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Critiques de Michael Moorcock (563)
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Le Navire des glaces

Mais wouah j'adore !! je ne suis pas une lectrice de science fiction pourtant, juste un peu d'anticipation par-ci, de post-apo par-là. Mais quand j'ai lu la critique de Patlancien, ainsi que ses citations choisies, j'ai trouvé ça très beau et intriguant : j'ai été irrémédiablement attirée par ce monde glaciaire, bleu d'être gelé, vêtu d'un blanc épuré mais, dans le même temps, réchauffé de coeurs humains et d'agitation animale primitive, bouillonnant de vie sous l'apparent silence des glaciers et des crevasses qui abritent, si l'on regarde bien, des cités cachées plutôt bruyantes où les marins saouls se harponnent dans les auberges, en rentrant de la chasse à la baleine.

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Celle-ci se pratique d'ailleurs… sur la glace puisque la planète semble entièrement recouverte de glace ! Nous imaginons une période glaciaire intervenue peut-être suite à des bouleversements climatiques, mais nous n'aurons le fin mot de cette situation qu'à la fin. En attendant, c'est tout émerveillée que j'ai découvert l'univers très particulier et presque féérique créé par Moorcock et dans lequel il nous plonge sans préambule. Car si les baleines ont dû s'adapter et devenir en quelque sorte des baleine « de terre », les pêcheurs, marins, chasseurs de baleine, mais aussi les bateaux, ont également suivi l'évolution : Comme le magnifique titre l'indique, c'est donc sur un navire des glaces que nous allons embarquer et passer le plus clair de notre lecture ! J'ai trouvé ça magique, même s'il est vrai que je ne suis pas habituée à ce genre littéraire de l'imaginaire.

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Le Capitaine Arflane, un bon gars un peu bourru, se retrouve sans navire suite à quelques mésaventures. Ici la vie humaine a moins de valeur que la Glace-Mère. Vénérée comme une divinité depuis des siècles, on veille à ne surtout pas la contrarier sous peine de provoquer le réchauffement climatique, le retour du feu et toutes ces horreurs de l'enfer !! C'est dans ce contexte qu'il sauve malgré tout de la mort un riche noble d'une cité voisine à la sienne. Il se voit alors propulsé, comme son homme de confiance, à la tête du navire de la famille, le plus beau des huit cités alentours, pour une expédition dont la mission doit rester secrète… mais aurait un rapport avec une ancienne cité que l'on croit ensevelie. Ce n'est pas le navire le plus robuste en revanche, mais peu importe puisque nous accompagnons le meilleur Capitaine du moment !

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Avec lui, tout au long de sa quête, nous participerons à d'incroyables chasses à la baleine (ce n'est qu'un roman mais avis aux réfractaires^^), découvrirons des peuplades utilisant du feu (les fous !), et même des glaciers crachant du feu ; nous devrons tout faire pour tenter d'éviter des naufrages, contenir de véritables mutineries, nous aimerons, nous tromperons, nous emprisonnerons et nous tuerons et tout cela en seulement 210 pages ! Mais plus incroyable encore, nous vivrons cette formidable aventure à bord d'un fabuleux navire monté sur des patins, glissant toutes voiles dehors sur une patinoire gigantesque parsemée de montagnes et de crevasses qui pourraient vite donner le mal de glace aux plus gourmands, nous perdrons de vue nos mâts dans des tempêtes de neiges, nous verrons scintiller les barbes des marins prises dans la glace, puis étinceler les cordages au petit matin, nous écouterons les murmures et le hurlement du vent dévalant ponts et coursives, annonciateur de joies ou de défaites…

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J'ai a-do-ré ce moment et la découverte de cet univers assez simple pour que je m'y projette, mais assez développé pour m'envelopper comme une fourrure bien chaude que je n'ai plus voulu quitter, jusqu'à la fin ! Un format qui me convient bien pour sortir de mes sentiers battus. Et même si les habitués de ce genre littéraires seront peut-être plus blasés, j'en sors enchantée, littéralement.
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Le Cycle d'Elric, Tome 1 : Elric des dragons

Comme un air de légende.

Comme ces poèmes épiques chantant les hauts faits de personnages héroïques.

Voilà à quoi j’ai pensé en lisant le premier livre du cycle d’Elric !

Elric l’albinos. Avec sa pâleur cadavérique et ses yeux en amande couleur de rubis.

Un personnage de foire, une monstruosité montrée du doigt s’il n’avait pas été l’Empereur de Melniboné. Le dernier survivant d’une longue lignée de rois magiciens, cruels et dominateurs, faisant courber l’échine à toute une mosaïque de peuples.



