Jan Pot fut soulevé par un haut-le-cœur. Pourtant , il était resté des heures à son chevet, s'imposant de délabyrinther les délires fébriles de la misérable. Lydwine était révoltée contre Dieu, qui l'affligeait de la sorte, et contre les hommes, qui l'avaient abandonné à sa déréliction corporelle. A l'issue de son monologue, elle s'était affaissée, haletante, ruisselante d'humeurs, épuisée. Jan Pot, alors, avait à son tour pris la parole. Dieu ! qu'il était doux d'avoir de la compagnie ! Lydwine écoutait, les paupières fermées, ce curé qui lui racontait la Passion du Christ et sa mort salvatrice. Elle oubliait un peu ses souffrances, bercée par la voix étrangère. Elle ne voulait plus être seule, jamais. Elle acceptait la ruine de la maladie, contre laquelle on ne pouvait lutter. En revanche, l'isolement dans lequel elle était maintenue par sa puanteur lui était odieux. Elle n'était pas responsable des effluves suppurés par ses nécroses, et elle avait bien droit à quelques consolations. Lydwine voulait qu'on l'entretint d'autres choses que de sa déchéance. Puisqu'elle n'arrivait pas à expirer, elle geignait de n'être pas seulement une morte-vivante, dissimulée dans l'obscurité de cette pièce envahie par la fétidité. Mais comment faire oublier les remugles de sa chair ? Comment attirer les visiteurs à elle ?