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Citations de Mesha Maren (40)


Dix-huit ans. Ces mots sonnaient comme une incantation qui répondait à toutes les questions, un chiffre à l’aune duquel se mesurait toute expérience, ancienne ou nouvelle. Elle-même s’était étonnée de cette absence d’encadrement, mais l’avocat avait souri en haussant les épaules, comme si toute l’affaire était une sorte de tour de magie. Liberté conditionnelle, avait-il déclaré d’un air ravi, faisant voleter sa cravate à imprimé hawaïen tandis qu’il arpentait la pièce. Visiblement déçu par le manque d’enthousiasme de Jodi, il avait continué de pérorer, déclarant que l’organisme pour lequel il travaillait, quelque chose à voir avec les adolescents jugés comme des adultes, s’était penché sur le cas de Jodi et avait conclu qu’elle remplissait les conditions requises pour une libération conditionnelle. Cela paraissait surréaliste et Jodi n’y avait pas vraiment cru avant d’emprunter le couloir de sortie.
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L'écoutant parler, Jodi pense aux runs quelle connaître, ces torrents de montagne qui apparaissent après une grosse pluie. La justesse de l'expression la fait sourire : la chance comme un ruisseau qui miroite avant de disparaître, ne résiste derrière lui qu'un tourbillon de feuilles.
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Le terrain était perdu, Miranda aussi. Jodi comprit qu'elle avait posé l'ancien patron sur sa nouvelle vie, comme les délicates silhouettes en papier de soie qu'utilisait Effie pour découper ses robes. Jodi avait déplié le patron avec soin et tenté de les faire tous entrer dedans, étouffant la moindre chance qu'ils auraient pu avoir. (...) ce n'était que maintenant, dans ce silence étrange et vide, qu'elle prenait conscience de la possibilité d'autres possibilités et de l'immensité de l'univers. P. 374-375
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Il n'était pas corpulent, mais il transpirait la violence. Tout chez lui, jusqu'à la délicatesse de ses traits en était imprégné. Sa femme et ses enfants l'entouraient d'une déférence subtile. Ce n'était pas tant qu'ils se recroquevillaient ; ils donnaient l'impression de ne plus vraiment être là. Ils se débrouillaient pour être les mains qui lui apportaient sa bière et sa nourriture, les bouches qui riaient à ses blagues, tandis que leur être véritable se trouvait ailleurs, à observer la scène de loin. P. 63-64
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...elle observe le monde depuis son propre centre, le regard tourné vers l’extérieur, mais elle n’a pas encore réussi à tourner ce regard vers l’intérieur. Si elle parvient à aligner la façon dont le monde devrait percevoir leur amour avec ce qu’elle ressent, alors tout sera plus net. Si elle parvient à ignorer les mots – gouine, lesbienne –, tout se mettra en place et l’issue sera favorable. Parfois, la terreur la saisit à l’idée que personne ne la voie, ou seulement de manière trouble. C’est une sensation qui l’annihilera un jour, elle en est sûre.
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Le Mexique était censé être un endroit chaud et pas cher où passer l’hiver, hélas aucune des stations balnéaires pour expatriés ne laisse Paula participer à leurs parties. Ici, elle n’a pas d’histoire, pas de nom. Ses économies – l’argent du terrain – ont presque disparu, les parties entre autochtones se jouent avec des pesos dévalués et personne ne parie assez.
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Miranda adorait la force que tirait Bella de sa beauté – aujourd’hui encore, alors qu’elle prenait de l’âge –, sa manière de susciter l’admiration partout où elle allait. Elle ne réclamait pas tant l’attention qu’elle l’attirait, de façon tout à fait naturelle.
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Elle n’a jamais excellé à l’école, elle n’est pas belle et les morceaux de sa vie sont exposés à la vue de tous. Contrairement à Paula, qui paraît légère comme l’air, délestée des responsabilités habituelles, toujours sur le point de faire quelque chose de dangereux et de fantastique. Sa vélocité vous attire à elle. Elle vit sa vie comme le serpent se love avant de frapper.
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Elle n’avait pas encore atteint la subtile alchimie physique qui lui donnerait le courage d’affronter Dylan, alors elle continuait de traquer les coins d’ombre en buvant de la vodka dans une brique de jus d’orange.
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Elle serait belle si elle n’était pas si étrange. Elle porte une chemise en flanelle et des chaussures de sécurité, comme tous les hommes de la famille de Jodi. Ses bras sont recouverts d’un entrelacs de tatouages bleu noir. Elle est vaguement familière et radicalement différente, un mélange de beauté et de laideur qui oscille, comme un hologramme. Pommettes saillantes et moue sensuelle. Bâtie comme un garçon de ferme. Épaules larges, gros biceps, hanches étroites.
