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Critiques de Maurice Druon (1055)
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Les Rois maudits, tome 4 : La Loi des Mâles

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 4 : La Loi des Mâles - 1957 : C'était le temps où le royaume de France s’en remettait au hasard des filiations plus ou moins malheureuses pour sa gouvernance. Philippe Le Bel avait été un roi dominateur et intransigeant qui avait étouffé son héritier direct au point d'en faire un homme médiocre et craintif. Pourtant c'est bien ce Louis dit le Hutin qui avait été roi à sa mort profitant de son droit d'ainesse alors que son cadet Philippe avait toute les qualités pour faire un bon monarque. Louis X étant mort d'après l'histoire officielle sans héritier mâle (L'auteur nous explique que le bébé décédé juste après son baptême n'était pas l'enfant Royal mais le fils d'une jeune nourrice qui lui avait été substitué), l'ancienne loi franque dite salique allait s'appliquer pour rejeter les femmes les plus proches de sa succession au bénéfice du frère tant souhaité par l’ensemble des sujets du royaume. La France ne pouvait que se réjouir car c'est bien ce fils prodigue qui allait recevoir la couronne. Mais cette loi salique si judicieusement redécouverte allait vite devenir un vecteur de trouble dans un pays lardé de problèmes d'héritage. En effet comment refuser au plus simple ce qui était valable pour le roi ? Chez les barons même certains comme Robert d'Artois qu'on retrouvait ici dans sa quête inexorable d'un duché dont il se disait spolié dès sa plus tendre enfance par sa tante Mahaut tentait de tirer parti de cette nouvelle disposition juridique. Mais cette mesure comme toutes celles qui engageaient leur lot d'injustices restait une exception applicable uniquement dans les plus hautes sphères du pouvoir. Avec un nouveau pape favorable à la France les intrigues de cours officialisaient le transfert du droit divin entre cette fratrie incapable de donner un enfant masculin à la prospérité. La malédiction de Jacques de Moslay le grand maître des templiers courait toujours sur cette famille de monarques déchirée par le sort et par les désastres d'une consanguinité qui s’étalait sur plusieurs générations. L'héritage de Philippe Le Bel se dilapidait surement dans les veines asséchées de sa descendance. Le roman passait très vite sur le règne trop court de Philippe V. Celui-ci retrouvait sa femme après plusieurs années d’enfermement dans des geôles froides et humides pour avoir tenu la chandelle aux deux autres princesses royales et à leurs amants dans le scandale sexuel qui marquait le début de la saga. La grande histoire soufflait comme une tempête qui balayait les destins des communs trop vulgaires pour compter quand les intérêts des grands étaient en jeu. Ainsi les Bouvines, Béatrice d'Hirson, Spinello Tolomei ou Guccio Baglioni malgré leur importance dans le récit n'étaient que des ombres furtives qui sans leur apparition dans ces pages auraient disparu depuis longtemps dans les souvenirs de tous comme la majorité de l'humanité sur la terre. Ce quatrième volume se détachait particulièrement du reste de l'œuvre comme la charnière ou la transition vers une seconde partie du récit bien moins centré sur la politique et les complots. Indiscutablement "La loi des mâles" liquidait les dernières attaches de Philippe Le Bel avec l’œuvre de Maurice Druon, un roi de fer à la progéniture si fragile qu'elle perdra en très peu de temps sa primauté au profit des Valois... implacable
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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

Les Rois Maudits… Ce titre me laisse encore rêveur tant il est aussi simple et percutant que bien trouvé ! Beaucoup ont découvert cette œuvre par la série télévisée de 1972, d’autres grâce à celle de 2005 ; personnellement, j’ai découvert les Rois Maudits grâce la bibliothèque familiale et par goût précoce pour les romans historiques.

Je ne sais pas si, dès le départ, Maurice Druon visait une hexalogie, mais toujours est-il que, dans ce premier tome, il met en place la trame qui soutiendra l’intrigue jusqu’à la fin du sixième. Il met avant tout en scène des conflits politiques : la lutte pour le trône de France, la joute familiale pour le comté de Flandres, la balance du pouvoir entre Papauté et royauté, des discordes de cour, de marchands, de conspirateurs, etc. Bref, du complot et du politique à tout-va tout au long de ces pages, Le Roi de fer, Philippe IV le Bel, jouant le rôle de clé de voûte de ce premier opus car autour de lui s'articule chaque récit qu'il soit secondaire ou principal ! Point de grandes batailles épiques pour autant, il ne faut pas tout confondre. En effet, Maurice Druon joue davantage sur la simplicité relative des arrière-salles et des bas fonds que des champs de bataille classiques. De même, le style suit ce principe en adoptant un ton direct et des tournures simples. L’ensemble est percutant et se lit avec grand plaisir, du moment qu’on accepte de prendre un petit cours d’histoire de temps en temps.



Toujours est-il qu’avec ce premier tome, Maurice Druon pose magnifiquement les bases de sa série phare pour plusieurs tomes sans qu’il y ait trop besoin de tirer sur la corde : l’auteur travaille ses personnages au corps et leur personnalité à tous évolue intelligemment sans extrémisme ou facilité, principe dont beaucoup de scénaristes ou auteurs d’aujourd’hui devraient s’inspirer au lieu de nous livrer caricatures de personnages et autres fanatiques sans aucune explication.

Mon intérêt de jeune lecteur et de passionné de l’Histoire m’a, enfin, toujours ramené vers les dernières pages de cet ouvrage. Là, pour le plus grand bonheur de ceux que ça intéresse, se mêlent notes historiques et répertoire biographique : de quoi remettre pleinement ce roman historique dans son contexte. Une riche idée pour un plus énorme ! Tout nous pousse alors à vite enchaîner sur le tome suivant, La Reine étranglée, qui vient déjà combler nos attentes sur les intrigues du premier tome. Une saga forte dès le départ !



