Ne ressens rien. Puis, tout. Je ne sais plus. Je veux hurler, mais je me tais. Pleurer, mais je serre les dents. Partir, mais je reste….
J'avale un café sans attendre, glisse la main dans mon caleçon pour me replacer le paquet lorsque Ty fait irruption dans la pièce.
- C'est une idée ou tu t'es donné pour défi de m'offrir une image charmante de toi chaque matin ? s'enquiert mon coloc.
Je bâille, m'étire comme un chat avant de gratter mon torse dont les poils commencent déjà à repousser.
Je me souviendrai toute ma vie de mon coming out (si on peut l'appeler de cette manière en ce qui me concerne). Je ne suis nullement sorti de mon placard, mes parents sont simplement venus m'y rejoindre, ont allumé la lumière et m'ont assuré que le monde à l'extérieur n'y était pas si différent.
Ne comprend-il pas que nous vivions une amitié étrange, qu’il fallait absolument y mettre un terme, sous peine de finir en enfer ? Alors, j’ai créé le notre, le seul où nous pouvions exister sans brûler dans d’atroces souffrances.
J’ai besoin de lui pour continuer. Besoin qu’il accepte le châtiment que je lui impose, écho du mien. Il n’y a qu’ensemble que nous pouvons souffrir, et donc vivre.
Chaque fois que je me trouve loin de lui, je brûle de son absence. Dès qu’il se rapproche de moi, je meurs de son contact.
Je sais de quoi je suis capable par amour. Je sais que je suis prêt à me mettre entre parenthèses, à oublier qui je suis. Je pourrais tirer un trait sur le drag, sur ce milieu queer dans lequel je vis. Pour qu'il m'aime intensément, je serais en mesure d'enterrer toute cette part de moi qui m'a pourtant permis de renaître de mes cendres. Doit-on renoncer à soi pour son partenaire ? Non, je ne crois pas. Alors, mieux vaut arrêter avant que nous nous fassions mutuellement du mal...
J’ai tout tenté pour te haïr, mais je suis cramé de toi. Je le sens jusque dans mes os. Ma vie t’appartient. Mon âme aussi. Tu pourrais me demander n’importe quoi, j’y consentirais. Tout, sauf de te laisser. De t’oublier.
- Devenir qui l’on est réellement demande beaucoup de courage. Les gens faibles sont ceux qui ne le tolèrent pas, qui pensent pouvoir détenir un droit sur la vie des autres, sur leurs émotions, leurs sentiments.
• Alex
Eva agite les épaules, me dévoile sa poitrine cachée par un sublime soutien-gorge en dentelle blanche qui contraste à merveille avec sa peau mate. Subitement, mon cœur rate une pulsation. Ou alors est-ce ma queue qui tressaute d’impatience ? Torride. Son regard charbonneux fixé sur le mien, elle termine de déboutonner ma chemise pour enfin parcourir mon torse parsemé d’une fine toison que ses ongles rouge incandescent prennent plaisir à griffer. La pression qui envahit de concert mon sexe, mon ventre et ma gorge surpasse tout ce que j’ai déjà pu vivre jusqu’alors. C’est si fort que je ne suis pas certain de pouvoir contenir l’impulsion qui s’est logée en mon tréfonds.
— Je ne suis pas une fille à qui on fait l’amour. J’aime lorsque c’est… sauvage, m’avoue-t-elle d’une voix rauque.
Que ne m’a-t-elle pas dit ? La tension devient une explosion qui percute chacun de mes membres, comme un feu d’artifice qui me brûle de l’intérieur, me provoquant une érection presque douloureuse tant elle est puissante.