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Critiques de Maurice Regnaut (3)
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Cinéma muet avec battements de coeur

53 petits textes, rassemblés sous un seul titre .... une à trois pages de réflexions morales, de micro romans, de sensibilité, d'indignation pour nous entretenir de la vie, de certaines de ses aberrations, du travail de l'écrivain, des riches et des pauvres, de l'Europe, des enfants, pour nous faire sourire ou nous indigner...des petits textes à lire au compte goutte, un par-ci, un par-là, dans l'ordre ou le désordre, au grè de vos envies.

Tour à tour poétiques, baroques, souvent toujours d'actualité et intemporels malgré leurs 100 ans voire plus......Bref...parfaits pour lire quand on a quelques minutes devant soi, parfaits pour s'évader un peu...et relever les yeux afin de se rendre compte que rien n'a changé dans notre monde.

À méditer :« En aucun cas nous ne pouvons établir ce qui va arriver dans l’heure qui suit avec autant de sûreté que ce qui arrivera pendant les prochains millénaires. » (P. 75)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Cinéma muet avec battements de coeur

Ces "fragments", "Griffonnages" de l'auteur hongrois sont de vraies pépites, tour à tour graves, drôles, loufoques, complètement déjantées...



Un arc-en-ciel, un feu d'artifices de thématiques: la solitude, la vraie pauvreté, le travail si particulier de l'écrivain....De très brefs textes qui nous entretiennent de notre condition humaine, tour à tour sur un ton drôlatique, fantastique, ou plus sérieux...ces mini-proses me font irrésistiblement penser à des pieds de nez, des grimaces, provocations de gamins... qui en disent long sur toutes les petites observations de notre quotidien, de nos relations aux autres, à l'argent, à l'existence, à l'écrit, aux mots...

Les thématiques abordées vont des sujets les plus graves au plus fantaisistes.

Parmi les sujets évoqués: -L'indécence de l'homme trop riche s'apitoyant sur les pauvres:

-Lettre- Je viens d'écrire à un ami très riche, voici l'essentiel de ma lettre (...)

Elles sont à toi, les perles de champagne, il est à toi, le bleu de la mer, à toi le rire des filles, à toi l'hiver les roses de l'Italie, à toi l'été les neiges de la Norvège. Ne désire pas en plus la détresse des pauvres. C'est trop d'avidité . (p.65)

Le don à plus démuni dans -Amitié- Durant plusieurs années, j'ai été dans les meilleurs termes avec un mendiant. A quoi tenait notre amitié ? A ce fait qu'il sollicitait, lui, et que moi, je donnais. (p.41)



-L'art éphémère avec "Le Bonhomme de neige"- Quel désintéressement est celui d'un artiste qui ne taille pas dans la pierre ses personnages, ni dans le marbre de Carrare, mais dans la neige ! Quel autre peut lui être comparé ? Aucun, sinon le poète qui écrit dans la poussière du sol, sinon le peintre qui dessine au creux de sa main, sinon l'orateur qui hurle en plein désert, sinon le comédien, dans sa chambre sombre, qui ne joue que pour lui-même. (p. 21)



-La solitude, la demande ou le besoin d'amour de tout être humain avec 'L'Ouvrier pâtissier"



- L'écriture et ses exigences . Kosztolanyi défendant avant tout l'économie extrême des mots, l'épure - 2 ou 3 choses à propos de l'écriture, p.85--



- L'écrivain et ses infidélités envers ses personnages- cf. "Faire connaissance"



il est très peu aisé de rendre compte de ces mini-proses. Les sujets en sont multiformes. L'auteur met de l'étrangeté dans le détail le plus quotidien... et le grave côtoie le déjanté, le loufoque absolu... En dépit de nombreux textes sur les mendiants, la pauvreté, qui ne sont jamais décrits avec un ton larmoyant...le sourire ou le rire surviennent au détour d'un adjectif, d'une tournure caustique.



je finirai sur une nouvelle jubilatoire, intitulée "Sur la mort de mon stylo". Cette mini prose comme d'autres fragments donne vie humaine à des objets. A la fois une histoire racontée de façon si farfelue que le sourire ne manque pas de nous venir aux lèvres, et en en même temps, les objets ont une vie, une histoire, alors que dire de cet objet sacro-saint du "stylo-plume", prolongement de la main de l'écrivain.



-J'avais accoutumé de garder dans mon tiroir une bonne douzaine de stylos, soucieux que j'étais, sitôt qu'avec l'un se faisait sentir la fatigue, de pouvoir en sortir un autre et changer ainsi de cheval jusqu'à parvenir à terme. (...) Nous ne faisions qu'un, moi et mon stylo, à un point tel que nous ne savions même plus lequel de nous travaillait, lui ou moi (p.101)



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********relecture novembre 2018- Complément de ma chronique de septembre 2013.... avant de transmettre et d'offrir ce recueil de textes journalistiques, nouvelles, mini-proses...qui sont des vraies pépites ...





Ce recueil , je l'ai lu il y a très longtemps, l'ayant prêté à une camarade-libraire dans les années 2000, je ne l'ai plus revu, l'ai donc acheté de nouveau en août 2013, lors d'une réédition par la maison Cambourakis... donc relecture toujours aussi savoureuse...



Peter Adam dans sa préface explicite fort bien l'originalité de cet écrivain hongrois...

" Une de ses démarches préférées est bien celle-là : faire se joindre dans une sorte de court-circuit, le banal et l'insolite, le quotidien et l'extraordinaire, le singulier et l'universel.