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Les Rois maudits, tome 5 : La Louve de France

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 5 : La Louve de France - 1959 : La guerre civile déchire l'Angleterre partagée entre un roi légitime mené par des favoris qui s'approprient son pouvoir et sa couche et une reine qui sous prétexte de remettre la couronne entre les mains de son fils pousse son amant aux marches du trône. Ce volume réunit tout ce qu'on souhaite trouver dans un roman historique, de l'aventure, de l'amour, des batailles mais époque oblige beaucoup de sang aussi, de cruauté et de violence. Porté par un souffle formidable il pousse les murs du huit clos qui jusqu'à maintenant enfermait la série dans une intimité familiale superbement lugubre pour entrainer le lecteur à travers les plaines anglaises sous les vivas d'un peuple britannique qui s'éprend au fil des pages du prince royal et de sa jeune épouse. Isabelle sa mère (la fameuse louve de France) imprime dans chaque page la volonté de fer de son père Philippe Le Bel mais aussi le regret d'avoir à l'époque dénoncé ses belles sœurs lors de l'affaire de la tour de Nesle. Car elle qui fut d'une totale intolérance avec l'adultère des trois jeunes princesses comprend maintenant l'appel d'un amour qu'elle ne pourra jamais connaître auprès de son mari. Les penchants sexuels du roi d'Angleterre le pousse vers des hommes qui non seulement le rendent sentimentalement dépendant mais qui en profite aussi pour spolier le pouvoir à une noblesse qui paye dans le sang ses revendications ancestrales. Cette campagne est aussi l'occasion d'assister à la naissance politique d'un futur roi qui malgré son jeune âge va s'imposer comme la figure centrale d'une Angleterre en pleine recomposition. Celui qui deviendra célèbre sur les champs de bataille grâce à son armure d'un noir profond s'affirment de l’autre côté de la manche comme le seul digne représentant du pouvoir royal. Son père lâché de toute part sera capturé et éliminé d'une façon horrible dans un cachot de la tour de Londres tandis que le favori d'Isabelle paiera de sa vie ses ambitions post-monarchiques. Loin de s'épuiser la saga des rois maudits retrouvait en traversant le chanel un second souffle et une acuité historique remarquable. L'écriture gagnait encore en efficacité en se mettant totalement au service de la grande histoire. De romancier talentueux Maurice Druon s'était au fil des volumes rapproché avec brio du métier d'historien tant l'immersion qu'il proposait dans ce moyen-âge si complexe devenait convaincante. "La louve de France" offrait par son dépaysement une pose salutaire dans la généalogie tourmentée des descendants de Philippe Le Bel, c'était là un atout incontestable pour les amateurs de la série... du grand art
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Les Rois maudits, tome 2 : La Reine étranglée

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 2 : La Reine étranglée - 1955 : Tout est consommé, les fils du roi trompés, avilis, humiliés. Les amants du moins ce qu'il en reste pendu au gibet de Montfaucon. Les brus serrées dans des forteresses sombres et imprenables. Et le roi de fer Philippe Le Bel allongé sur son lit de mort, victime dit-on de la malédiction proférée par le grand maitre des templiers sur le bûcher. L'héritier du trône Louis Le Hutin est un jeune homme débile et faible totalement sous la coupe de son oncle Charles Le Valois le frère du défunt qui l'écrase de sa magnificence factice. Louis est rongé par l'infidélité de sa femme et torturé par le doute qui plane sur sa propre paternité. Il lui faut épouser une nouvelle femme pour avoir enfin un enfant légitime et la princesse choisie est d'une beauté surhumaine. Mais voilà malgré l’autorité royale octroyé par dieu lui-même il ne pourra se marier que si Marguerite son épouse légitime accepte la répudiation et du fond de son cachot elle ne semble pas prête à le faire. Peu importe car en ces temps profonds on ne s'embarrasse pas de la vie d'une femme serait-elle reine de France en titre. Ce deuxième volume multiplie les intrigues et les luttes d'influences. Deux parties s'affrontent, celui de l'oncle du roi qui étend sa mainmise néfaste sur la médiocrité du jeune souverain et celui du frère du roi Philippe comte de Poitiers le seul qui semble aux yeux de tous avoir la pointure pour occuper le trône. Alors que Robert et Mahaut continuent leur lutte pour l'héritage d'Artois d'autres personnages circulaires prennent de l'importance comme le banquier italien Tolomei, son neveu Spinello et marie de Crecy son amour secret. La papauté devient après la mort du pape Clément VI victime lui aussi de l'étrange imprécations templière un enjeu que se dispute les représentants du roi et les cardinaux à la solde des puissances étrangères, tous enfermés dans une église avignonnaise au pain sec et à l'eau pour forcer la décision. La saga continue et prend avec le temps l'ampleur d'une œuvre d'envergure qui va entrer elle aussi à son tour dans l'histoire. "La reine étranglée" permet une immersion profonde dans ce moyen âge dit obscure mais pas vraiment différent de notre époque tant l'intérêt et le pouvoir semble être depuis toujours les moteurs maléfiques qui agitent l'humanité... une suite à la hauteur
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Les Rois maudits, tome 3 : Les poisons de l..

