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Homo faber de Max Frisch
Je suis dans le wagon-restaurant, bois des alcools et regarde par la fenêtre, je ne pleure pas, je voudrais simplement ne plus être là, ne plus être nulle part.
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Une présentation du Journal berlinois (1973-1974) de Max Frisch par sa traductrice, Camille Luscher. Disponible dans toutes les bonnes librairies dès le 6 octobre 2016. http://editionszoe.ch/livre/journal-berlinois-1973-1974
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Homo faber de Max Frisch
Je suis dans le wagon-restaurant, bois des alcools et regarde par la fenêtre, je ne pleure pas, je voudrais simplement ne plus être là, ne plus être nulle part.
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Homo faber de Max Frisch
[…] voyager, Messieurs, c’est moyenâgeux, nous avons aujourd’hui des moyens de communication, sans parler de demain ou d’après-demain, des moyens de communication qui livrent le monde à domicile, c’est de l’atavisme que d’aller d’un endroit à l’autre. Vous riez, Messieurs, mais c’est ainsi, voyager, c’est de l’atavisme, viendra le jour où il n’y aura plus du tout de trafic, et seuls les couples de jeunes mariés, en fiacre, se déplaceront encore à travers le monde, et personne d’autre –vous riez, Messieurs, mais vous allez voir !
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Homo faber de Max Frisch
Je les trouve amusantes, leurs danses d’aujourd’hui, amusantes à voir, cette sauterie existentialiste, où chacun danse tout seul pour soi, faisant ses propres bouffonneries, entortillé dans ses propres jambes, comme secoué par la fièvre, le tout légèrement épileptique, mais amusant, plein de tempérament, je dois l’admettre, mais, moi, je ne puis faire cela.
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Esquisses pour un troisième journal de Max Frisch
Ce qui, dans tous les systèmes, préserve le plus les hommes d’Etat d’une exécution, ne relève qu’en partie de ce que l’on appelle la sécurité rapprochée, son armée de gardes du corps ; pour l’essentiel, c’est notre certitude que les hommes d’Etat sont à chaque fois et aussitôt remplacés par leurs semblables.
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Homo faber de Max Frisch
Et plus de trois ou quatre jours de vie commune avec une femme, cela fut toujours pour moi, à vrai dire, le début de l’hypocrisie ; du sentiment le matin, aucun homme ne supporte cela. Mieux vaut encore faire la vaisselle !
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Homo faber de Max Frisch
Etre seul est ce qui me convient le mieux, car je ne tiens pas à rendre une femme malheureuse, et, les femmes, c'est ce qu'elles cherchent, être malheureuse. (p.14) |
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Esquisses pour un troisième journal de Max Frisch
Notre tourisme, notre télévision, nos changements de mode, notre alcoolisme, notre toxicomanie et notre sexisme, notre avidité de consommation sous un feu roulant de réclames, etc., témoignent de l’ennui gigantesque qui affecte notre société. Qu’est-ce qui nous a amenés là ? Une société qui, certes, produit de la mort comme jamais, mais de la mort sans transcendance et sans transcendance, il n’y a que le temps présent, ou plus précisément : l’instantanéité de notre existence, sous forme de vide avant la mort.
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Don Juan ou L'Amour de la géométrie de Max Frisch
CELESTINE : Ils sont tellement bizarres pour le linge de dessous, et surtout les plus délicats. Porte du rose ou du lilas et les voilà effrayés par ton mauvais goût. C’est comme la littérature, parle du dernier roman et tu verras un freluquet s’en aller bâiller à la fenêtre en soupirant : « il y a un monde entre nous ». C’est pourquoi je vous le dis toujours, parler littérature, c’est creuser un abîme entre vous et le client. Même chose pour le linge de dessous, exactement. Il y a des hommes qui se feraient tuer pour aller prendre un drapeau, mais qu’un chiffon de soie rose traîne sur le tapis et il n’y a plus personne. Des goûts et des couleurs on ne discute pas. Pas de linge de dessous, c’est encore le mieux ; ça les affole mais ça ne les déroute jamais.
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Don Juan ou L'Amour de la géométrie de Max Frisch
DON JUAN : […] Ne sois pas comme moi, Rodrigue, ne sois pas curieux ! Si nous refusons le mensonge étincelant de la surface des choses, si nous voulons voir dans ce monde plus que le miroir de nos vœux, si nous voulons savoir qui nous sommes, alors Rodrigue, notre chute ne cesse plus, et le sifflement à nos oreilles es tel que nous ne savons plus où Dieu habite. Ne plonge pas ton regard dans ton âme, Rodrigue, ni dans celle d’un autre, mais effleure seulement la surface azurée du miroir, comme une ronde de moustiques sur l’eau de l’étang –afin de vivre longuement, amen.
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