J’ai songé pendant mon sommeil à Asseman, dis-je. À tout ce qu’elle te racontait dans ses courriels, cela me faisait revivre les évènements de ma jeunesse. Cette extraordinaire envie des jeunes de sacrifier tout pour quitter le pays, un rêve. Après la révolution, cela est devenu encore plus fort, un objectif, chacun selon ses moyens. Beaucoup l’ont réalisé par peur de rester et d’être arrêtés, aller en prison, beaucoup l’ont fait parce qu’ils ne voyaient aucune perspective, aucun avenir, et ils avaient très vite déchanté à l’arrivée du régime religieux et répressif qui ne laissait pas beaucoup de choix à la jeunesse. Je la comprends. Pour Asseman, c’était une question de vie ou de mort. Je me mets un instant à sa place. Le contexte familial, les comportements de son père, la pression qu’elle subissait de tous les côtés, le régime clérical, les contraintes que les femmes subissent, je la comprends parfaitement. Même si elle t’a utilisé toi, comme un moyen de se sauver, de ce carcan religieux, de cette prison nommée la famille, de cette société oppressante, je la comprends et je dis chapeau, bravo. Si tu étais à sa place ?