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 3 : Les Poisons de la couronne - 1956 : Le poison fut pendant longtemps l'instrument principal de la politique des puissants. Indétectable au vue des connaissances médicales du moyen-âge, il fit et défit les destins sous couvert d'une bien pratique volonté divine. Le volume précédent nous avait laissé avec l'avènement de Louis X roitelet maladif et sans envergure. C'est son règne qui était décrit ici, un règne court mais capital au regard de l'histoire de France car pour la première fois un souverain allait disparaître sans descendant mâle. Cette impossibilité d'enfanter un héritier direct engendra toutes les spéculations possibles puisque les deux parents les plus proches du roi était dans l'ordre d'ainesse sa sœur épouse du roi d'Angleterre et sa fille présumée bâtarde car issue d'une première épouse délibérément infidèle. Pas vraiment un problème il suffisait d'extirper du passé une loi courante chez les Francs pour rayer de la succession toute les femmes de la famille. Cette opportuniste loi salique définie un modèle de société qui perdurera jusqu'au 20ème siècle en France. En effet qu'illustraient les interdictions de voter, d'ouvrir un compte sans l'autorisation de son mari ou même de disposer soit même de son corps si ce n'est une résurgence de cet acte qui entérina la primauté de l'homme sur la femme dans notre société ? D'autres enjeux politiques faisaient la trame de ce roman terrible. Designer un pape qu'on espérait favorable à la France, s'emparer des finances du royaume pour pouvoir ainsi mener la grande vie avec les deniers civils ou protéger l'enfant à naitre de la reine veuve qui était tombée miraculeusement enceinte juste avant le décès troublant de son mari. Un personnage prenait de l'importance dans ce volume, Hugue de Bouville le grand chambellan du royaume, négociateur et ambassadeur officiel de la couronne nommé au péril de sa vie responsable du ventre de la reine pendant sa grossesse. L’homme entièrement tourné vers son devoir brisait la vie amoureuse de Guchio Baglioni et de Marie de Cressay les deux tourtereaux qui apparaissaient en filigrane dans ce formidable récit pour sauver de manière dérisoire un héritier au trône qui restera toute sa vie ignoré. Ce troisième volume prolongeait la litanie d'une malédiction qui laissait la royauté exsangue, le peuple lui continuait à subir les même souffrances, la pauvreté, la famine, les guerres... une heureuse époque
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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer - 1955 : "Ami entends-tu...", en écrivant les paroles du chant des partisans avec son beau-père Joseph Kessel, Maurice Druon entrait dans l'histoire. C'est aussi grâce à l'histoire qu'il allait connaitre la gloire littéraire avec cette chronique en sept volumes d'un siècle sombre et désespéré qui portera dans les longs combats pour la succession du trône de France les germes de la guerre de cent ans. Philippe VI dit le bel est un roi renommé pour sa beauté mais aussi pour sa froideur et son implacable sévérité. Il est quand s'ouvre ce livre au fait de sa gloire, la France grâce à lui est la première puissance européenne. En s'appuyant sur la bourgeoisie pour gouverner son royaume il s'est mis à dos la noblesse dont le leader n'est autre que son propre frère Charles de Valois. Mais les barons se tiennent à carreau garrotés par cette main de fer dans un gant en acier. Tout à plier devant lui y compris les templiers un ordre issu des croisades devenu tellement puissant qu'il prête de l'argent au trésor du roi lui-même. Philippe Le Bel pour gérer les immanquables déficits de l’état trouve alors un moyen pratique de payer ces dettes, il élimine purement et simplement les membres de l'ordre sous l'accusation terrible d'hérésie. Le procès attenté à ces hommes innocents est une mascarade montée de toutes pièces par les services royaux. Comble de l’infamie, pour clôturer ce lourd dossier Jacques de Mollay le dernier grand maître est brûlé vif sur l'île de la cité. Tout le propos de la saga tient dans la malédiction que celui-ci va proférer en mourant adjurant Philippe Le Bel, guillaume Nougaret son ministre chargé des basses œuvre et le pape à paraître devant le tribunal de dieu avant la fin de l'année. Dominant de la voix le bruit des flammes qui le gagnent il maudit la descendance du roi jusqu'à l'extinction de la race. Il faudra des milliers de pages pour expier en écrit la fin d'une lignée forte de plusieurs siècles d'existence. La décadence commence quand un scandale sexuel éclabousse ses fils et héritiers du trône ouvrant ainsi cette période de perturbation prédit par le dernier des templiers qui amènera la fin des capétiens après cinq cents ans ininterrompus de domination sur le royaume. "Les rois maudits" c'est aussi le combat homérique que se livre Robert et sa tante Mahaut pour le comté d'Artois, affrontement qui va rythmer la série avec son cortège de fourberie, de meurtres et de trahisons. "Le roi de fer" est l'archétype du roman historique car rarement on aura lié de manière aussi parfaite la grande histoire et les petits sentiments humains. Le moyen-âge décrit ici rendait par sa sobriété caduque les représentations apocalyptiques de nombreux auteurs aveuglés par les enluminures cruelles et spectaculaires des livres de l'époque. Bien sûr c'était un monde difficile et obscure mais l'intelligence humaine avait plus qu'on le pensait droit aux chapitre au milieu des croyances et des superstitions arriérées... une ouverture de choix pour une série légendaire
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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

Chapeau bas Monsieur Druon!

Quel roman passionnant et quel écrivain fabuleux ! Je comprends le succès de cette épopée historique.

Maurice Druon nous ouvre les portes d’un monde médiéval fascinant et nous projette dans une ambiance plutôt sombre où les intrigues et les personnages (réels pour la plupart) sont captivants, les lieux et descriptions très cinématographiques.

Avec son talent de conteur, de sa plume élégante, il nous livre un récit fluide et exempt de toute lourdeur, une experience immersive dans un Moyen Âge à l’ambiance parfaitement rendue et au souci de véracité qui laisse admiratif.



La fresque débute dans les premières années du XIVeme siècle alors que Philippe le Bel dit « le roi de fer » vient d’ordonner l’arrestation des Templiers dont il convoite la fortune. Une décision arbitraire entraînant leur anéantissement. Faussement accusés d’hérésie et d’avoir des mœurs dépravés, après sept ans de persécutions les Templiers seront exécutés de manière barbare signant la fin tragique de l’Ordre.

Cependant alors que leur grand maître Jacques de Molay est sur le point d’être brûlé vif, il profère du haut du bûcher une malédiction contre ses tortionnaires y compris Philippe le Bel et toute sa descendance jusqu’à la treizième génération. Sortilège soufflé au milieu des flammes qui scellera le destin de la lignée des capétiens et le sort de ses bourreaux dans l’année qui suit.



C’est le début d’une palpitante fresque historique mêlant prophétie, complots, haine, amour, sorcellerie, manipulations, ruses de cour, exécutions violentes…des aventures pleines de suspense où l’on croise un roi impitoyable et calculateur, des chevaliers courageux, d’autres plus vils, des conseillers opportunistes, des princesses condamnées pour crime d’infidélités, des amants suppliciés, des messagers secrets, des empoisonneurs...

Un véritable page turner au scénario riche et bien ficelé dont le tour de force est d’être parvenu à rendre aussi vivants et intéressants des personnages historiques le tout porté par un souffle romanesque puissant.

Maurice Druon, avec une grande facilité, tisse des intrigues qui nous captivent de bout en bout

Vite, vite, vite, la suite
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Les Mémoires de Zeus

Après un long sommeil, qui pour nous se compte en millénaires, Zeus, le Dieu suprême dans la mythologie grecque, le Dieu des Dieux, décide de nous raconter son histoire.

Une histoire qui est aussi la nôtre car, ne nous y trompons pas, l'apparition du Dieu unique qui l'a ravalé, lui et les siens, au rang de mythe n'est qu'un battement de cil, un simple soupir dans l'histoire de l'Homme. Zeus, lui, nous contemple, depuis le fond de nos siècles.

Grâce à la plume magique de Maurice Druon, vous allez entendre la voix d'un être suprême qui a, par le biais du souffle, de la matière, du nombre, de l'infiniment petit et de l'infiniment grand, créé l'Homme.

Une voix qui a la mémoire des ans. Une voix étrangement familière, tantôt pateline, tantôt railleuse, tantôt mélancolique. La voix d'un vieux sage à qui on ne la fait plus.

