Citations de Maxime Chattam (3677)
''On dit que l'amour dure trois ans, que c'est bien assez pour faire le tour complet de l'autre. Toi et moi, ça fait plus de sept ans maintenant, et je n'en peux plus d'être ton satellite."
Cette phrase le hantait.
- chap 1. - p. 19 -
Si l'on ignore le prologue, ce message pourrait être considéré comme l'incipit ;-))
Les anges ne croient au diable que quand ils ont reçu un coup de cornes.
C'est toujours la même rengaine, n'est ce pas ? Chacun veut, mais personne ne prend ses responsabilités. Tous critiquent, mais personne ne propose ou n'agit. Prompts à condamner, jusqu'à ce qu'il faille un volontaire pour endosser le rôle de bourreau, et là plus personne n'assume.
Nous naviguons sur un navire qui ne peut supporter que dix personnes alors que nous sommes déjà quinze, et nous continuons de nous reproduire. Parce que nous avons vécu égoïstement, bientôt il faudra jeter par dessus bord la moitié des passagers, mais personne ne voudra le faire, chacun détournera le regard en serrant son enfant contre lui et en priant pour que ce soit le voisin qui tombe. Et si personne ne se hisse au-dessus pour accomplir le sale boulot, alors nous coulerons tous.
Le mariage est un exercice de funambulisme, il faut oser se lancer dans le vide, prendre ses marques, gagner en assurance... Puis sans cesse s'imposer de revenir à la base : travailler son équilibre. Des qu'on ne fait plus que regarder le paysage, alors tôt ou tard on finit par tomber.
Dans cet affrontement formidable, Romy n'était pas taillée pour remporter la victoire. Malgré toute sa volonté, malgré la lumière magnifique qui semblait les protéger, elle n'était qu'une cosse de peau sur de la chaire tendre et du sang volatil.
Tout ce qui nous séduit un jour finit par nous repousser le suivant.
Peut-être qu'elle y trouvait son compte finalement, et qu'elle n'avait plus envie de retourner à sa petite vie pathétique de merde, avec son connard de mec transparent qui ne devait pas bander plus dur qu'un tube de dentifrice à moitié vide, et ses marmots bruyants.
Ludivine n'était pas hyper à son aise en avion. Peu lui importaient les statistiques sur la sécurité, c'était juste viscéral. Un tube d'acier lancé à huit cents kilomètres-heure, à près de dix kilomètres de haut, par moins cinquante degrés, le tout ne tenant qu'à deux minuscules réacteurs, Ludivine trouvait cette idée très prétentieuse pour de si fragiles petits sacs de chair et de sang qui partiraient en fumée et en cristaux s'il arrivait le moindre aléa.
C'était ainsi que le mal avait pu survivre à la civilisation. En s'abritant dans les ténèbres des âmes les plus blessées. En les poussant à faire de même ensuite. D'où venait le mal initialement ? ça, Chloé l'ignorait. Ce dont elle était certaine en revanche, c'était qu'il ne survivait qu'à travers la transmission.
Mais il y avait des exceptions, et bien souvent celles-là étaient remarquables. pas juste d'une perspicacité moyenne, mais carrément d'un quotient intellectuel très élevé. Ted Bundy était réputé pour avoir plus de 130 de QI. Ed Kemper 140. Et Ted Kaczynski 167. Ludivine connaissait ces chiffres par cœur tant ils l'avaient marquée. Ces types faisaient partie des un à deux pour cent en tête de la population mondiale sur le plan de l'intelligence pure.
C'est mon choix. Je l'ai souhaité. Je n'ai pas le droit d'en vouloir à quiconque. C'est moi qui me l'impose, se dit aussitôt Ludivine. Sur le point de s'immerger dans la violence, il était facile d'avoir le réflece de chercher un coupable pour le mal qu'on allait lui faire, pour cette cruauté qui allait l'étouffer, cette innocence en elle qui se consumait encore un peu plus, crime après crime. Mais la vérité était simple : Ludivine avait recherché cette douleur. Ses motivations dépassaient le prix à payer pour chacune de ces scènes. Ce n'était pas seulement se sentir utile, ni même un profond esprit de justice, un désir de réparation, d'équilibre, non, pas plus qu'une quelconque notion de pouvoir, c'était au-delà.
Flirter avec ses limites. Voyager aux lisières de l'humanité. Se rapprocher des monstres, de leur monde. à présent Ludivine en était consciente.
