Quand on prend le livret de la Flûte enchantée et qu'on le parcourt superficiellement, la première impression est celle d'un assez sot assemblage de scènes comiques et fantastiques, sur une trame puérile au tant que naïf.
Celui, dit-il, qui dans la musique se sera soustrait entièrement à la tyrannie de la mesure et nous en aura délivré, celui-là aura rendu, tout au moins en apparence, la liberté à cet art ; celui qui aura donné ensuite à la musique la conscience d'elle-même lui donnera le pouvoir d'être l'expression d'une belle idée ; et à partir de ce moment, la musique sera le premier de tous les arts.
La principale oeuvre inscrite au programme était la symphonie en ut mineur de Beethoven.
Cette symphonie a de tout temps été l'objet d'une prédilection particulière de la part des chefs d'orchestre. C'est leur concerto à eux, le morceau à effet où l'autorité de leur bâton se peut manifester avec le plus d'éclat. Aussi ont-ils tous l'ambition de la diriger; mieux que cela, de la diriger bien. Par son caractère dramatique, l'oeuvre appelle d'ailleurs une interprétation expressive: il ne suffit pas de l'exécuter.
La plupart de nos chefs d'orchestre sont encore des produits du hasard, c'est-à-dire des compositeurs avortés, des pianistes ou des violonistes qui, n'ayant pas réussi comme virtuoses, s'installent un matin au pupitre, sans se douter que l'art de conduire, de tous les arts relatifs à la musique, est peut-être celui qui réclame le plus de véritable sens musical et le plus de science, c'est-à-dire le plus de préparation, sans parler des facultés spéciales indispensables au métier proprement dit.