Mélanie Dufresne

Son regard croisa le mien et le rouge me monta aux joues. Nous étions à quelques centimètres à peine l'un de l'autre et je pouvais sentir la chaleur qui émanait de lui. La lueur qui brillait dans ses yeux n'avait rien à voir avec la bête. C'était l'homme, et son désir était tangible. Je lui indiquai où se trouvaient les serviettes et je me sauvai. Un rire amusé me suivit dans le couloir.

Une lueur amusée fit briller son regard et il se pencha vers moi.
- Des semaines ? Je suis sûr qu'on peut trouver à s'occuper, toi et moi, confinés.
Des papillons prirent leur envol dans mon ventre. J'avais une petite idée du genre d'activités auxquelles il pensait. J'agitais une main désinvolte et fis semblant d'avoir mal compris.
- Je ne suis pas fan des jeux de société.
Son sourire s'étira. Le chasseur n'était pas dupe.

Zacharie sortit du chalet, pieds nus, et sauta en bas du perron. Un nuage de volutes grisâtres l'entoura et le contour de sa silhouette se métamorphosa en celle d'un puissant cheval. Sa robe noire luisait sous le soleil du matin, un contraste saisissant avec toute la blancheur environnante.

J'écartai les bras et appelai l'eau environnante à moi. Les gouttelettes se soulevèrent de toute part et s'agglutinèrent pour former un lent tourbillon. Eau source de vie, ta musique apaise les psychés. Eau source de mort, ta puissance écrase les cités.

La voix du dragon était comme un roulement de tonnerre dans un ciel de nuages noirs. Il n'annonçait rien de bon.

Et tout ça pour quoi ? Parce qu'à ce temps de l'année, je me sens toujours vulnérable. Toutes ces années passées à m'entraîner, à dépasser mes limites, à donner le meilleur de moi, pour tituber au bord du précipice, à un cheveu de répéter les erreurs du passé. Les erreurs faites par un soir de solstice quinze ans plus tôt. J'avais payé le prix de mon inattention une fois et je m'étais promis de ne jamais répéter l'expérience.

Foudre Mystique

Elle soupira et écarta les mains.
- Qu'est-ce que ça coûte d'essayer ?
Ma poitrine se comprima. Ça me coûterait mes convictions. De faire appel de mon plein gré à mes pouvoirs équivaudrait à reconnaître que toute cette folie était réelle.

L'Éveil

- Les monstres ne sont pas toujours ceux qui en ont l'apparence.

L'Éveil

Les circonstances avaient fait de moi un monstre, mais je refusais d'être définie de la sorte. Si la vie m'avait apporté son lot de trahison, j'avais tout de même la capacité de venir en aide aux nécessiteux.

La Mangeuse d'Âmes

Au contraire des Faoladhs dont les pouvoirs de métamorphose étaient d'origine héréditaire, j'étais devenu un loup-garou à la suite d'une malédiction lancée par une sorcière. Les loups-garous maudits avaient un taux très élevé de bestialité. Les dernières années de mon service obligatoire avaient été particulièrement éprouvantes et j'avais failli céder à la bête plus d'une fois. Mes supérieurs avaient balayé mes inquiétudes, se réjouissant plutôt de mon ardeur au combat. Le retour à la normale me faisait le même effet qu'un train qui entre en gare, avec le couinement assourdissant des freins et l'impression que ça ne suffirait pas pour arrêter toute cette masse.

Le Protecteur de la Meute

Le bruit était assourdissant, mais j'étais probablement le seul de cet avis. Les gens passaient devant moi, valise à la main, sans savoir que j'aurais pu tous les tuer comme autant de brebis à l'abattoir.

Le Protecteur de la Meute

J'aurais bien voulu en savoir plus, mais comme elle n'avait pas jugé bon de répondre à ma précédente question, je lui emboîtai le pas en silence. L'expérience m'avais appris que si mes tuteurs omettaient une information, c'était habituellement mieux de ne pas insister. L'ignorance pouvait se révéler une bénédiction.

Le Bonhomme Sept Heures

- Ça s'est quand même bien passé, dit-elle.
- Personne n'est mort, répondis-je.
Alain eut un petit rire.
- Ellie, tu es un délice à regarder, comme un enfant dans une plate-bande. Tu piétines et tu arraches sans distinction et ensuite tout le monde s'extasie en inventant un nom à cette nouvelle méthode. C'est brillant.
Je lui lançai un regard perplexe par-dessus mon épaule.
- Tu veux dire que je suis une catastrophe, mais que personne ne va oser me le dire ?
Il agita une main désinvolte.

Le reste des discussions se brouillèrent dans mon esprit tandis que je considérais ma décision. C'était probablement la chose la plus risquée que j'allais faire de toute ma vie. Je ne m'étais jamais volontairement exposée à la communauté surnaturelle. Et si j'avais été au cœur de l'agitation de l'automne, ça avait été au second plan ou par accident.
Je n'avais jamais été du genre à aller au-devant de mes peurs pour les affronter. J'étais plutôt celle qui leur donnait des biscuits pour les amadouer. Mon pouls s'emballa et je me concentrai sur ma respiration.

Un sourire étira mes lèvres malgré moi.
- Voici un bel exemple de la mentalité Faoladh, dis-je. Ils ne laissent personne en reste, que ce soit pour passer un bon moment ou se faire serrer les ouïes.
Sorcha acquiesça avec un air serein.
- C'est parce que nous avons à cœur le bien de nos proches. Prendre soin de quelqu'un veut parfois dire aller à l'encontre de ses souhaits. Ce qu'on veut n'est pas toujours ce dont on a besoin. Si l'autre le voit, et qu'il tient à nous, il a la responsabilité, d'une part de nous donner sa vérité, et de nous éviter le pire.

J'étais peut-être une simple humaine, mais je n'étais pas une poupée de porcelaine qu'on pouvait mettre sur une étagère.
Si le meurtre de mes parents m'avait appris une chose, c'était que la mort me trouverait si elle me cherchait. Rien ni personne ne pourrait prévenir ma fin si mon heure avait sonné. Christian et Karl pourraient bien comploter jusqu'à s'épuiser, ça ne me garderait pas en vie plus longtemps.

C'était le moment de prouver aux surnaturels que je n'étais pas qu'un pion sur leur échiquier.

- Le Windigo dévore généralement sa partenaire, une fois que cette dernière lui a donné un fils. Je te déconseille fortement d'entretenir une relation avec ce jeune homme. Ça ne peut que mal finir pour toi.

- Pourquoi t’es-tu sauvée ?
Je relevai les yeux, incrédule. L’absurdité de sa question me fit momentanément oublier ma peur. J’étais une simple humaine devant le prédateur ultime.
- Peut-être parce c’est une réaction normale devant un monstre cornu de deux mètres de haut ?

Je tournai la tête vers lui avec lenteur. Je me doutais de la conclusion à laquelle il était arrivé. Celle qui créerait inévitablement un gouffre entre nous. En cet instant, je regrettais de ne pas avoir pressé Marie-Josephte pour un entretien. La procrastination avait eu raison de ma curiosité, la peur de voir mes craintes se réaliser. Car une fois ma véritable nature confirmée, je me doutais des conséquences : la crainte, la méfiance, la révulsion. Et ce serait justifié. J'avais trahi leur confiance en me faisant passer pour ce que je n'étais pas. À la manière du loup au milieu du troupeau de brebis.