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Citations de Mechtild Borrmann (130)


Je me souviens encore exactement de l'annonce : " En raison d'une situation radiologique défavorable dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, il a été décidé d'évacuer la ville de Pripiat, à titre de précaution temporaire. Nous vous invitons à emporter avec vous des vêtements pour trois jours, quelques provisions pour la route et vos papiers les plus importants." A 14 heures, nous devions nous tenir prêts devant nos maisons.
J'ai pris Mykola et la valise. Dans les couloirs, les voisins discutaient de l'évacuation. Quelques-uns refusaient de partir, trouvant tout ce cirque exagéré, d'autres se rongeaient les sangs. J'ai mis la valise dans le coffre et je suis partie. A la sortie de la ville, des autocars étaient stationnés à perte de vue et, tandis que je roulais le long de cette file interminable, l'expression "mesure de précaution" perdit son vernis trompeur. Je savais que jamais ils ne déploieraient autant d'efforts si la situation n'était pas grave. Je persistais pourtant à croire à cette histoire de trois jours. Ces trois jours au cours desquels tout allait s'arranger.
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Elle disparaissait presque entièrement sous la couette en duvet dont il l'avait couverte. Son visage avait cette innocence lisse qui rend jolies toutes les jeunes filles. Les lèvres charnues, exsangues, ressortaient à peine dans l'extrême pâleur du teint, qui soulignait d'autant plus les sourcils doucement arqués et les cheveux sombres, encore humides, ondulant autour de sa tête. Il ne connaissait même pas son nom.
Il avait perdu l'habitude d'être avec d'autres, perdu l'habitude de s'intéresser aux autres.
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Il raconta la confiance et l'élan qui les avaient poussés, lui et beaucoup d'autres, à essayer de changer le pays au début des années quatre-vingt-dix. La rechute et le retour aux anciennes structures, puis le nouvel espoir suscité par la Révolution orange et la déception quand le nouveau gouvernement s'était révélé aussi corrompu que le précédent.
- Le système n'a pas changé. Pas de travail, pas de place à l'université, pas même une bonne note à ton semestre, si tu n'as pas les bons contacts ou une enveloppe pleine de billets à donner à qui de droit, expliqua-t-il. Tout marche comme ça, même la milice. Des hommes comme Bergermann ont tellement "intériorisé" ce principe qu'ils l'appliquent où qu'ils soient. Et il semblerait que ça fonctionne ici aussi.
Et il s'ensuivit une discussion animée sur la différence entre corruption et lobbying.
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Au village, on proclamait désormais officiellement que la vodka permettait de se protéger contre la radioactivité, et les magasins ont été rapidement dévalisés. Des substituts distillés en douce ont été mis en venta à des prix exorbitants. On en administrait même aux enfants : les mères en donnaient à leurs nourrissons.
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L'été, nous, les enfants, allions nous baigner dans la rivière toute proche. En fin de journée, les adultes nous rejoignaient parfois. Tandis que le soleil couchant embrasait la rivière, nous plongions d'un arbre dont les branches s'avançaient loin au-dessus de l'eau. Les femmes nous chuchotaient à nous, les filles, que la baignade dans la lumière du soir nous rendait belles, et nous sautions à qui mieux mieux dans les reflets scintillants jusqu'à ce que le soleil ait complètement disparu.
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Tous les matins, on se rassemblait dans la cour de l'école et on saluait la journée en proclamant : " Pour la lutte en faveur de la cause du Parti Communiste d'Union Soviétique, soyez prêts ! Toujours prêts ! " En classe, l'institutrice nous parlait avec dévotion du Petit Père des peuples, des conquêtes de l'Etat ouvrier et paysan et fustigeait les ennemis de l'Union soviétique qui menaçaient notre pays et notre brillant avenir. Ensuite, on chantait debout, le bras levé et le coude plié : " Plus haut les feux de joie, les nuits bleues. Nous, pionniers, sommes enfants de la classe ouvrière… " J'aimais ce sentiment d'appartenance, j'aimais nous savoir unis dans une vision supérieure.
Dans le village, des affiches nous rappelaient que l'ennemi n'était pas loin, que des espions se trouvaient parmi nous. Je me souviens encore de l'image d'une ouvrière agricole coiffée d'un foulard rouge, l'index sur les lèvres. Au-dessous, on pouvait lire : " Les saboteurs sont parmi nous. Prends garde à qui tu parles ! "
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Courir au-devant des fusils
La mort est mon vœu le plus cher
Si les assassins le savaient
Ils se lasseraient

Christa Reinig
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"L'histoire, facile à penser, difficile à voir pour tous ceux qui la subissent dans leur chair .."
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A la suite de l'incendie qui ravagea Hambourg à l'été 1943, quand ils réussirent à ramper hors de l'abri où ils avaient failli périr asphyxiés, ils ne possédaient plus rien, que les vêtements qu'ils avaient sur eux. (...)
Combien de temps restèrent-ils là où la rue passait jadis, sans comprendre ce qu'ils voyaient, il n'aurait pas su le dire. Mais la mère Kröger qui divaguait au milieu des ruines en hurlant le Notre-Père, le vieux Vogler qui gémissait inlassablement en invoquant le châtiment de Dieu et Mme Weiser qui restait assise à l'entrée du bunker en berçant dans ses bras le corps sans vie de sa fillette de deux ans, balançant le torse d'avant en arrière en psalmodiant : 'Elle dort... elle va bien... elle dort...', cela, il ne l'avait pas oublié. Il se souvenait aussi qu'à l'intérieur de lui, il n'y avait rien. Ni sentiment ni pensée. Juste cette incompréhension mêlée de stupeur qui le paralysait.
(p. 9-10)
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Zone d'exclusion, octobre 2010