Chacun de ses textes est un monde en soi (...) ce n'est pas la vision du monde de l'auteur, bien qu'elle soit présente partout aussi, là aussi, mais bien plutôt la conception qu'il avait de son métier, son rapport à l'art et à la création. (p. 9)



Et justement , à cette nouvelle lecture... une autre prose courte se rajoute à mes préférences, en sus de "Sur la mort de mon stylo"...: "Deux ou trois choses à propos de l'écriture " :



"Ce n'est pas le respect des mots que j'enseignerais en premier lieu à mes élèves. Les mots, de toute façon, on n'en manquera jamais. Je leur enseignerais à mépriser les mots faux et vides, ainsi seulement ils pourraient , plus tard, apprécier les mots pleins et vrais.

Je leur expliquerais qu'ils doivent toujours écrire comme si leur temps était compté, comme s'ils avaient le couteau sur la gorge, comme si, avant de mourir, ils n'avaient que quelques instants pour parler de leurs secrets les plus intimes. (...) J'expliquerais qu'ils doivent toujours écrire comme s'ils devaient payer pour chacun de leurs mots une taxe élevée, comme celui qui envoie un télégramme. (p. 84)"



Ce livre aura navigué, aura fait des heureux parmi mes connaissances et proches...Il navigue er naviguera encore, car il repart vers une autre bibliothèque d'amis, dans les montagnes de l'Est de la France !!...
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Cinéma muet avec battements de coeur

Superbe découverte avec ce recueil de courts récits et écrits datant de l'entre-deux-guerres et que les éditions Cambourakis rééditent avec bonheur: Cinéma muet avec battements de cœur. L'auteur en est Desző Kosztolányi, auteur hongrois qui fut aussi traducteur et poète, et qui fut l'une des figures importante de la Hongrie littéraire de son temps (1885-1936).



Remarquablement vivants, ironiques et précis, ces courts textes (une demie page à cinq pages) peuvent se lire dans le désordre, car ils sont indépendant les uns des autres. On les savourera sans doute d'autant mieux qu'on les picorera, plutôt que des les enchaîner dans une lecture industrieuse, même si elle est enthousiaste.



Bourrée d'ironie et de bienveillance, mais pas d'indulgence, vis à vis de lui-même comme de ces personnages, Kosztolányi pose sur tout un regard vif et une écriture lumineuse, sans rien qui pèse ou qui pose. Une littérature qui ne cherche pas à atteindre au chef d’œuvre, au grand livre qu'on admire, comme un tableau sophistiqué, romantique ou épique, dans la grande galerie d'un musée, mais qui semble plutôt simplement chercher à s'inscrire dans le tissu des jours, à vivre et dire, à montrer et révéler le merveilleux et l'humain du banal, de l'ordinaire. Pas d'intrigue inracontable, pas vraiment de bruit et de fureur, de vertige du zéro ou de l'infini, de fracas de la grande histoire... Dans ces écrits, la plume est plus style de vie qu'outil de travail. Un stylo-plume, qui a d'ailleurs droit a un texte qui devrait toucher tout ceux qui sont attachés à cet objet qui semble aujourd'hui d'un autre temps. Avec Kosztolányi, c'est la vie même qui devient littérature, en s'ancrant (ou en s'encrant!) avec légèreté dans le réel, sans souffrance. Il y a quelque chose d'une acupuncture réussit dans cette littérature, cette écriture: une piqûre de rien et la vie circule mieux, plus librement, plus énergiquement.



Il ne s'agit délibérément que de fragments, comme peuvent s'écrire les poèmes, sauf que ce ne sont pas des poèmes. Cette forme de littérature et d'écriture, l'auteur l'avait inauguré avec les nouvelles qui constituent cette sorte d'autobiographie parallèle ou en double qu'est Kornél Esti (qui a fait aussi l'objet d'une réédition par le même éditeur).



Dans le premier "chapitre" de ce dernier, le dialogue entre l'auteur et son double (né le même jour que lui et qui lui ressemble tant qu'on les confond parfois) envisage ce que doit être le livre à venir.

- Alors qu'est-ce que ce sera ?

- Les trois à la fois. Un récit de voyage dans lequel je raconterai où j'aurais aimé aller, une biographie romanesque dans laquelle je rendrai compte des diverses morts de héros en rêve. J'ai une condition cependant. Ne l'intègre pas à un quelconque récit stupide. Que tout reste comme il sied au poème : fragment.



Qu'on ne s'y trompe pas, tout cela est aussi un travail, qui est aussi exigeant que la vie elle-même. L'auteur fait avouer et revendiquer par son double que le métier d'écrivain est un vrai métier, et même un métier difficile, mais l'un et l'autre veulent être de ces écrivains qui cognent aux portes de l'être et tentent l'impossible.



Ecriture et vie se confondent. Il ne s'agit sans doute pas plus d'écrire pour vivre que de vivre pour écrire, mais simplement d'écrire et de vivre, de vivre et d'écrire. Cependant par dessus tout je suis sensible et curieux. Tout et tout le monde m'intéresse. J'aime tout et tout le monde, tous les peuples et tous les pays. Je suis tout le monde et personne. Oiseau migrateur, transformiste, magicien, anguille qui ne cesse de glisser entre les doigts. Impénétrable, insaisissable.



Les chose apparaissent dans toute leur précision, on les dit, on s'en émeut ou en en rit, et puis on les laisse passer et continuer leur vie, sans en rajouter. Sans en faire toute une "littérature".



On peut sentir là un bonheur trouvé de l'écriture. Il nous permet de trouver notre bonheur de lecteur.
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