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Citations de Mehdi Charef (75)


Mes parents, nos parents n'ont pas toujours été ces gueules tristes et abîmées qu'on voit sur les photographies prises dans les années soixante devant les murs des bidonvilles de Nanterre et d'ailleurs...ils ont été gaillards, futés, enthousiastes, joyeux et jeunes.(p.53)
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C'est peut-être ça que monsieur Raffin essaie de nous enfoncer dans la cervelle, que notre richesse, c'est la connaissance. Il dit :
— Quand vous admirez un beau tableau d'un grand peintre, que vous restez en extase devant, c'est qu'il vous a conquis, vous vous l'êtes approprié, il devient à vous, vous le possédez ! C'est pareil avec un beau livre, il vous a tant plu qu'après avoir fini de le lire, vous vous remémorez les plus beaux extraits, vous vous les relisez, ils deviennent à vous, vous les possédez. Le tableau, le livre, ces deux belles œuvres sont à jamais gravées en vous, leur beauté se reflète en vous, vous la portez comme un don, une richesse. C'est cela la possession. Vous êtes riches !
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Ce qui m'agace, c'est de buter au milieu de la phrase sur un mot ou un verbe dont je ne connais pas le sens, et ne pas posséder de dictionnaire. C'est comme croquer un caillou dans un bon casse-croûte.
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J’ai vingt ans. Je suis un étranger en Algérie, je suis un étranger en France. Je me sens frère de tous. J’ai perdu toute notion d’appartenance, d’union solidaire avec ceux qui ont dormi entourés de leurs enfants dans les bidonvilles. Je nie toute forme d’embrigadement. Si les autres ne me rappelaient pas mes origines, d’un regard en biais, comme l’oiseau, je volerais.
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Le jeudi, il arrive que ma mère m'envoie à La Garenne- Colombes, chez une vieille habillée tout en noir et au parfum écœurant de naphtaline, qui distribue des vêtements aux pauvres.(..)
Ce qui me gêne, ce n'est pas la charité que je demande, c'est la pitié que je reçois. (Pocket,2020)
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C’est très beau, vraiment très beau, deux couleurs qui n’en font qu’une. Cette couleur-là n’a pas de nom, on se métisse, métisse n’est pas une couleur.
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 J’avais onze ans quand je lui ai appris à écrire son nom en français. Je ne supportais plus de signer moi-même mes bulletins scolaires. Les autres élèves de l’école revenaient avec la signature de leurs parents, moi pas – pourtant, j’avais moi aussi un père et je voulais qu’il existe. Je voulais que des fois, il tienne un stylo dans sa main à la place de ce putain de marteau-piqueur qui pèse trente kilos et qu’il enfonce toute la journée au plus profond de la terre, sur les chantiers.
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Je sais maintenant que la France a autorisé l'arrivée chez elle de familles entières d'immigrés comme la mienne, pour préparer le départ en retraite de nos pères. Je suis de cette deuxième génération: je suis dans cette école, dans cette classe, afin d'apprendre à lire et à écrire correctement avant d'être jeté dans le monde du travail en lieu et place de mon père.
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Mon père reconnaît les lettres de l’alphabet français qui composent son nom. Emu, il fait un pas vers les boîtes, tend le doigt vers l’étiquette blanche où est écrit « Charef ». Je ne dis rien. Je le regarde, l’observe. C’est son nom qui est aussi devenu le mien : Charef. A quoi pense-t-il ?
Beaucoup d’hommes rêvent de voir leur nom briller en rouge, en larges lettres, encadré de néons multicolores, scintillant, clignotant, en haut d’une affiche, sur un fronton. Mon père, son nom n’est pas plus haut que ses yeux et, déjà, il n’en revient pas.
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-Elle est juive ?
-Et alors ?
On dirait que ça ne lui plaît pas.
-Tu sais que les juifs voulaient partager l'Algérie avec vous, comme en Tunisie et au Maroc, mais les Français voulaient tout garder pour eux, que vous restiez des indigènes.
Elle s'arrête.
-Tu sais ce que c'est, la première chose que les juifs ont faite quand ils ont débarqué en Algérie, tout au début, au siècle dernier ? Ils ont appris à parler arabe. Tu sais pourquoi ? Pour être proche de l'indigène, être accepté par lui.Tu as connu des Français, là-bas , qui causaient l'arabe? A part les mots obscènes ? ( p.157)
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Un gros sentiment de solitude m'étrangle lorsque je pense que le chemin de l'école va être long et pénible à négocier sans un père, une mère qui sache lire et écrire. Sans jamais s'entretenir avec quelqu'un qui pourrait me venir en aide.Ne serait-ce que de me procurer la totalité des fournitures scolaires me paraît impossible...( p.139)
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Ces ouvriers célibataires qui noient le mal du pays dans leurs canettes s'accrochent au courrier, rêvent d'un retour en costard et cravate, la valise pleine de cadeaux, les mocassins lustrés, et faute de s'être enrichis et d'ouvrir un commerce là-bas, font venir femmes et enfants. Le retour est un mythe. (p.90/Pocket)
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Dans la médiocrité, faut être le moins médiocre. Sauter la femme du voisin, c'est se croire moins con que lui, puisqu'on lui pique sa bergère. Et plaire, c'est se dire qu'on mérite mieux que ce qu'on a et qu'on est digne d'une autre vie. Les sentiments? Que dalle!
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Le dernier de mes grands grands-parents est mort.Je me demande ce qu'il faut en penser, ce qu'il y a à en dire, parce qu'une angoisse m'avertit que la vie continue et moi, honteux, coupable, je ne veux pas me détacher brutalement de ma grand-mère. Une voix dans ma tête souffle :
-Si Hanna est morte, alors pour qui je vais continuer à rêver d'être un jour riche et célèbre. (p.181)
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 Étudier longtemps : c’est le souhait de nos sœurs pour ne pas subir un mariage forcé, ne pas se retrouver comme leurs mères avec trois enfants à vingt ans.
