Leur commandant se tenait sur la tourelle de son Léopard. Je le connaissais. On avait servi ensemble en Bosnie dans l'IFOR de l'OTAN. Ça fait très mélodramatique de dire un truc pareil, je sais, mais un soir, il avait encaissé une balle qui m'était destinée et ça m'avait sauvé la mise. La dernière fois que je l'avais vu, il était à l'hôpital à Sarajevo et il plaisantait en parlant de cet asile de fous nommé Bosnie, un asile qu'il n'allait pas tarder à quitter. Et maintenant, on était là, sur les autobahnen ravagées de notre propre pays. On s'est regardé droit dans les yeux, on s'est salué. Je suis revenu dans l'APC faire semblant d'étudier la carte pour que le chauffeur ne remarque pas mes larmes.