— Bonsoir, madame Wilkins, ai-je répondu avec un sourire tellement forcé que j’ai cru que mes joues allaient se déchirer.
Comment allez-vous ?
La mère de Rob était une dame charmante à la crinière rousse empilée sur le haut du crâne avec un peigne en écaille de tortue.
— Très bien, merci. Quel plaisir de te revoir. J’ai entendu dire que tu avais participé à une colonie de vacances pour musiciens ?
— Oui, madame. Comme mono. Je suis rentrée il y a peu.
Et votre fils ne m’a toujours pas contactée. Trois jours entiers. Trois jours depuis mon retour, et s’était-il seulement donné la peine de passer devant chez moi sur son Indian ? Que dalle. Rien. Nada. Zéro.
— J’espère que tu t’y es amusée, a commenté Mme Wilkins.
Soudain, j’ai constaté, horrifiée, qu’elle nous conduisait à la table sept, « la table des amoureux », située dans le coin le plus sombre de la salle à manger. « Non ! ai-je eu envie de hurler.
Pas la table des amoureux, madame Wilkins ! Je ne sors pas avec ce type, je vous le jure. Je… ne… sors… pas… avec… ce…
type ! »
— Et voilà ! a-t-elle annoncé en posant les menus sur la table sept. Asseyez-vous, les enfants. Je vais vous apporter deux grands verres d’eau glacée. À moins que vous préfériez des
Cocas ?
— Un Coca, pourquoi pas ? a dit Mark.
— Je… je… de l’eau suffira, ai-je bégayé, suffoquée.
Nom d’une pipe ! La table des amoureux ! Omondieu ! Dans quelle galère m’étais-je embarquée ?
— Un Coca et un verre d’eau, a résumé Mme Wilkins avant de s’éloigner.