Les loas que l'on appelle, que l'on prie jusqu'à la transe, viennent de loin. Ils voyagent depuis les villes saintes d'Ifé au Nigeria ou d'Allada au Bénin, du feu éternel de la révolte de Bois-Caïman, du plus profond de l'océan ou des cimetières avoisinants, et le chemin est long. Ce sont les supplications des hommes, ainsi que les parfums des offrandes, la lumière des bougies et les chants des tambours qui les guident jusqu'au péristyle où ils sont attendus.
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Le vaudou est la religion de l'homme libre, du "nègre marron", syncrétisée en secret par vingt et une nations d'Afrique, sous un masque de piété toute catholique. Le vaudou s'est nourri de la mort de centaines de milliers d'individus, afin que ceux qui survivent voient en leur propre fin un voyage d'immortalité vers une Afrique rêvée. (7)
En Haïti, être mort peut signifier bien des choses. Et quoi de plus mort qu'une personne qui n'a plus d'état civil ni d'existence dans la communauté ? Le vaudou, au-delà de l'aspect religieux, est un mode de vie, une société parallèle à la société civile, avec ses coutumes, ses cérémonies, mais aussi sa propre justice. (73)
Baron [Samedi] porte des lunettes cassées, un seul verre est fumé. C'est ainsi qu'il arrive à tout visualiser. C'est aussi pour signifier que nulle ombre ne demeure, qu'il est au courant de ce qui existe dans la nuit. Un œil pour voir le monde des vivants, et un œil pour voir le monde de esprits. (26)
LE simulacre de vente d'esclaves fait partie des facéties des esprits. En rejouant un traumatisme commun de manière grotesque, en se l'appropriant, ils sont les thaumaturges d'une mémoire collective douloureuse. (31)
Dessalines proclame l'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804, et la République d'Haïti devient la première nation noire indépendante de l'histoire. (11)
La mort engendre la vie. Un enfant qui naît, c'est un ancêtre qui revit. (30)