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La peau ferme de Jodi lui inspire une ferveur quasi-religieuse. Quand il la touche, ses doigts tachés par les produits chimiques sont électriques.
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Enfant, Jodi ne s’était jamais intéressée aux poupées ; à présent, elle comprenait leur attrait. Le tourbillon d’énergie frénétique dont avait été chargée Miranda plus tôt semblait avoir disparu et elle apparaissait à Jodi comme un bijou fragile, un objet fait pour être admiré, à conserver dans un écrin de velours.
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“Tu peux choisir tes péchés, lui rappela Effie, mais tu ne peux pas choisir leurs conséquences.”
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Quelque chose dans sa contenance, dans la manière qu’avaient les hommes de la traiter, lui conférait un air de royauté. Cela donnait à Jodi un sentiment d’importance, comme si elle avait accompli quelque chose d’exceptionnel en se faisant accepter dans le cercle de Miranda.
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La femme était magnétique ; il était difficile de la regarder et tout aussi difficile d’en détacher les yeux. Elle était jolie, pas de doute, avec des traits délicats, mais il y avait autre chose, une manière de se tenir, un mélange déroutant d’assurance et de timidité.
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Elle demanda une cigarette à Daniel et chercha un moyen de lui soutirer de l’argent. Pas une contrepartie pour le sexe, de l’argent comme on s’en prêtait entre amis, sans que cela signifie quoi que ce soit. Voilà une limite qu’elle n’avait pas encore franchie, jamais elle n’avait réclamé d’argent liquide. Peut-être pourrait-il simplement lui payer la chambre ? Non, elle avait vraiment besoin de liquide, pour l’essence et l’alcool. Mais avant qu’elle ne parvienne à formuler sa demande, les benzos qu’elle avait avalés commencèrent à faire effet et elle se laissa dériver.
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Elle avait adoré être enceinte. Neuf mois durant, tout ce qui d’ordinaire était désaxé s’était aligné : ses sautes d’humeur s’étaient stabilisées et ses grandes aspirations cosmiques avaient été remplacées par de simples envies de sucre. Elle s’était souciée de sa santé comme jamais auparavant. Elle avait pris des vitamines, planifié ses repas et beaucoup dormi, s’empressant d’inspecter son corps chaque matin, comme si c’était elle, la nouvelle créature en gestation.
Hélas, dès que Kaleb avait été assez grand pour être séparé d’elle plus de quelques minutes, tout était revenu : l’anxiété frissonnante, la certitude que chaque journée se fondrait dans la suivante, réduisant sa vie à une brume grisâtre. Quand elle était enceinte, tout redevenait simple, la vie n’était plus qu’un enchaînement de sensations. Elle avait froid, puis elle avait chaud ; elle avait faim, puis elle était repue ; elle éprouvait du désir, puis son désir était satisfait.
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Elle n’avait jamais fait confiance à quiconque ayant des dents parfaites, mais avant cet instant, elle n’y avait jamais vraiment réfléchi, non plus. À trente ans, Effie avait déjà les dents pourries et elle avait dû attendre des années pour se payer un dentier mal ajusté.
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Dehors, un autre monde existait, un monde qui avait continué de tourner, de gambader et de virevolter dix-huit ans durant.
LA pluie cessa, mais les arbres luisaient encore et les nuages étaient si bas qu’on aurait pu les toucher. Juste après Dawsonville, le bus longea un lac dont les eaux sombres léchaient les bords et se dirigea vers les tours embrumées d’une ville.
L’autoroute plongea droit vers le centre-ville et Jodi regarda les immeubles émerger, flèches de verre et de chrome si hautes qu’elle ne pouvait en distinguer le sommet. Des flots de gens se déversaient sur les trottoirs, agrippant des journaux, des gobelets de café et des téléphones portables. Cela faisait des années que Jodi voyait ces nouveaux téléphones à la télévision, ici, cependant, ils lui paraissaient plus étranges encore, d’énormes insectes métalliques vissés dans toutes les mains.
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Elles n’étaient pas censées connaître les dates de libération des autres détenues, pourtant cela finissait toujours par se savoir. Et une fois qu’on savait, on ne pouvait s’empêcher de la sentir, l’énergie palpable qui émanait d’une fille dont c’était la dernière semaine. Certaines ne le supportaient pas et volaient les dates, en glissant quelque chose dans la poche de leur cible ou en payant une compagne de cellule pour le faire.
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