Comme nous ressemblons à Zeus, avec nos pulsions désordonnées, nos conflits familiaux, nos doutes, nos erreurs, nos colères, nos tromperies, nos petites bassesses, nos regrets, mais aussi nos petits matins bleus, nos générosités, nos triomphes, nos espérances, et nos amours qui ne nous font plus toucher terre.

Les amours de Zeus, justement, parlons-en ! Des amours cosmiques, dans la voie lactée, dans les cieux chargés de nuées, dans le souffle du vent, dans l'écume de mer, ou dans les profondeurs sombres et paisibles d'une grotte… D'innombrables couchailleries avec des déesses à la beauté envoutante, des demi-déesse, des nymphes, des sirènes, des naïades, des mortelles, des immortelles, j'en passe… J'ai vite perdu le compte de son abondante et grouillante descendance.

Parmi tous ses enfants, je retiendrai le claudiquant Héphaïstos, Hadès le non voyant, Hermès le messager, la sage et solide Athéna, l'excessif Dionysos, Prométhée le voleur de feu, et Alexandre le conquérant… Et puis moi, issu, tout comme vous, de la sixième race des hommes et de sa lointaine semence, même si, pour la sauvegarde de mon quartier, je n'ai pas encore osé me lancer dans le maniement de la foudre et du trident.

Comme j'ai aimé Zeus, un Dieu qui avoue se tromper, qui hésite, biaise, qui « si c'était à refaire »… Un Dieu sans vérité révélée, à la différence de tous nos grands gourous laïques ou religieux…

Le vrai Dieu des Hommes, en quelque sorte !



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Tistou les pouces verts

Curieux roman que cette histoire de Tistou les pouces vert, écrit par un homme à la vie bien remplie, résistant, écrivain, auteur du Chant des Partisans, ministre de la culture, secrétaire perpétuel de l’académie française, et qui m’amène à me poser bien des questions : dans quel contexte a-t-il donc écrit ce récit pour enfants ? Qu’est-ce qui l’amena à écrire cette histoire, avait-il quelques enfants à qui faire passer un message ?



Car c’est bien d’un message dont il s’agit dans cet unique roman jeunesse qu’il ait écrit dans sa vie d’écrivain, un message de paix et de tolérance, une histoire merveilleuse qui donnerait à chacun, l’envie de déposer les armes et surtout un message simple adressé aux enfants, un message regorgeant de poésie et de cet humour qui n’est pas sans rappeler certains écrits de Roald Dahl, un message sans doute adressé aux enfants mais également aux adultes susceptibles de le lire à leur progéniture, un message qui n’a pas pris une ride.



Longue vie à cette œuvre, puisse-t-elle faire le tour de la Terre et enseigner au plus grand nombre que "plus fait douceur que violence".
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Les Rois maudits, tome 6 : Le Lis et le Lion

Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 6 : Le Lis et le Lion - 1960 : Les Valois sont au pouvoir et Robert d'Artois triomphe enfin dans toute sa flamboyance. Ami du nouveau roi, paire de France, admis au conseil restreint du souverain, l'homme est un personnage fort du nouveau pouvoir. Il va enfin avoir sa revanche contre sa tante Mahaut qu'il accuse de l'avoir spolié du comté d'Artois lorsqu'il était enfant (affirmation confirmée par certains historiens modernes qui pensent avoir retrouvé des documents allant dans ce sens). Oui mais pour ça Robert va faire falsifier grossièrement les documents présentés au parlement au point que le roi lui-même en prendra ombrage et le sommera de retirer sa demande de préjudice. Son entêtement à présenter des faux certificats lui fera perdre tout crédit à la cour de France et c'est banni et exilé auprès du roi d'Angleterre qu'il continuera son existence. Rempli de haine envers son pays natal, il va être à l’origine du plus long conflit armé que la France ait connu. Car les spécialistes sont formels, Robert d'Artois n'est pas pour rien dans la guerre qui va durer cent ans entre les deux plus vieux royaumes d’Europe. Fort de ses prétentions territoriales, il va attiser celles que le roi Edouard III pouvait avoir sur la couronne française en tant que seul petit fils encore vivant de Philippe Le Bel. On va donc voir côte à côte les deux hommes sur tous les champs de bataille, l'un dans son armure sobre et armoriée des fameux lions britanniques, l'autre haut en couleur dans des habits rouges cramoisis qui le faisaient voir de très loin. Se désignant par son accoutrement lui-même à la mort, il allait périr sur le bord de la tamise à la suite d’une blessure reçue au combat sous les remparts de Vannes. Maurice Druon perdait alors son personnage fétiche, celui qui lui avait donné envie de continuer jour après jour sa saga. La fin de Robert d'Artois marquait pour l'auteur la conclusion d'une aventure qui permet encore à ses nombreux lecteurs de se familiariser avec un moyen-âge qui reste malgré les nouvelles connaissances qu’on a sur cette période une époque particulièrement mystérieuse. Ce livre actait définitivement la réalisation de la prophétie déclamée par Jacques de Morlay sur le bûcher. Plus aucun des personnages qui avaient appuyé Philippe Le bel dans sa politique visant à éliminer les templiers et à les priver de leur richesse étaient encore vivant vingt ans après. Les héritiers males du roi de fer étaient tous décédés sans descendance et la couronne de France coiffait maintenant la tête d'un des fils de son frère Charles. Même si l'enchaînement de cette malédiction présentée souvent comme historique était une pure invention littéraire, elle a permis à Maurice Druon de développer en six volumes (le septième volume n’a rien à voir cette aventure) une des œuvres les plus captivantes de l'histoire de la littérature. "Les rois maudits" reste depuis sa sortie un modèle pour tous ceux qui cherche à mettre en scène notre passée et à faire revivre sans ostentation universitaire les événements importants qui ont forgé notre histoire... royal
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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

Ce premier volume, introduction d'une saga qui en compte sept, est également à mon sens l'un des plus savoureux. Il a l'avantage de planter le décor, s'appuyant sur la persécution des chevaliers du Temple par Philippe IV dit le Bel, roi de France, souverain intransigeant et avide qui ne voit pas d'un mauvais oeil de faire disparaître définitivement un Ordre dont la richesse et la puissance font de l'ombre à son propre trône.