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– Je vais aller au consulat d’Algérie, elle dit maintenant à son fils, la Malika, en arabe, qu’ils viennent te chercher pour t’emmener au service militaire là-bas ! Tu apprendras ton pays, la langue de tes parents et tu deviendras un homme. Tu veux pas aller au service militaire comme tes copains, ils te feront jamais tes papiers. Tu seras perdu, et moi aussi. Tu n’auras plus le droit d’aller en Algérie, sinon ils te foutront en prison. C’est ce qui va t’arriver ! T’auras plus de pays, t’auras plus de racines. Perdu, tu seras perdu.
Parfois Madjid comprend un mot, une phrase et il répond, abattu, sachant qu’il va faire du mal à sa mère :
– Mais moi j’ai rien demandé ! Tu serais pas venue en France je serais pas ici, je serais pas perdu… Hein ?… Alors fous-moi la paix !
Elle continue sa rengaine, celle qu’elle porte nouée au fond du cœur. Jusqu’à en pleurer souvent.
On frappe à la porte d’entrée.
– Ce qu’il y a ? demande la mère, toujours en colère.
Elle quitte la chambre et Madjid se rallonge sur son lit, convaincu qu’il n’est ni arabe ni français depuis bien longtemps. Il est fils d’immigrés, paumé entre deux cultures, deux histoires, deux langues, deux couleurs de peau, ni blanc ni noir, à s’inventer ses propres racines, ses attaches, se les fabriquer.
Pour l’instant il attend… il attend. Il ne veut pas y penser, il ne supporte pas l’angoisse.
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A l'agence, il fut reçu par un de ces mecs qui aiment le travail bâclé. A peine ouvert le dossier de Madjid:-On n'a rien pour vous, mon vieux!
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Beaucoup de ce qu’on croyait acquis tremble ou disparaît – la paix en Europe, le droit d’avorter, les démocraties libérales. Beaucoup de ce qu’on croyait endormi se réveille – les luttes féministes et antiracistes, pour la justice sociale et le climat.
Pour comprendre ce qui nous arrive et ce que nous pourrions faire advenir, nous avons besoin de livres qui se diffusent non seulement en tant que tels, mais irriguent aussi nos débats dans les écoles et les prisons, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Nous avons besoin de puiser dans ces refuges de la concentration, du courage, de l’empathie, de l’imagination.
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Madjid prend le petit homme par le bras et le ramène sur le trottoir. La bagnole passe. Le jeune homme et son père se remettent sur la chaussée, les bas-côtés étant encombrés par les voitures. Madjid sort deux cigarettes de son paquet, qu’il allume.
Il en donne une à son père. Le vieux prend la cigarette avec la même éternelle expression dans le regard, un mélange de vide et de lointain. Madjid l’observe un instant, pitié et tendresse montent en lui, l’émeuvent pour son malade de père. Le papa a perdu la raison depuis qu’il est tombé du toit qu’il couvrait. Sur la tête. Il n’a plus sa tête, comme dit sa femme. Elle s’en occupe comme d’un enfant, un de plus. Elle le lave, l’habille, le rase, et lui donne quelques sous pour son paquet de gauloises, son verre de rouge.
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Mehdi Charef
BARNABÉ : Toi, Dacquin, qui accuses, tu n’as jamais coiffé un indigène, on n’a jamais vu un Arabe dans ton échoppe !
DACQUIN : Cela ne m’aurait pas dérangé de coiffer un Arabe. Il n’en venait pas, même ceux qui étaient mes amis. Nous les avons repoussés si loin qu’ils ne pouvaient revenir. Nous avons profité de leur candeur et accaparé les plus belles situations : dans les campagnes, les terres les plus fertiles, celles qui bordent ruisseaux et oueds, sont les nôtres ; nous y avons élevé nos fermes, étendu des domaines à perte de vue. Nos troupeaux paissent en de verts et abondants pâturages et vont s’abreuver sans courir ; quant à eux, les indigènes, ils ont reculé si loin sur la terre craquelée afin de trouver ne serait-ce qu’un ru près duquel ils ont dressé leurs gourbis que nous les avons perdus à jamais.
PERRET : Dacquin ! Tu voulais une Algérie algérienne ! Tu l’as ! Alors restes-y ! Car ce dernier train, tu ne monteras pas dedans, foi de moi, sur ma vie je le jure !
DACQUIN : Oui, je voulais une Algérie algérienne. Nous leur avons bien imposé notre administration, notre drapeau, notre langue, et ç’a failli aller loin, pourquoi refuser d’être algériens à notre tour ?
LÉONIE : Ils nous auraient tous éliminés, tu rêves Dacquin !
DACQUIN : Nous serions un même peuple ! Des dirigeants arabes ? Et alors ! Avec le temps tout se serait arrangé ; là, nous perdons tout, par orgueil et par haine.
PERRET : Là, Dacquin, tu joues de la trompette avec ton zob.
DACQUIN : J’ai hurlé de toutes mes forces afin de vous prévenir : restons dans une Algérie algérienne ! L’O.A.S., votre organisation fasciste, m’a condamné à mort ; j’ai dû fuir, rejoindre la montagne où les fellaghas m’ont pris, ils ont voulu me supprimer, je ne dois mon salut qu’au fils Belhadj qui m’a reconnu. Je les ai suivis, et je me suis terré à leurs côtés dans les mahals entre deux embuscades.
PERRET : Tu as tiré sur les nôtres dans ces embuscades ?
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