N'y avait-il pas quelques exemples de pervers absolu qui n'avaient pas nécessairement eu une enfance infernale N N'y avait-il pas quelques-uns de ces démons qui, dès leur plus jeune âge, avaient eu des comportements tendancieux, voire carrément déviants ? Si. Ludivine en avait croisé même. Comme si le Mal était né avec eux, implanté dans leur fibres, se déployant avec chaque muscle, chaque os, chaque parcelle du cortex qui grandissait... Ils étaient rares, mais il existaient, au point d'ouvrir à une autre hypothèse. Après tout, il fallait bien que la cruauté ait émergé de quelque part pour qu'elle commence à se transmettre.
La cruauté est le virus de l'humanité, hautement contagieux, surtout sur les tendres psychés en construction. Elle brise pour mieux s'implanter, à coups de dégâts irréversibles. Elle détruit et remplace, semblable à un programme informatique, sans états d'âme, sans hésitation, implacable. De toute évidence, les traitements inhumains corrompent l'essence de la victime, grattent la coquille fragile de toute matière souple, la curent, la nettoient, et remplacent le vide par ce qu'elle est elle-même: de l'inhumanité. Les monstres naissent dans l'enfance.
Aucune plante n'avait survécu, il ne restait que des mers d'herbes fuligineuses qui se désagrégeaient dès qu'on les effleurait, des forêts de troncs tordus enroulés sur eux-mêmes dans un spasme d'agonie, plus aucune feuille, plus aucun chant d'oiseau, rien que le silence, parfois un vent glacial, et au loin, par intermittence, le grondement du tonnerre.
C'étaient toutes de vraies chiennes avides. Et lorsque ça leur tombait dessus, là, plus personne ! Elles couinaient comme des gamines, imploraient, suppliaient, avant de se casser les cordes vocales.
Il adorait ces moments d'abandon, lorsqu'elles réalisaient enfin qu'il n'y avait plus d'espoir. Que c'était lui qui avait le pouvoir et qu'elles ne pouvaient plus s'y soustraire. Alors, il les mordait comme elles le réclamaient, ils les croquaient, par infimes bouchées. Pour qu'elles lui appartiennent totalement. A jamais. Parce que une fois dans lui, elles ne pouvaient plus s'enfuir, plus jamais le quitter. Elles étaient plusieurs dans sa propre chair. Plus jamais seul.
Mais né sous une mauvaise étoile, Lewis ne pût faire comme il se devait. Il trebucha.
Une simple racine qui devait pousser à cet endroit depuis quinze ans, probablement née en même temps que Lewis, dans un seul et unique but : servir un jour à le faire tomber.
Lewis apprécia la sonorité du mot dans la bouche.
Meurtrier. Ça sonne bien, ça roule dans la gorge, ça rebondit contre le palais, contre les joues et ça sort rondement entre les lèvres. Lewis aimait vraiment ce mot, de plus, il faisait peur.
Les gouvernements non plus n’ont rien fait. Nos vieux pays occidentaux donnaient des leçons aux nations émergentes qui répondaient que nous avions brûlé les ressources planétaires pour devenir ces nations riches, et que par conséquent elles avaient elles aussi le droit d’améliorer le niveau de vie de leurs habitants plutôt que nous ne leur imposions des mesures restrictives. Nous avons refusé d’abandonner nos privilèges, et d’autres voulaient accéder aux mêmes, quoi qu’il en coûte. Chacun a regardé ses propres intérêts. Et nul ne peut prétendre qu’il ignorait quelles seraient les conséquences pour le lendemain. Nous le savons depuis longtemps.
La notion d'égalité entre les êtres humains est absolument illusoire, un hochet qu'on agite pour les rassurer. Nous ne naissons pas égaux, certains ont des gènes qui leur donnent un terrain plus favorable, pour devenir plus forts, plus vifs d'esprit, plus résistants ; d'autres viennent au monde avec des maladies, seront chétifs et fragiles toute leur vie, et peu importe ce que vous ferez, leur quotient intellectuel ne grimper jamais très haut. Certains sont dans la moyenne, d'autres au-dessus ou en dessous et vous n'y pourrez rien. Il n'y a pas de règles, c'est le fruit injuste du bouillon de la vie. Notre intelligence ou nos prouesses physiques nous démarquent. Et l'éducation est un labyrinthe, formidable créateur de différences en réalité. Et cela a toujours été ainsi, des hommes et des femmes inégaux même autrefois, lorsque notre naissance définissait notre rang, notre hiérarchie. (Chapitre 39)