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Citations de Merlin Holland (26)


CARSON : Je crois que vous êtes dans l'opinion, Mr Wilde, qu'il n'existe pas de livre immoral ?
WILDE : Oui.
CARSON : Vous avez cette opinion ?
WILDE : Oui.
CARSON : En ce cas, je suppose que je serais en mesure de dire que, à votre avis, ce texte* n'est pas immoral ?
WILDE : Il est pire que cela, il est mal écrit. (Rires)


* « Le prêtre et l'acolyte » écrit par un étudiant d'Oxford et publié dans The Chameleon aux côtés d'une contribution de Wilde.
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CARSON : C'est l'un de vos mots favoris, « poser », n'est-ce pas ?
WILDE : Vraiment ? Je ne « pose » pas, dans mon travail. Je l'accomplis, qu'il s'agisse d'écrire une pièce, un livre, ou autre. Je me préoccupe exclusivement de la littérature, c'est-à-dire de l'art. Le but n'est pas de faire le bien ou le mal, mais essayer de créer quelque chose qui aura une certaine forme de beauté à atteindre, quelque chose qui sera contenu par de la beauté, de l'intelligence et de l'émotion.
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En envoyant mon grand-père en prison, ils débarrassèrent ainsi la société d'un rebelle : pas n'importe quel rebelle politique ordinaire mais quelqu'un qui remettait en question quelque chose de crucial - l'hypocrisie des valeurs sociales, sexuelles et littéraires sur lesquelles reposait si fermement la société victorienne. Il avait tracé un arc-en-ciel aux couleurs interdites par-dessus ce morne âge de la puissance industrielle et de l'édification de l'Empire ; il poussa ses idées et son comportement à la limite de ce qu'on pouvait tolérer - puis un tout petit peu au-delà, ce qui fut trop. Et quand le Paon irlandais traîna le marquis Écarlate* devant un tribunal, il s'attaqua à l'establishment britannique et passa, comme il le dit lui-même « d'une éternité de gloire à une éternité d'infamie ».

*Lord Queensberry
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[...] Mais, sachant la vigueur avec laquelle il avait défendu Le Portrait de Dorian Gray à sa sortie, il était plus que probable qu'en attaquant son œuvre il poursuive la lutte. Wilde, bien qu'il soit peu vraisemblable que le raisonnement des avocats de Queensberry soit allé jusque-là, connaissait bien les procès de ses deux auteurs français préférés, poursuivis en 1857 pour obscénité et immoralité : celui de Flaubert pour Madame Bovary et celui de Baudelaire pour Les Fleurs du mal. L'œuvre de Flaubert fut accusée d'outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs et, dans son jugement, le tribunal déclara que Les Fleurs du mal contenait des expressions et des passages obscènes et immoraux. En l'espèce, Flaubert fut acquitté ; Baudelaire condamné à une amende de 300 francs et six de ses poèmes préférés furent censurés.
Comparé à ce qui arriva à Wilde, ils s'en étaient bien tirés.
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De nouvelles questions sur Douglas et sur Walter Grainger, le domestique, à son domicile d'Oxford :
« L'avez-vous jamais embrassé ?
- Oh non, jamais, jamais ! C'était un garçon singulièrement quelconque. »
Les choses se terminèrent rapidement. En lui donnant une journée pour se défendre et défendre son art, Edward Carson réussit superbement à prendre Oscar Wilde par surprise. Par un bon mot de trop, Oscar venait de s'envoyer lui-même en prison.
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Parlant du livre* comme de l' « édition expurgée », Carson présenta la première version qui avait été publiée dans une revue américaine, où il alla chercher la phrase que Wilde avait jugé prudent de faire sauter dans le livre. « Avez-vous jamais éprouvé ce sentiment de folle adoration envers une belle personne de sexe masculin plus jeune que vous de plusieurs années ? » demanda Carson.
« Je n'ai jamais éprouvé d'adoration envers quiconque, sinon moi-même », railla le témoin.

* Le Portrait de Dorian Gray
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Quelques jours plus tard, le 18 février, Queensberry déposa au club de Wilde une carte à son attention comportant l'inscription suivante : « Pour Oscar Wilde pédale et somdomite [sic]. »
Ce n'est que dix jours plus tard que le portier de L'Albemarle remit la carte à Wilde, qui écrivit immédiatement à son ami Robert Ross, depuis l'hôtel Avondale où il séjournait :

« Très cher Bobbie, il s'est produit du nouveau depuis notre dernière rencontre. Le père de Bosie a déposé à mon club une carte à mon attention comportant une horrible inscription. Cela ne me laisse maintenant d'autre choix qu'une action en justice. Toute ma vie semble ruinée par cet homme. La tour d'ivoire est prise d'assaut par l'immonde. Ma vie étalée sur le sable. Je ne sais que faire. Si vous voulez venir ici ce soir à 11 h 30, je vous en serais reconnaissant. Je gâche votre vie en abusant de votre affection et de votre gentillesse. J'ai demandé à Bosie de venir demain. »