Une pie s'est posée sur la clôture. Son plumage aux reflets vert métallisé brille dans le soleil matinal; les extrémités blanches de ses ailes repliées ressemblent à des flocons qui n'auraient pas fondu.
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Que savait-il encore de son enfance au Kazakhstan, de ses parents, du voyage qui les avait amenés dans ce pays, dont ils prononçaient le nom avec un infini respect et une confiance absolue, la République fédérale d'Allemagne ? (...)
« Environ soixante-dix mètres carrés pour sept personnes », rappelait toujours son père quand ils regardaient les photos, craignant sans doute que son fils n'ait oublié la promiscuité dans laquelle ils avaient vécu.
(p. 23)
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Les ressources humaines dépassent notre imagination. Nous sommes capables d'endurer des choses inimaginables quand nous ne pouvons pas faire autrement. Ce n'est qu'ensuite, quand nous en parlons, quand nous essayons de le traduire en mots, que nous pleurons. Parce que c'est alors seulement que cela devient vrai.
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[Elle] ressent surtout du chagrin. Une fois de plus, sa mère ne lui adresse que des reproches. Et comme toujours elle croit que le seul moyen de créer un lien avec sa fille consiste à lui donner mauvaise conscience.
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«  Les premières lueurs violacées apparurent à l’horizon , éclairant les montagnes de gravats , plongeant dans les cratères creusés par les bombes et dessinant les contours du paysage de décombres » ….
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Le fait de savoir que d'autres ont souffert bien plus que vous ne vous ôte pas votre souffrance.
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Elle se tourna vers le père Lenkes et poursuivit, la voix pleine de mépris :
"Maman n'est pas morte par la volonté de Dieu. Elle est morte d'avoir trimé comme une bête parce que vous ne donnez qu'une obole à mon père pour son travail. Peut-être qu'il pourrait aller s'installer dans votre église pour de bon ! Au moins comme ça, il serait débarrassé de nous ! Mais nous on reste ici !"
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- Soudeur, comme papa ! se réjouit-il. (...) Tu te rends compte, au bout de trois mois, je toucherai un vrai salaire !
Agnes était loin de partager son enthousiasme. Elle avait rêvé d'un autre avenir pour son fils et espérait bien qu'il reprendrait l'école et obtiendrait son diplôme de fin d'études. Mais le plus dur pour elle, c'était de l'entendre dire 'comme papa'. Fallait-il qu'il pousse le sens du devoir jusqu'à vouloir le remplacer aussi sur ce terrain ?

[ Allemagne, 1947 - le mari d'Agnes est 'porté disparu' ]
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'Mon pauvre homme tout cassé', songeait[-elle] souvent. Certains jours, elle avait l'impression de le retrouver au-delà de son regard dur et méfiant, de l'entendre sous ses phrases économes. Même s'il se rétablissait à vue d'oeil, ces cinq années les séparaient plus sûrement qu'un no man's land. Il n'évoquait presque jamais cette période. Elle apprit seulement qu'il avait été fait prisonnier par les Russes quelques semaines après son départ.
'Un camp près d'Usman', expliqua-t-il une fois. Et il raconta qu'il avait travaillé dans une carrière. Quand ses questions [...] devenaient plus concrètes, il les éludait. 'Le froid et la faim, il n'y a rien de plus à en dire.' Son regard se perdait alors dans un lointain auquel elle n'avait pas accès. Parfois pendant de longues minutes. Quand il revenait au présent, il semblait avoir oublié ses questions, et ses yeux semblaient chercher quelque chose.
'Il ne retrouve pas le chemin, songeait-elle. Il est encore en route et il ne retrouve pas le chemin de la maison.'
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A quatre reprises, elle avait reçu du courrier du front. La dernière lettre disait : « ... ma permission pour Noël a été acceptée et je serai avec vous pour les fêtes. Vous n'imaginez comme je suis heureux de pouvoir bientôt vous serrer dans mes bras tous les trois ! »
Mais il n'était pas revenu à Noël. A sa place, le facteur avait apporté un courrier officiel peu après le nouvel an. « Gustav Dietz est porté disparu depuis le 17 septembre 1942. » Elle n'avait pas pleuré. « Porté disparu. » Pas tombé. Il était en vie, on avait juste perdu sa trace. Quelle pagaille ! s'était-elle dit. Quelle pagaille, si on peut perdre la trace d'un gars comme mon Gustav !
(p. 42)
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Tandis qu'elle pique l'aiguille dans le tissu, le regard concentré sur son ouvrage, un point après l'autre, elle commence à comprendre que l'enjeu pour elle n'est pas d'écrire. Contre toute logique, c'est de nouveau l'espoir qui l'anime. Si elle consigne chaque fait pour sa fille, scrupuleusement, fidèlement, Katerina reviendra. Il faudra qu'elle revienne. Pour le lire.
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