1314 : vient le dénouement tragique du dernier procès contre le grand maître des Templiers et ses comparses, devant les mener au bûcher. De là, découle une incroyable trame haute en couleurs et riche en intrigues : des têtes couronnées, une malédiction, les appétits débridés des grands feudataires du royaume, des passions humaines, des reines amoureuses et jalouses, la soif du pouvoir, les calculs politiques... Tout est là, réuni pour vous faire vivre une aventure exceptionnelle, parfaitement servie par la plume agile et précise de Maurice Druon.



Largement saluée par la critique et mise à l'honneur par plusieurs adaptations télévisées, la présente oeuvre dégage une séduction et une puissance qui laissent peu de lecteurs indifférents.



Ne passez pas à côté !
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Les Mémoires de Zeus

"Il y a une tradition que je suis à même de rapporter, une tradition de l'Antiquité. Or, la vérité, c'est elle, l'Antiquité, qui la connaissait : si nous pouvions, par nous-mêmes, la découvrir, nous soucierons-nous encore de ce qu'a cru l'humanité ?"

(Platon, "Phèdre")



En parcourant les livres de la dernière masse critique, je suis tombée sur "L'Incroyable Histoire de la mythologie grecque", qui nous apprend, entre autres, que Narcisse n'était pas narcissique (hm ?) et que Thésée a inventé la coupe mulet. Maurice Druon ne va pas, hélas, aussi loin dans les exquis détails mythologiques, mais si le sujet vous intéresse et si vous voulez mettre un peu d'ordre dans les méandres tordus de la cosmogonie grecque, "Les mémoires de Zeus" valent tout de même leur pesant d'or de Colchide.

Le livre trainait pourtant longtemps au fond de ma pile : primo, j'avais le mauvais pressentiment qu'il lui sera difficile de surpasser l'éclat homérique des "Rois Maudits", et secundo, je pensais être suffisamment calée en mythologie grecque pour que le roman me passionne vraiment.

Les deux suppositions étaient fausses.



Le livre dévoile une autre facette de Druon, qui réveille le roi de l'Olympe d'un long sommeil de deux millénaires, en le laissant raconter son histoire. le récit est un hommage à la Grèce, à la culture antique, mais aussi aux études classiques qui sont lentement en train de disparaître. Un hommage au monde qui n'est plus, où les dieux multiples se superposaient à la Nature, et leur destin était étroitement lié à celui de l'Homme, issu de cette même nature. Où rien n'était entrepris sans une consultation d'oracle, où les demi-dieux légendaires parcouraient la terre, et où on se battait pour un tas de raisons, mais jamais pour les abstraits concepts religieux.

La pensée de l'académicien Druon s'enchâsse dans la narration du roi des dieux, pour philosopher de façon à la fois critique et bienveillante sur les relations entre les hommes, leur rapport au divin, et sur le long chemin parcouru depuis la première race, disparue avec l'Atlantide engloutie. Les mythes millénaires racontés dans un style agréablement moderne ponctué de réflexions intéressantes, sans que l'auteur ne ressente le besoin d'inventer ou changer quoi que ce soit. La civilisation grecque a déjà parfaitement fait le travail, en créant une fascinante mythologie extrêmement enchevêtrée que Druon démêle et file adroitement tout le long de ce pavé, avec la rigueur et la patience des trois Parques... ou plutôt des trois Moires, car il préfère (et c'est une bonne chose) la version grecque des noms propres.



Le récit commence aux premiers âges de la Terre et au Chaos primordial qui a donné naissance à la race des Titans, enfants de Gaïa et d'Ouranos, le génie créateur du monde vivant. Depuis toujours, les hommes se posent des questions sur les origines du monde et sur le sens de leur existence, et il est d'ailleurs assez étonnant de constater à quel point ces mythes archaïques s'accordent, avec un peu d'imagination, aux théories scientifiques modernes. Vient ensuite le règne de Cronos, castrateur de son propre père, dévoreur de tous ses enfants - à l'exception de Zeus, sauvé grâce à la ruse de sa mère Rhéa. Et le seul survivant attend patiemment son heure de gloire...

Créer son propre panthéon sur l'Olympe, combattre les Titans révoltés, instaurer l'ordre... telles sont ses tâches à accomplir, et le chemin est plus que généreusement parsemé d'épreuves et de difficultés. Même le maître de la foudre destructrice n'est pas omniscient, et ses doutes et hésitations sont souvent tout à fait humains ; comment s'étonner de ses colères, ses jalousies, ses passions et ses pardons ? Envers ses aïeux, ses enfants, mais aussi envers les hommes... car si les dieux immortels orchestrent le monde frêle des hommes, selon l'ancienne vérité aperçue par Platon, les hommes sont tout aussi nécessaires pour maintenir la subsistance et la mémoire de leurs dieux.

Or, comme le dit Léto, la déesse de la maternité, dans le livre : "les dieux eux-mêmes peuvent mourir, si le monde meurt".



Rien sur l'invention de la coupe mulet, donc, mais si vous voulez découvrir le panthéon grec au complet, si vous voulez savoir comment a été inventée la lyre, comment était fondé l'oracle de Delphes, pourquoi les dieux égyptiens prennent la forme d'animaux, qui a libéré Prométhée de ses chaînes, ou comment Zeus a rencontré Héra, courez à la librairie pour chercher le roman. Les dieux et les monstres légendaires - les Cyclopes, les Hécatonchires, les Cent-Bras, Ophion, Porphyrion, Otos, Ephialtès, Python et tous les autres - ne méritent pas de finir noyés dans l'Achéron de la mémoire !

4/5 pour un passionnant et précieux livre que j'ai trouvé paradoxalement presque trop riche. Avec ce projet ambitieux, Druon est obligé de passer très vite d'un événement à l'autre (chacun des courts chapitres mériterait tout un roman !), les noms défilent tout aussi vite, et il est impossible de tout retenir. Mais on peut toujours y revenir, pour admirer les beaux ouvrages d'Héphaïstos, réfléchir sur les origines du théâtre avec Dionysos, ou faire renaître la race humaine après le déluge avec Deucalion et Pyrrha...







