Micaela Slăvescu

Il était une fois, il était au temps jamais, car si n’était, point ne compterais ; du temps où le peuplier portait des noix et l’osier des fleurs de pois et que les ours balourds se battaient à coups de queue ; du temps où loups et moutons se tenaient par le menton et se donnaient la bise ; où les puces sautaient, ferrées de quatre-vingt-dix-neuf livres de fer à chaque patte et se perdaient dans le bleu du ciel pour en rapporter des contes.
Du temps où les mouches signaient du doigt les parois,
Plus menteur que moi celui qui n’y croit !

Tandis qu’il errait ainsi deçà delà, avec sa barbe blanche qui lui pendait jusqu’aux genoux soulevant ses paupières de ses doigts et se déplaçant à grande peine, il aperçut un vieux coffre délabré ; il l’ouvrit, mais il n’y trouva rien. Il en ouvrit aussi le compartiment secret. Une voix faible lui dit alors :
– Sois le bienvenu, car, si tu avais encore tardé, c’en était fait de moi.
Elle ne lui appliqua qu’un seul soufflet, sa Mort, qui s’était toute desséchée et recroquevillée, là, dans le casier secret, et il en tomba mort et se transforma sur place en poussière.

— Tais-toi, mon chéri, mon bel enfant, disait l’empereur, car je te donnerai tel empire que tu voudras ; tais-toi, mon fils, car je te donnerai pour femme telle fille d’empereur à ton choix, et lui promettait mille choses encore. À la fin, à bout d’arguments, comme l’enfant ne cessait de crier, il finit par lui dire : tais-toi, mon fils, et je te donnerai « Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort ».

–Et bien, sache, mon fils, que tu as eu trois sœurs, plus belles que les fées des rivières et des bois, mais trois zméï qui habitent sur les terres de l'autre monde les ont enlevées.
(–Să știi, fătul meu, că ai avut surori mai frumoase decât zînele rîurilor și ale pădurilor, dar le-au răpit cei trei zmei care lăcuiesc pe tărîmul celălalt.)
[Version bilingue, avec texte roumain en miroir]