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Citations de Maurice de Guérin (20)


Maurice de Guérin
Comme un fruit suspendu dans l'ombre du feuillage,
Mon destin s'est formé dans l'épaisseur des bois.
J'ai grandi, recouvert d'une chaleur sauvage,
Et le vent qui rompait le tissu de l'ombrage
Me découvrit le ciel pour la première fois.
Les faveurs de nos dieux m'ont touché dès l'enfance ;
Mes plus jeunes regards ont aimé les forêts,
Et mes plus jeunes pas ont suivi le silence
Qui m'entraînait bien loin dans l'ombre et les secrets.
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Maurice de Guérin
Ce que tout homme d'une certaine nature, plutôt écartée que supérieure, garde avec le plus de vigilance, c'est le secret de son âme et des habitudes intimes de ses pensées. J'aime ce Dieu Harpocrate, son index sur sa bouche.
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LE CENTAURE



Extrait 4

Depuis, j’ai noué mes bras autour du buste des centaures,
et du corps des héros, et du tronc des chênes ; mes mains
ont tenté les rochers, les eaux, les plantes innombrables
et les plus subtiles impressions de l’air, car je les élève
dans les nuits aveugles et calmes pour qu’elles surprennent
les souffles et en tirent des signes pour augurer mon chemin ;
mes pieds, voyez, ô Mélampe ! comme ils sont usés ! Et cepen-
dant, tout glacé que je suis dans ces extrémités de l’âge, il est
des jours où, en pleine lumière, sur les sommets, j’agite de ces
courses de ma jeunesse dans la caverne, et pour le même
dessein, brandissant mes bras et employant tous les restes de
ma rapidité.
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Je garde encore assez de hardiesse pour gagner le haut des rochers où je m'attarde, soit à considérer les nuages sauvages et inquiets, soit à voir venir de l'horizon les hyades pluvieuses, les pléiades ou le grand Orion ; mais je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j'irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre.

Le Centaure
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A mesure que je vais et que j'avance dans le discernement du vrai et du faux dans la société, mon inclination à vivre, non pas en sauvage, ni en misanthrope, mais en homme de solitude sur les limites de la société, sur les lisières du monde, s'est renforcée et étendue... Ainsi je voudrais vivre, rodant autour de la société et toujours ayant derrière moi un champ de liberté vaste comme le ciel.
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Quitter la solitude pour la foule, les chemins verts et déserts pour les rues encombrées et criardes où circule pour toute brise un courant d'haleine chaude et empestée ; passer du quiétisme à la vie turbulente, et des vagues mystères de la nature à l'âpre réalité sociale, a toujours été pour moi un échange terrible, un retour vers le mal et le malheur. À mesure que je vais et que j'avance dans le discernement du vrai et du faux dans la société, mon inclination à vivre, non pas en sauvage ni en misanthrope, mais en homme de solitude sur les limites de la société, sur les lisières du monde, s'est renforcée et étendue.
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Mon âme fut mon premier horizon. Voilà bien longtemps que j'y contemple. Je regarde monter du fond de mon être des vapeurs qui s'en élèvent, comme d'une vallée profonde, et qui ne contractent de forme qu'au souffle du hasard ; fantômes indescriptibles qui font leur ascension lentement et sans interruption.
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Nous vivons trop peu en dedans, nous n'y vivons presque pas. Qu'est devenu cet œil intérieur que Dieu nous a donné pour veiller sans cesse sur notre âme, pour être le témoin des jeux mystérieux de la pensée, du mouvement ineffable de la vie dans le tabernacle de l'humanité ? Il est fermé, il dort ; et nous ouvrons largement nos yeux terrestres, et nous ne comprenons rien à la nature, ne nous servant pas du sens qui nous la révélerait, réfléchie dans le miroir divin de l'âme. Il n'y a pas de contact entre la nature et nous : nous n'avons l'intelligence que des formes extérieures, et point du sens, du langage intime, de la beauté en tant qu'éternelle et participant à Dieu, toutes choses qui seraient limpidement retracées et mirées dans l'âme, douée d'une merveilleuse faculté spéculaire. Oh ! Ce contact de la nature et de l'âme engendrerait une ineffable volupté, un amour prodigieux du ciel et de Dieu.
Descendre dans l'âme des hommes et faire descendre la nature dans son âme.
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Les mélèzes, les bouleaux, deux pieds de lilas que nous avons au jardin, les rosiers et les haies d’aubépines portent à peine quelque verdure, tout le reste est sombre et dort presque comme en hiver, sauf quelques hêtres qui, plus printaniers que leurs frères commencent à se nuancer sur la masse noire de la plantation qui borde l’étang.
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LE CENTAURE