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Les Rois maudits - Omnibus - Intégrale

Écrite dans les années 50 par Maurice Druon, la saga historique « Les Rois maudits » connaît encore aujourd’hui un succès retentissant, et on comprend sans mal pourquoi. En sept volumes, l'auteur retrace tout un pan de l'histoire de France, celle de la chute de la dynastie des Capétiens qui exerçaient le pouvoir dans le royaume depuis le Xe siècle et le règne d’Hugues Capet. Une disparition imputée par beaucoup à la malédiction lancée par le grand maître de l'ordre des templiers, Jacques de Molay, brûlé vif en 1314 après le démantèlement de son ordre. Pendant près de trois siècles les rois de France s'étaient jusque là succédés de père en fils sur le trône pour une durée généralement assez longue. A partir de la mort de Philippe le Bel, responsable de la disparition des Templiers, les rois se succèderont à une vitesse alarmante tandis que se posera à trois reprises le problème de l'absence d'un héritier mâle à la mort du père. Accéderont ainsi à la royauté, pour un temps généralement assez bref, trois rois en l'espace de seulement huit ans : Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, les trois fils de Philippe IV avec lesquels s'éteint la dynastie des capétiens directs. La couronne échoie alors à une autre branche, celle des Valois, dont l'accession au trône ne sera pas sans poser d'autres difficultés.



Difficile, une fois cette impressionnante saga refermée, de lister par le détail toutes les qualités du travail effectuée par Maurice Druon tant celles-ci sont nombreuses. On peut évidemment tout d'abord saluer l'exceptionnel travail de documentation de l'auteur qui nous livre ici une masse d'informations absolument stupéfiante, non seulement sur la dynastie des rois de France, mais aussi et surtout sur ce que pouvait être la vie au XIVe siècle. Au moyen de petites anecdotes croustillantes ou de notes de bas de pages très élaborées, Maurice Druon brosse un portrait incroyablement réaliste de l'Europe du Moyen Age. Mode vestimentaire, mœurs, croyances, pratiques médicales..., tout est traité avec un égal souci de véracité qui ne peut que susciter l'admiration du lecteur. Car au-delà des problèmes de succession qui secouèrent la France au début du XIVe, l'auteur n'hésite également pas à nous dévoiler ce qu'il se passe hors des frontières du royaume. Le lecteur aura par exemple l'occasion de découvrir les dessous de l'élection de plusieurs papes (qui se déroulait alors à Avignon, et non à Rome) ainsi que d'en apprendre davantage sur les bouleversements qui secouèrent à la même époque la cour d'Angleterre (la querelle entre le roi Édouard II et son épouse française, la révolte des barons anglais menée par le charismatique Mortimer...).



Mais là-où réside à mon sens une grande partie de l'intérêt de cette saga c'est avant tout dans l’habilité de l'auteur à mélanger la petite et la grande histoire. Outre le sujet de la succession au trône de France, Maurice Druon se focalise ainsi sur deux autres événements dont on se rend compte qu'ils ont, chacun à leur manière, de lourdes répercussions pour le royaume. Le premier est la lutte acharnée pour la possession du comté d'Artois opposant la redoutable Mahaut et son tumultueux neveu Robert, la seconde, l'histoire d'amour entre un jeune et séduisant banquier lombard et une fille de petite noblesse. Trois histoires qui s'entremêle et qui fournissent l'occasion à l'auteur de nous livrer une analyse très lucide et très pertinente sur les rouages du pouvoir et les caprices du destin et du hasard. Les romans de Maurice Druon permettent également au lecteur de se faire une idée très précise du genre de roi qu'étaient chacun de ceux qui se sont succédés à cette époque. On ressent ainsi sans mal toute l'admiration qu'il porte à des rois sages et réformateurs tels que Philippe le Bel ou Philippe V, de même que l'on remarque aisément le regard dédaigneux avec lequel il regarde Louis X, Philippe VI ou encore Jean II, incompréhensiblement surnommé « Le Bon ». Le tout est porté par une plume elle aussi remarquable. On passe rapidement outre le registre très soutenu employé par l'auteur et la profusion de termes techniques propres au Moyen Age pour se laisser porter par le récit passionnant qui nous est livré.



Un mot, pour terminer cette longue critique, sur la place occupée dans la saga par les personnages féminins. Contrairement à ce que les clichés qui perdurent sur le Moyen Age laissent à penser, Maurice Druon accorde une place de premier plan aux femmes, qu'elles soient de basse ou de haute extraction. Si certaines, à l'image de Marie de Cresay, se voient accorder un rôle bien supérieur à leurs attentes et ne se révèlent être finalement que les jouets du destin, d'autres, en revanche, parviennent à influer sur les événements de façon beaucoup plus contrôlée, et parfois beaucoup plus funeste. On peut notamment citée la belle Béatrice d'Hirson, âme damnée de Mahaut possédant de nombreuses accointances avec la sorcellerie et qui se révélera une manipulatrice hors-paire, mais aussi les nombreuses reines qui eurent, de façon plus ou moins marquée, une certaine influence sur leur royal époux, bénéfique (Clémence de Hongrie sur Louis X) ou non (Jeanne la Boiteuse sur Philippe de Valois). Parmi toutes les femmes évoquées dans la saga, trois marquent à mon sens durablement le lecteur : la redoutable Mahaut d'Artois, l'une des rares femmes exerçant un réel pouvoir et qui ne reculera devant rien pour continuer à l'exercer ; la non moins déterminée Isabelle, surnommée la louve de France, dont on assiste à la ruine puis à l’ascension ; et enfin Marguerite de Bourgogne, la fameuse « reine étranglée », inconsciente adolescente qui découvrira à ses dépends que l'adultère se paye fort cher lorsqu'on est princesse de France.



Avec « Les rois maudits » Maurice Druon nous offre une fresque exceptionnelle retraçant toute une période charnière pour l'histoire de France dont on découvre les coulisses dans les moindres détails. Guère surprenant que la saga ait autant inspirée, que ce soit au cinéma ou dans la littérature (« Le trône de fer » en est à mon sens un parfait exemple). Un véritable chef d’œuvre qui se dévore avec avidité !
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Les Rois maudits, tome 2 : La Reine étranglée

Avec la Reine étranglée, la vaste saga des Rois maudits poursuit sa route dans les méandres des querelles politiques du début du XIVe siècle dans un royaume de France en proie à bien des tourments.



Après un tome d’introduction qui pose les différents personnages, le contexte général et quelques intrigues, la Reine étranglée focalise l’attention autour de la conclusion rocambolesque de l’affaire de l’adultère de Marguerite de Bourgogne. Le règne de Louis X le Hutin est l’occasion de nouvelles intrigues de palais, de trop nombreuses morts subites ; les guerres meurtrières et les valses dynastiques s’annoncent à l’horizon maintenant que toutes les destinées paraissent possibles et qu’elles offrent suffisamment d’opportunités de pouvoir à chacun. Maurice Druon use habilement des ressorts qui ont fait leur preuve : une grande fresque historique où se mêlent grandes destinées politiques, meurtrières, et petits destins brisés d’inconnus en mal de bonheurs simples.