Mais la puissance de l’Empire pâlit. Elle est à l’image de son souverain : une incongruité.

Les savoirs ancestraux se perdent ; les royaumes périphériques se révoltent ; les dragons sommeillent et ne règnent plus dans les cieux ; les drogues, la sorcellerie, la magie fatiguent de plus en plus les corps et les âmes…

Elric, le démon au visage pâle, se demande avec une effrayante lucidité s’il ne sera pas le dernier Empereur de ce monde en perdition, de ce monde qui s’égare. De ce monde pourrissant.

Un Empereur tourné en dérision, moqué pour sa faiblesse et son indécision chronique.

C’est pourtant ce crevard, ce dégénéré qui reviendra d’entre les morts pour sauver Cymoril, l’amour de sa vie. Un amour qui porte quelque chose de tragique en lui.

Elric commencera à construire sa propre légende en pactisant avec les Dieux, et pas toujours parmi les plus recommandables.



La plupart des auteurs de Fantasy se croient obligés de pondre des pavés de 1000 pages pour décrire un univers à peu près cohérent. À Michael Moorcock, 250 suffisent et on comprend tout de son monde onirique en permanence sur la corde raide. Un monde qui, étrangement, entre en résonnance avec le nôtre.

L’auteur a un sens aigu de l’épopée et du tragique.

Du grand art.

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Le Pacte de Von Bek : Le chien de guerre et..

Ce manuscrit exhumé des profondeurs d’une abbaye va vite y retourner, car on ne forgera pas de légende sur le nom du sulfureux capitaine Von Bek.

Nous sommes en Allemagne, en 1631, en pleine guerre de religion. La ville martyre de Magdebourg vient d’être mise à sac. Le monde n’est alors que folie, pillage et meurtre. Un monde à l’agonie qui crie sa douleur, où l’on massacre et torture au nom de Dieu. Von Bek est un de ces innombrables chiens de guerre sans foi ni loi qui apparaissent lors de ces époques troubles et féroces.

Quand on y songe, faire la rencontre de Lucifer au milieu de cet infernal dérèglement, ne parait pas si absurde. Le diable de Mickael Moorcock ne ressemble pas à celui, cornu et incandescent, de nos images d’Épinal. Il est d’une étrange et attirante beauté. Son regard est mélancolique. Sur ses épaules, pèsent toutes les folies et les turpitudes des hommes. Son enfer, sans flammes ni cris de douleurs, est le royaume de la « contrainte et de la morne singularité ».

L’Ange déchu veut rejoindre le paradis et se réconcilier avec Dieu. Pour cela, il passe avec Von Bek un marché de dupes : trouver le remède à la souffrance du monde et son âme déjà damnée sera sauvée.

Singulière quête pour Von Bek, lui qui ne croit plus en rien sinon en sa propre survie. Un étrange Graal qui le changera pourtant à jamais. Il y rencontrera l’amour alors qu’il se croyait incapable de tels sentiments. Il traversera l’Europe entière, traversant les frontières entre terre et enfer. Il verra la guerre s’étendre dans le royaume des Dieux. Il sera poursuivi par des hordes de guerriers déments et sera aidé par d’extraordinaires complices.

Une chose est sure : c’est que le vrai souverain n’est pas Dieu, mais Lucifer, qui connait si bien les hommes, qui est si proche d’eux. Il est d’ailleurs prêt à mettre fin au temps des miracles, et à leur rendre leur liberté.

Je ne vous dirai pas si Von Bek a, au bout du compte, trouvé le remède à la souffrance du monde ; si son Graal a abouti, lui permettant de retrouver sa belle Sabrina. Accompagnez-le simplement dans son récit sombre et éprouvant, celui d’un homme rationnel qui tombe dans le mystique et l’antilogique…

Une vraie découverte.



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Le Navire des glaces

Nous sommes dans un univers post-apocalyptique survenu après une guerre atomique (le roman a été écrit en 1969). Notre bonne vieille planète est figée dans un hiver nucléaire. Elle est recouverte d'une banquise éternelle et omniprésente. L'humanité a appris à vivre dans ce monde blanc. D'ailleurs les couleurs comme la chaleur sont honnies et devenues blasphématoire. Une seule religion est permise : l'adoration pour la «Glace-Mère ».