Extrait 3

La joie qu’elle rapportait se marquait de loin dans quelques
traits de sa marche et s’épandait de ses regards. J’en éprouvais
des communications dans tout mon sein ; mais ses abattements
me gagnaient bien davantage et m’entraînaient bien plus avant
dans les conjectures où mon esprit se portait. Dans ces moments,
je m’inquiétais de mes forces, j’y reconnaissais une puissance qui
ne pouvait demeurer solitaire, et me prenant, soit à secouer mes
bras, soit à multiplier mon galop dans les ombres spacieuses de
la caverne, je m’efforçais de découvrir dans les coups que je
frappais au vide, et par l’emportement des pas que j’y faisais,
vers quoi mes bras devaient s’étendre et mes pieds m’emporter…
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LE CENTAURE



Extrait 2

Mon accroissement eut son cours presque entier dans les ombres
où j’étais né. Le fond de mon séjour se trouvait si avancé dans
l’épaisseur de la montagne, que j’eusse ignoré le côté de l’issue,
si, détournant quelquefois dans cette ouverture, les vents n’y
eussent jeté des fraîcheurs et des troubles soudains. Quelquefois
aussi, ma mère rentrait, environnée du parfum des vallées ou
ruisselante des flots qu’elle fréquentait. Or, ces retours qu’elle
faisait, sans m’instruire jamais des vallons ni des fleuves, mais
suivie de leurs émanations, inquiétaient mes esprits, et je rôdais
tout agité dans mes ombres. Quels sont-ils, me disais-je, ces dehors
où ma mère s’emporte, et qu’y règne-t-il de si puissant qui l’appelle
à soi si fréquemment ? Mais qu’y ressent-on de si opposé qu’elle en
revienne chaque jour diversement émue ? Ma mère rentrait, tantôt
animée d’une joie profonde, et tantôt triste et traînante et comme
blessée.
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Mon Dieu, comment se fait-il que mon repos soit altéré par ce qui se passe dans l'air, et que la paix de mon âme soit ainsi livrée au caprice des vents ? Oh ! C'est que je ne sais pas me gouverner, c'est que ma volonté n'est pas unie à la vôtre et, comme il n'y a pas autre chose où elle puisse se prendre, je suis devenu le jouet de tout ce qui souffle sur la terre.
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Maurice de Guérin
Il est doux de poursuivre une lecture passionnée jusques sous la chute du jour. Dans les lueurs du déclin, sous cette lumière où pénètrent déjà les ombres subtiles et le silence de la nuit, les lignes rêveuses parlent avec plus d’intimité; elles paraissent plus solitaires, plus recueillies, leurs pensées s’insinuent avec plus de charme et font mieux dans l’âme l’entrée furtive et muette des rêves.
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J'aime Téthys : ses bords ont des sables humides ;
La pente qui m'attire y conduit mes pieds nus ;
Son haleine a gonflé mes songes trop timides,
Et je vogue en dormant à des points inconnus.