D’ailleurs, ce deuxième tome est centré sur le duel entre les anciens ministres de Philippe IV le Bel et Charles de Valois, nouvel homme fort du gouvernement de Louis X le Hutin, puisque le principal protagoniste du premier tome a fait ses bagages royaux pour l’au-delà. Et cet affrontement trouve des ramifications du sommet de l’État aux plus basses rues du royaume. Alors bien sûr, le style de ce tome est parfois grandiloquent et un peu simple au niveau de la syntaxe, mais une fois le style accepté, les faits nous engluent inlassablement dans l’Histoire avec un grand H.



Cette première suite à une des références traditionnelles en matière de romans historique poursuit sur la lancée et nous plonge encore un peu plus dans les tribulations politiques du royaume de France au début du XIVe siècle. C’est tout aussi passionnant quand on aime la période que quand on la découvre, d’autant que les annexes terminant le volume aideront toujours tout lecteur assidu.



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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

On ne présente plus la célébrissime série de Maurice Druon … Dire que c'est un petit bijou de littérature historique est un minimum (en tout cas selon mes critères personnels)

Alors que je l'avais déjà lu deux fois, je me suis laissé tenter une troisième fois sous une forme inédite pour ma part : le format audio. Bien m'en a pris car cette « relecture » sous cette forme est vraiment un moment de plaisir, bien plus que je ne l'avais escompté….

Ah, retrouver l'ambiance de cette période qui marque la fin du règne des capétiens…Retrouver le truculent et bouillant Robert d'Artois… Que du bonheur, il faut le dire !

Il faut dire que Maurice Druon a tellement bien fait revivre ces personnages historiques que l'on ne peut être que marqué par la fin des templiers et cette terrible malédiction lancée du bucher au roi et à sa descendance, au pape, à Nogaret… Et en parallèle, l'histoire d'adultère de deux brus du roi Philippe le Bel qui aboutira d'ailleurs quelques années plus tard à la fameuse loi salique (mais chut, nous n'en sommes encore qu'au premier tome !)



Bref, en conclusion, je rajouterais qu'il est des livres qu'on ne se lasse pas de lire et relire et cette série en est bien la preuve !







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Challenge Multi-Défis 2021

Challenge A travers l'Histoire 2021

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Les Rois maudits, tome 2 : La Reine étranglée

Je suis certaine que la plupart des lecteurs du premier tome des "Rois Maudits" se sont littéralement jetés sur le suivant, histoire de savoir ce qui allait advenir des "reines maudites" condamnées pour adultère.



Et bien, soyez les bienvenus, vous, fidèles lecteurs, dans ce deuxième volet tout aussi passionnant que son aîné.



Marguerite, Blanche et Jeanne ont bel et bien été condamnées par la justice du roi et ont été emprisonnées, les deux premières dans une geôle, la troisième, uniquement convaincue de complicité mais pas d'infidélité, au fond d'un couvent. Isabelle de France, leur belle-soeur, la malheureuse reine d'Angleterre à la vie conjugale exsangue, peut être fière d'elle et telle une araignée retourner broyer du noir dans son boudoir.



Des trois princesses emprisonnées, il en est une dont le sort intéresse plus particulièrement le lecteur normalement constitué : la belle Marguerite, l'intrigante, la passionnée, l'instigatrice des rendez-vous scandaleux de la tour de Nesle. Prisonnière de la forteresse normande de Château-Gaillard qui compte plus de courants d'air que de sentinelles, elle attend avec rage et espoir que le destin la fasse sortir de ce trou humide et crayeux. Elle a de bonnes raisons d'y croire : elle est la femme de Louis, l'héritier du trône de France, et qui plus est, elle est la mère de Jeanne, princesse de Navarre. Certes, Jeanne est une "femelle" mais la loi salique n'ayant pas encore été "inventée" par son oncle le futur roi Philippe V, elle pourrait prétendre à succéder un jour à son père promis à devenir roi à la suite de Philippe le Bel. Même si le scandale qui a éclaboussé sa mère jette une ombre sur sa légitimité, cette jeune enfant représente la bouée de sauvetage de Marguerite. Elle se sait assez de charme et d'autorité pour fléchir son époux, faible de corps comme d'esprit, et revenir en grâce ; son dessein tient la route mais... c'est sans compter sur les intérêts des autres nobles et leurs prétentions à fragiliser une autorité royale pour l'heure tenue d'une main de fer mais qui n'est en réalité qu'un colosse aux pieds d'argile...



L'histoire de la dynastie capétienne, en partie retracée par Maurice Druon de façon romanesque au travers des 7 tomes des Rois Maudits, est avant tout une saga familiale époustouflante où pouvoir, passion, ambition, soif de richesse et vengeance se mêlent à un rythme effréné. Sous l'aile protectrice de l'Histoire de France, l'histoire des rois maudits n'a pas fini de vous étourdir. On parie que vous enchaînerez avec le tome 3 ?
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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

Nombre de lecteurs, comme moi, ont découvert Maurice Druon et cette suite romanesque à fond historique que sont « Les rois maudits » à travers la première adaptation télévisée qui en fut faite avec la participation de l’auteur en 1972, alors que le septième volume n’est pas encore paru. Il paraîtra en 1977.

Une fresque historique dont le premier tome, « Le roi de fer » introduit le thème qui sous-tendra la saga durant sept tomes : la malédiction qu'aurait prononcée sur le bûcher le grand-maître du Temple Jacques de Molay, à l'encontre du roi de France Philippe le Bel, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret, et de leurs héritiers et successeurs pendant treize générations.



« Le roi de fer » : Philippe le Bel. Il règne d’une main ferme sur une France forte, mais les caisses sont vides et la révolte gronde en Artois. Malgré cela, les relations avec la couronne d’Angleterre se sont normalisée : on marie Isabelle de France, fille de Philippe le Bel au Roi Edouard II.

Mais le pire n’est pas là. Le pire, c’est « l’affaire de la tour de Nesle. » En effet, Marguerite de Bourgogne, et Blanche, épouses respectives de Louis et de Charles, les deux princes royaux, sont dénoncées par Isabelle, leur belle sœur et Reine d’Angleterre ; une dénonciation inspirée par Robert d’Artois. Elles auraient trompé sans vergogne leurs maris avec deux frères : Philippe et Gauthier d'Aunay, tous deux chevaliers de l’hôtel royal…dans la Tour de Nesle…



Une introduction magistrale aux volumes qui vont suivre : dans un style épuré, mais vif, Maurice Druon nous entraîne sur plus de cinquante ans, dans la vie de ce moyen âge finissant. Une saga romancée, bien entendu, mais tellement bien documentée : l’Histoire est là : cruelle… et sans concession.



