Cette fois, je ne me forçai pas à jouer Scarlatti. Ni même aucun morceau en particulier. Je laissai simplement ma main droite filer sur les touches. Librement. Peu à peu, mes doigts se décrispèrent, mon poignet s'assouplit. La musique ne m'avait pas totalement abandonnée, finalement.
L'air que je jouais sans réfléchir commençait à s'approcher de celui de ma sonate. Portée par ma rêverie, presque somnolente, je ne réalisai pas que ma main gauche s'était jointe à sa jumelle pour l'accompagner. Puis, après, quelques minutes, maintenant parfaitement détendue, je repris Scarlatti à son début. J'enchaînai ensuite avec Mendelssohn. Tout mon corps semblait vibrer avec les cordes ; j'étais dans un tel diapason avec la musique que j'en ressentais tous les mouvements. Comme un oiseau, il me semblait prendre avec elle mon envol, décrire là-haut des courbes amples et majestueuses, portée par son souffle, un peu, avant de redescendre en douceur jusqu'au sol.
(...) J'avais enfin compris ce que prendre confiance en soi signifiait.
Bientôt mon tour...
"Tout ira bien, me répétai-je pour me rassurer. La musique est là, dans mes mains, dans mon cœur, comme hier... Elle ne va pas s'en aller comme ça, juste pour me faire une mauvaise farce..." Sauf que mes mains étaient trempées et que mon cœur s'emballait.
Les yeux fermés, je me représentai le petit ange de céramique bleue, dans la dentelle des rideaux, chez Herr Hummel. Le souvenir de son regard bienveillant me calma, comme si son sourire symbolisait l'amour de tous ceux qui croyaient en moi : Frau Vogel, mon professeur... Les filles de ma classe, aussi, et bien sûr cette part infime de moi-même qui grandissait chaque jour...
Les yeux rivés sur mes genoux, je ne voyais plus ma blouse qu'à travers un brouillard de larmes. Comment lui faire admettre que le piano n'était pas un simple loisir ? (...) Non : j'en jouais, parce que cela me faisait du bien, à l'intérieur. Comme un bon bol de soupe quand on est affamé, par exemple; ou comme une grande bouffée d'air frais quand on sort d'une pièce enfumée. C'était même un besoin encore plus profond, plus fort que la faim ou la respiration. C'était la seule chose qui me permettait d'être moi-même, Nina.
La matière était aussi douce qu' une pétale de fleurs en le portant à mon nez ,je reconnu le parfum délicat de Frau Rosenwald.page 137
Vendredi 11 mars 1938. Jour de mon récital. Il faisait une telle douceur printanière, ce matin-là, que je n'aurais pas été surprise de voir éclore soudain les forsythias jaunes de la cour. Seuls quelques légers nuages, à petits pas gracieux, virevoltaient dans le ciel turquoise. Le temps idéal pour apaiser mes angoisses.
Encourager, j'oubliai bientôt toute pudeur et, portée par les mouvements lents et tristes du morceau, je laissai mes doigts courir sur l'ivoire du clavier. page 59
Les notes s'envolaient, aussi tenues que le souffle d'un oiseau, ou se détachaient au contraire avec l'éclat vif d'une étoile dans un ciel d'hiver.
page 217
Dans les tripots ,les gens parient maintenant que tu vas faire des canards à ton récital p135
J'étais sidérée .Je n'aurais pas été plus surprise si Frau vogel m'avait annoncé qu'elle s'était mise à la trompette quoi ce petit oiseau chétif jouer du violon p 198
Korantin
j'ai vraiment ADORE ce livre !! il y a beaucoup d'action dans ce livre et aussi je me sentais impliquée dans ce livre car il y a des compositeurs très connus et vraiment .................. J'AI A-DO-RE !!
La qualité du son me fit reculer de surprise. page 25
Nina rêve de une grande pianiste 4° DE couverture.C'est l'univers au pouvoir des nazis qui fera éclater la verité.4è de couverture .