Glaucus
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Je me portai un jour vers le lever du soleil, dans le temps où les rayons de ce dieu comblent la maturité des fruits et ajoutent la dernière vertu aux ouvrages de la terre. Je gagnai les collines pour m'offrir à ses traits et devant déplier mes cheveux à la première issue de sa lumière au-dessus de l'horizon ; car on enseigne que la chevelure inondée par les flammes matinales en devient plus féconde et reçoit une beauté qui l'égale à la chevelure de Diane. Mes yeux, en sortant, avaient surpris les extrémités des ombres qui redescendaient sous le pôle. Quelques signes célestes, lents à accomplir leur déclin vers les flots, marquaient encore le ciel presque abandonné, et le silence laissé par la nuit occupait les campagnes. Mais ainsi que dans les fraîches vallées de la Thessalie, les fleuves ont coutume d'élever une haleine semblable aux nuages, et qui se repose sur eux-mêmes, la vertu de ton souffle, ô Bacchus ! s'était exhalée du sein de la terre, durant les ombres, et réglait au retour du soleil sur toute l'étendue des plaines. Les constellations qui se lèvent pâles prennent moins d'éclat en gagnant dans la profondeur de la nuit, que ma vie ne croissait dans mon sein, soit en puissance, soit en splendeur, à mesure que je pénétrais dans les champs.

La Bacchante
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Allez, partez, ouvrez vos ailes,
Hymnes du cœur, tendres concerts !
Allez où vont les Hirondelles ,
Allez jusqu'au-delà des mers I
Un air favorable se lève :
Pour vous personne qui ne rêve
Un ciel plein de riches clartés
Vers la lumière qui nous charme
Prenez votre vol fans alarme ;
Un beau jour vous sourit : partez !
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LE CENTAURE



Extrait 1

J’ai reçu la naissance dans les antres de ces montagnes.
Comme le fleuve de cette vallée dont les gouttes primitives
coulent de quelque roche qui pleure dans une grotte pro-
fonde, le premier instant de ma vie tomba dans les ténèbres
d’un séjour reculé et sans troubler son silence. Quand nos
mères approchent de leur délivrance, elles s’écartent vers
les cavernes, et dans le fond des plus sauvages, au plus épais
de l’ombre, elles enfantent, sans élever une plainte, des fruits
silencieux comme elles-mêmes. Leur lait puissant nous fait
surmonter sans langueur ni lutte douteuse les premières
difficultés de la vie ; cependant nous sortons de nos cavernes
plus tard que vous de vos berceaux. C’est qu’il est répandu
parmi nous qu’il faut soustraire et envelopper les premiers
temps de l’existence, comme des jours remplis par les dieux.
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Ô mon cahier, tu n’es pas pour moi un amas de papier, quelque chose d’insensible, d’inanimé ; non, tu es vivant, tu as une âme, une intelligence, de l’amour, de la bonté, de la compassion, de la patience, de la charité, de la sympathie pure et inaltérable. Tu es pour moi ce que je n’ai pas trouvé parmi les hommes, cet être tendre et dévoué qui s’attache à une âme faible et maladive, qui l’enveloppe de son affection, qui seul comprend son langage, devine son cœur, compatit à ses tristesses, s’enivre de ses joies, la fait reposer sur son sein ou s’incline par moments sur elle pour se reposer à son tour ; car c’est donner une grande consolation à celui que l’on aime que de s’appuyer sur lui pour prendre du sommeil ou du repos.
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Je garde encore assez de hardiesse pour gagner le haut des rochers où je m'attarde, soit à considérer les nuages sauvages et inquiets, soit à voir venir de l'horizon les hyades pluvieuses, les pléiades ou le grand Orion ; mais je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j'irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre.
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Ô pureté des champs! J'allais sans cesse montant de la nature à Dieu, et redescendant de Dieu à la nature. C'était là ma vie intérieure mêlée de quelques mélancolies, de quelques tressaillements du cœur, mais qui ne faisaient qu'adoucir ou presser le cours de mes pensées sans les altérer. Rien de souillé n'entrait dans mon âme et je sentais s'accroître les forces de mon intelligence ; car lorsque l'homme intérieur est pur, sa pensée s'élève sans obstacle et va toujours s'approchant de la source de toute force intellectuelle. Je commençais à dominer mes découragements et à prendre cette belle et noble confiance d'un cœur qui se sent l'ami de Dieu et qui ne saurait s'abattre tant qu'il s'appuie sur ce sentiment.
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