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Les Rois maudits, tome 1 : Le Roi de fer

LES ROIS MAUDITS – TOME : LE ROI DE FER



Summer is coming et je me suis enfin laissé tenter par la lecture de cette saga dont j’avais entendu beaucoup de bien.



Nous sommes en 1314 et depuis les flammes du bûcher, Jacques Molay lance sa malédiction : « Tous maudits, jusqu’à la treizième génération ! ».



C’est romanesque et pourtant c’est l’Histoire de France. C’est captivant, déroutant, ça se dévore tant les personnages semblent vivants.



J’ai adoré la série Game Of Thrones, comme beaucoup, et j’avoue y avoir retrouvé tous les ingrédients addictifs de la bande de Snow, la vérité historique en plus !



Complots, intrigues amoureuses, trahisons et petites histoires de la grande Histoire, je me suis laissé emporter par cette France du début du XIV ème siècle.



Ce premier tome pose les bases de la fameuse malédiction et offre le portrait de Philippe le Bel, ce roi beau comme un astre et dont la cruauté se cache derrière une main de fer pour diriger cette France dont le peuple souffre en silence.



J’avoue ne pas être un fervent lecteur de littérature historique mais là, mais là … Que je suis heureux de savoir que cette saga compte plusieurs tomes, je vais pouvoir très vite me procurer la suite du destins de ces rois maudits ! Encore six tomes, quel bonheur !



Si vous n’avez jamais tenté cette saga, que vous aimez les page turner qui en plus vous permettent d’apprendre de notre Histoire sans que ça paraisse indigeste, vous tenez une lecture addictive et croyez-moi, ça vaut le détour, ne serait ce que pour dépoussiérer nos livres d’Histoire de France et mettre de l’humanité sur de grandes figures !



A lire, c’est une certitude, avant que l’hiver n’arrive !

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Les Rois maudits, tome 4 : La Loi des Mâles

Louis X dit le Hutin, roi de France, aura régné seulement dix-huit mois, personne ne vous en voudra donc de ne plus vous souvenir de son règne… C’est ici que Druon intervient !



Fils de Philippe le Bel, le « roi de Fer » qui a condamné au bûcher les Templiers après un interminable procès de sept ans, c’est d’abord sur sa royale et frêle personne que semble peser la malédiction proférée par leur Grand Maître Jacques de Molay à travers les flammes de son lieu de supplice qui prophétisait le déclin rapide des Capétiens.



Louis X aurait été victime d’un empoisonnement (ce qui retire à la Brinvilliers toute prétention à l’innovation !) et meurt, laissant esseulée sa jeune reine, Clémence de Hongrie, enceinte de son héritier. Cette jeune et innocente colombe se serait bien passée d’un tel destin ! Cependant, feu son époux a des frères et notamment un cadet, Philippe de Poitiers, qui fut lui aussi humilié par son épouse Jeanne de Bourgogne dans l’affaire des « reines adultères », bien que, semble-t-il, dans une moindre mesure. Philippe de Poitiers est un prince aussi fin et intelligent que son aîné était veule et vain et il ne lui déplairait pas d’assumer la charge royale. Mais deux détails le gênent dans son désir d’accéder au trône, deux "cailloux dans son soulier" qui, tout enfant qu’ils sont, ne sont guère en mesure de constituer de sérieux barrages à son ambition : Jeanne de Navarre, la fille de Louis le Hutin et de Marguerite de Bourgogne, la reine « étranglée », et sur qui pèse l’ombre de la bâtardise et l’enfant à naître (fille ou garçon ?) présentement niché au chaud dans le sein de la reine Clémence.



***ALERTE SPOILER***

Le quatrième tome de l’épopée des « Rois maudits » présente un intérêt majeur non seulement pour le lecteur qui suit les aventures de Guccio et les intrigues de la Cour depuis leur commencement mais également pour le lecteur qui s’intéresse plus généralement à l’histoire de France car c’est dans ce tome que va être expliqué le pourquoi du comment de la fameuse « loi salique » qui tend à établir la « loi des mâles » et à écarter les femmes de la succession du trône de France et ce, à jamais. Philippe de Poitiers, devenu Philippe V, usera donc de cette « arme juridique » bricolée pour servir ses projets mais, ironie du sort, cette même arme lui reviendra en pleine figure tel un boomerang quand sonnera l’heure de sa propre succession mais là, c’est une autre histoire et un autre tome…
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Les Rois maudits, tome 3 : Les poisons de l..

Ce troisième volet de l'épopée des "Rois Maudits" mêle avec toujours autant de brio l'action et la réflexion politique, dans un contexte historique tendu pour le royaume de France.



Louis X le Hutin, hériter du "Roi de Fer", Philippe IV dit le Bel, est un souverain qui manque d'envergure et d'esprit d'initiative et dont le caractère se révèle cruel et veule, comme pouvait légitimement le prophétiser la Cour. Le voici veuf, son épouse adultère, Marguerite de Bourgogne, ayant été retrouvée morte dans sa prison de Château-Gaillard, une nouvelle reine lui est "décernée" : Clémence de Hongrie qui s'achemine tant bien que mal vers son royal foyer.



***ALERT SPOILER***

Ce tome est surtout capital en ce qui concerne la romance née entre le jeune Guccio et la belle Marie. Ces personnages fictifs, dont le destin se croise avec celui des puissants sous la plume inventive et romanesque de Maurice Druon, ont su gagner le coeur des lecteurs et leur situation attire encore davantage leur compassion lorsqu'il apparaît clairement que l'avenir des deux tourtereaux semble compromis puisque la noble et désargentée famille de Marie s'oppose à une mésalliance avec un usurier italien, certes promis à devenir riche mais irréversiblement roturier.



J'ai particulièrement apprécié ce tome qui fait émerger les sensibilités de femmes telles que Clémence de Hongrie et Marie, jeunes, tendres, amoureuses et pleines de l'espoir de connaître le bonheur mais que les ambitions sociales et politiques de leurs proches vont hélas briser.



Une narration qui s'inscrit naturellement dans la lignée des premiers tomes, procurant un puissant plaisir de lecture et attisant la curiosité croissante du lecteur.
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