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Citation de AuroraeLibri


— Pourquoi donc ne t𠆞s-tu jamais mariée ? lui demandait Robert. Les époux n’ont pas dû manquer à se proposer, surtout si tu leur as donné tel avant-goût du mariage…
— Parce que le mariage se fait à l’église, et que l’église m𠆞st mauvaise. Agenouillée sur le lit, les mains aux genoux, l’ombre au creux du ventre, Béatrice, les cils bien ouverts, disait :
— Tu comprends, Monseigneur, les prêtres et les papes de Rome et d𠆚vignon n𠆞nseignent pas la vérité. Il n’y a pas un seul Dieu ; il y en a deux, celui de la lumière et celui des ténèbres, le prince du Bien et le prince du Mal. Avant la création du monde, le peuple des ténèbres s𠆞st révolté contre le peuple de la lumière ; et les vassaux du Mal, pour pouvoir vraiment exister, puisque le Mal est le néant et la mort, ont dévoré une partie des principes du Bien. Et parce que les deux forces du Bien et du Mal étaient en eux, ils ont pu créer le monde et engendrer les hommes où les deux principes sont mêlés et toujours en bataille, et où le Mal dirige, puisque c𠆞st l’élément du peuple d’origine. Et l’on voit bien qu’il y a deux principes puisqu’il y a l’homme et la femme, faits comme toi et comme moi, de manière diverse, poursuivait-elle avec un sourire avide. Et c𠆞st le Mal qui chatouille nos ventres et les pousse à se joindre… Or les gens dans lesquels la nature du Mal est plus forte que la nature du Bien doivent honorer Satan et faire pacte avec lui pour être heureux et triompher en leurs affaires ; et ils ne doivent rien faire pour le Seigneur du Bien qui leur est adverse.
Cette étrange philosophie, qui puait fortement le soufre, et où traînaient des bribes mal digérées de manichéisme, d’impurs éléments de doctrines cathares, mal transmis et mal compris, avait plus d�ptes que les gens au pouvoir ne le croyaient. Béatrice ne représentait pas un cas isolé ; mais pour Robert, dont l𠆞sprit n𠆚vait jamais effleuré ce genre de problème, elle entrouvrait les portes d’un monde mystérieux ; il était surtout fort admiratif d𠆞ntendre de tels raisonnements dans la bouche d’une femme.

Deuxième partie
Chapitre VII. La maison Bonnefille
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