous lequel tout le monde le connait ici, avec le soupçon de rapacité que cela sous-entend - Quat'mains regarde devant lui, sur la table, un verre de vin rouge auquel il n'a pas touché. Gabriel, qui fait fonction de "bistro" et d"épicier, s'affaire derrière son comptoir au bout duquel un transistor crachote, en sourdine, des chansons insipides. Tout en surveillant Georges du coin de l'oeil, il essuie les verres et les tasses qu'il n'a pas eu le courage de laver la nuit précédente, quand sont partis les éleveurs qui l'ont éveillé jusqu'à plus de minuit. Avant de rentrer chez eux, ils étaient venus prendre un dernier verre, boire le coup qui était censé les réconcillier après la réunion houleuse qui s'était tenue à la mairie.
(Page 7 début du livre.)
Eric sait bien que Paul s'est puni lui-même puisqu'il a renoncé à l'amitié, et c'est tout ce qui lui restait.
il avait pas besoin de battre sa femme... ça non... Anna... Qu'est-ce qu'elle lui a fait hein ?
Rien... C'est une brave femme, Anna...
Merde ! On t'a pas dit ? Si y boit ? Gaston ? Ah, dis donc! Moi aussi je bois, un peu... On boit tous un peu... pas vrai?
Il suffit de ne pas s'en préoccuper.
Merde ! Les gendarmes! Et y sont pas avec la Peugeot!
Les autres n'ont pas besoin de savoir.