Mais si tu savais pourquoi j'ai crié,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Mais si tu savais, j'ai crié !
C'était un étang, mon fils et rien d'autre,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Un étang, mon fils et rien d'autre.
‒ Mère, mère, mère, il était tout rouge,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Rouge, rouge, il était tout rouge !
‒ Un jardin sur l'eau, pivoines ou roses
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Ou pivoines sur l'eau ou roses.
‒ J'avais soif, si soif, j'ai tendu la bouche,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Et j'ai hurlé, la bouche en sang !
Mon fils, mon fils, rien n'était rien, sois sage,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Rien n'était rien, dors et sois sage.
Comment dormir, mère, le corps me tire,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Comment dormir, le corps me tire !
C'est la nuit des temps, mon fils, dors encore,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
C'est la nuit des temps, dors encore.
L'ogre au fond de l'eau, dis-lui de se taire,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Au fond de l'eau, dis de se taire !
Dors mon assoiffé, mon étang, mon ogre,
Ô nuit sans donjon, ô soleil qui tarde,
Dors, tais-toi, dors mon ogre, dors.