Max Guérout. Esclaves oubliés de l'île Tromelin.
Ces études se sont ensuite étendues grâce aux travaux de Jean Yves Le Gall qui fut le premier chercheur à évaluer la population de Tromelin.
Il estime que, chaque saison, 850 à 1100 tortues vertes pondent sur l’île, « produisant » entre 0,15 et 0,3 million de nouveau-nés par an.
Le Gall a, entre autres, mis en place un suivi sur le long terme d’un indicateur d’abondance du nombre de tortues, au moyen d’un comptage journalier du nombre de traces.
C'est alors que se joue le dernier acte de la tragédie. Non seulement de nombreux Polynésiens et Pascuans [habitants de l'île de Pâques] n'ont pas supporté les conditions de travail au Pérou et sont morts, mais beaucoup succombent pendant leur retour en juillet 1863.
Ceux qui survivent, malades rescapés, contaminent et déciment les populations.
C'est ainsi que pour l'île de Pâques, seuls 15 hommes sont de retour. Ils sont à l'origine d'une épidémie de variole qui fera 1000 victimes. Au total, l'île a perdu 2392 habitants sur 4126, soit 57% de sa population.
(...) Avec la disparition des anciens et des élites, la tradition est oubliée et la civilisation pascuane entièrement déstructurée. Personne ne sait plus déchiffrer son écriture.
Parmi les points de litige entre assureurs et armateurs, la pratique qui consiste à jeter par-dessus bord tout ou partie de la cargaison pour sauver le navire (le jet). Cette pratique s'applique-t-elle aux esclaves? Elle est appliquée en 1781 par le navire négrier Zong armé à Liverpool. L'eau douce venant à manquer, on jette 132 captifs à la mer. Au retour, l'armateur demande à être indemnisé (...). Il perdra son procès, mais le capitaine ne sera pas poursuivi pour ses crimes.