Maximilien Friche

Hier, aujourd’hui et demain forment une bouillasse dans son crâne. L’individu qui est en prison s’est installé dans un marécage de pensée où le crime, le sien, est omniprésent. Un jeune corps fauché par les genoux, une tête qui percute le métal et le sol, la mort en quelques secondes. La mort en diaporama perpétuel. L’individu est un homme de soixante ans et des poussières, qui flotte dans ses pensées comme on tâtonne dans le poisseux. Le crime est l’ivresse du dérapage et la nausée d’être allé trop loin. Il en est arrivé là et ne s’étonne même pas. Il en est arrivé là au terme de tellement de banalités, la prison après la vie ordinaire. Il savoure juste l’ironie du sort comme on goûte d’être le clou du spectacle. Renaud Manne est un assassin. Cette nouvelle identité a pris réellement chair depuis qu’il est en prison. Il mâche cette idée neuve qui est, en fait, un vieux projet resté sous forme de salive. De mollard. Il est né assassin.