À ce stade de la tragédie, on peut déjà se dire « si seulement... » comme on pourra le faire si souvent dans le courant de cette affaire.
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Après la vente aux enchères des biens de Tite Street, Constance, d'une courageuse et touchante loyauté, resta à Londres et offrit à Oscar tout le soutien qu'elle put. Elle s'installa d'abord chez des amis puis dans une pension près de Bayswater. Elle finit par quitter le pays pour rejoindre ses fils en Suisse, une semaine après que son époux eut été reconnu coupable d'atteintes aux mœurs le 25 mai 1895, et condamné à deux ans de travaux forcés. Wilde fut libéré le 19 mai 1897 et quitta aussitôt l'Angleterre pour ne jamais y revenir. Il mourut à Paris le 30 novembre 1900, à l'âge de quarante-six ans.
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À la fin juin, Queensberry se rendit au domicile de Wilde flanqué d'un boxeur professionnel ; s'il n'accusa pas directement Wilde de conduite incorrecte envers son fils, il lui dit néanmoins : « Je n'ai pas dit que vous étiez cela, mais que vous en aviez l'air et que vous posez à cela, ce qui est tout aussi mal », ajoutant qu'il rosserait Wilde s'il le rencontrait à nouveau dans un restaurant en compagnie de son fils. La fameuse réplique de Wilde montre qu'il n'éprouvait aucune peur : « J'ignore ce que sont les règles Queensberry*, mais les règles d'Oscar Wilde commandent de tirer à vue. »


*Lord Queensberry a mis au point les règles de boxe anglaise.
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C'est l'homosexualité qui avait tourneboulé l'enfance de mon père [Vyvyan Holland] et son intérêt relevait d'une fascination mélancolique pour quelque chose qui, dans une certaine mesure, avait affecté sa vie entière. Il est troublant de noter qu'il mourut en 1967, trois mois seulement après l'abrogation de la loi qui avait envoyé son propre père en prison.
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WILDE : Je me moque de la différence de position sociale.
CARSON : Vous vous en moquez ?
WILDE : De la différence de position sociale, oui. Devant quelqu'un qui m'intéresse, ou quelqu'un qui est dans le besoin et que j'ai été prié d'aider comme je le puis, à quoi bon prendre de grands airs à propos de sa position sociale ? C'est puéril.
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Wilde : Aucune œuvre d'art ne défend d'opinion. Les opinions appartiennent aux gens qui ne sont pas des artistes. Il n'y a pas d'opinion dans une œuvre d'art.
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Frank Harris se souvint que Wilde lui rendit un jour une visite pour lui demander de témoigner que Dorian Gray n'était pas un livre immoral. Il accepta, mais avertit Wilde qu'aucun jury anglais ne prononcerait un verdit contre un père qui essayait de protéger son fils, puis il le renvoya en lui demandant d'y réfléchir. Ils se retrouvèrent le lendemain au Café Royal où Harris avait déjeuné avec Bernard Shaw qui exprima la même opinion - opinion qu'ils répétèrent à Douglas quand celui-ci les rejoignit. « Un tel conseil montre qu vous n'êtes pas l'ami d'Oscar », hurla Bosie en sortant comme un ouragan, suivi de peu par Wilde qui ajouta mollement : « Non, Frank, ce n'est pas amical de votre part. »
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CARSON : Était-ce une boisson très prisée, le champagne frappé ?
WILDE : Prisée par qui ? Par moi ?
CARSON : Oui.
WILDE : Oui, et ce, malgré les conseils insistants de mon médecin. (Rires)
CARSON : On s'en passe, des conseils de votre médecin.
WILDE : Moi aussi. On l'apprécie encore plus quand on ignore les conseils du médecin. (Rires)
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George Alexander demanda à Wilde pourquoi il n'avait pas retiré sa plainte et n'était pas parti à l'étranger. Celui-ci répondit : « Tout le monde veut que je parte à l'étranger. J'en viens. Maintenant je suis rentré. Personne ne peut passer sa vie à voyager, à moins d'être un missionnaire ou, ce qui revient au même, un représentant de commerce. »
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WILDE : Eh bien, je vais vous dire, Mr. Carson. Je prends plaisir à la compagnie de gens beaucoup plus jeunes que moi. Ceux que d'aucuns appelleraient oisifs et insouciants me plaisent particulièrement. Je ne reconnais aucune sorte de distinction sociale. Pour moi, la jeunesse, le simple état de jeunesse, est si merveilleux que je préférerais m'entretenir ne serait-ce qu'une demi-heure avec un jeune homme plutôt que, voyons, être soumis à un contre-interrogatoire au tribunal. (Rires)
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CARSON : [...] N'est-ce point là une lettre extraordinaire ?
WILDE : Extraordinaire ? J'estime que tout ce que j'écris l'est, extraordinaire. J'estime que c'est une lettre extraordinaire, en effet. Je ne cherche pas à passer pour ordinaire, juste ciel ! Je ne pose pas à l'être ordinaire. Adressez-moi toutes les questions que vous voudrez à son sujet.
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WILDE : [...] Je dois préciser ici que certains aphorismes cités hier par Mr. Carson proviennent de la pièce actuellement représentées au Haymarket Theatre, celle au sujet du plaisir en tant que but de l'existence, par exemple, et que personne ne s'est présenté au guichet de location afin de se plaindre de l'immoralité de ce spectacle accessible à tous. (Rires)
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"Français de sympathie, je suis irlandais de race, et les anglais m'ont condamné à parler le langage de Shakespeare."
Lettre d'Oscar Wilde à Edmond de Goncourt.
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CARSON : Avez-vous pris vous-même des whiskys-soda, ce soir-là, du champagne frappé ?
WILDE : Je n'en ai pas le moindre souvenir, le moindre, et... Cette question ne devrait pas m'être posée.
CARSON : Était-ce une boisson très prisée, le champagne frappé ?
WILDE : Prisée par qui ? Par moi ?
CARSON : Oui.
WILDE : Oui, et ce, malgré les conseils insistants de mon médecin. (Rires).
CARSON : On s'en passe, des conseils de votre médecin .
WILDE : Moi aussi. On l'apprécie encore plus quand on ignore les conseils du médecin (Rires).
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