Un schéma classique de la littérature de science-fiction qui revient souvent comme un leitmotiv dans les romans du genre. L'originalité se situe dans l'existence de grands voiliers de glace, montés sur de gigantesques patins et qui donnent du piment à cette histoire. On les retrouve amarrés dans le port des huit cités de glace ou glissants sur un immense plateau gelé toutes voiles dehors. Ce sont des goélettes, des brigantins et des schooners et autres bricks. Ils possèdent une valeur inestimable et montrent la richesse d'une cité au nombre de mâts qui composent sa flotte. Ils sont composés d'armatures en bois alors que les forêts ont disparu de la surface de la terre, leurs voiles sont en nylon et leurs coques en fibre de verre alors que l'on ne sait plus fabriquer ni l'un ni l'autre. Les amoureux de la marine à voile vont être servis. Nous sommes en présence d'un véritable Moby Dick de la science-fiction. Comme Achab, les capitaines de notre roman poursuivent des baleines au harpon mais celles-ci sont terrestres et carnivores. Les scènes de chasses sont nettement plus sportives et dangereuses que dans le roman éponyme.



« La baleine, se dressant sur ses nageoires postérieures, agita ses membres de devant. Un hurlement sortit de ses mâchoires ouvertes et son ombre recouvrit entièrement le navire qui sauta en avant, tiré par la corde du harpon, ses patins avant quittant la glace. Puis la corde se libéra. Rorsefne ne l'avait pas fixée convenablement. le navire reprit contact avec la glace dans un bruit sourd.

L'énorme bête retomba à son tour et se mit à avancer rapidement vers le yacht en claquant des mâchoires. Arflane réussit une nouvelle fois à tourner ; Les mâchoires manquèrent la proue, mais le corps monstrueux s'écrasa sur la coque à tribord. le yacht vacilla, manqua de se renverser puis repris son équilibre. »



Les marins que l'on rencontre, des baleiniers pour la plupart ; sont à l'image de cet univers froid. Des êtres rudes, durs à la tâche, couverts de cicatrices, habillés de peaux de phoques ou d'ours, assez grossiers et bon vivants, et qui aiment traînés dans les tavernes à la recherche de filles faciles. Et puis, il y a le capitaine Konrad Arflane le héros de l'histoire. Et les amoureux de loups de mer ne seront pas déçus par le personnage. Il est beau, il est grand et il est fort. Et puis il y a aussi la belle Ulrica Ulsenn mal mariée à Janek Ulsenn et dont notre beau capitaine va tomber éperdument amoureux.



« Elle sourit avec reconnaissance et ses traits s'adoucirent quand elle le regarda en face. Si vous essayez de me réconforter, capitaine je crois que vous allez réussir. Je vous réconforterais encore plus si vous m'en donniez l'occasion. Il n'avait pas voulu dire cela. Il n'avait pas voulu reprendre la main comme il le faisait maintenant ; pourtant, elle ne résista pas et, bien que son expression fût devenue sérieuse et pensive, elle ne parut pas offensée. »



Un triangle amoureux, une prose bien travaillée et poétique à souhait, des paysages à couper le souffle, des personnages fouillés jusqu'au tréfonds de leur âme avec une description très poussée de leur physique, des scènes de combats épiques ; on a tous les ingrédients pour passer un bon moment de lecture.



« Dans la lumière faible et vacillante, son visage apparaissait rouge, couperosé et ravagé par le vent, le soleil et la morsure du froid. C'était presque une tête sans chair dans laquelle les os saillaient comme les membrures d'un navire. Son nez était long et étroit, comme une proue que l'on aurait mise à l'envers, et il avait sous l'oeil droit une profonde cicatrice ainsi qu'une autre sur la joue gauche. Ses cheveux bruns étaient nattés sur sa tête, formant une sorte de pyramide torsadée qui se divisait à son sommet en deux touffes raides semblables aux nageoires d'une baleine ou d'un phoque. Cette étrange coiffure était maintenue en place grâce à de la graisse engrumelée qui dégageait une forte odeur, de même que ses fourrures qui étaient de belle qualité mais tachées par le sang et la graisse des baleines. Sa veste était ouverte jusqu'au cou, découvrant un collier de dents de baleine. Des morceaux d'ivoire plats et ciselés étaient suspendus aux lobes de ses oreilles. »



C'est un roman d'aventure avec un grand A comme on les aime. Michael Moorcock est bien le digne successeur des Jules Verne, Robert Louis Stevenson ou Herman Melville. Comme pour ces illustres prédécesseurs, on retrouve dans son récit les vieilles cartes marines, les sauvages, les monstres marins, les tempêtes, les naufrages, les traîtrises, la Belle à secourir. Si vous voulez vous replonger dans la course au Grand large, je vous invite à embarquer avec moi sur le navire des glaces. A lire et à relire sans aucune modération.

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Voici l'homme

Ce roman est absolument a remettre à son époque (1968), parce que je pense que sa portée aujourd'hui doit être moindre qu'a lépoque. Je suis sure que dans les années 70 remettre en cause Jesus comme l'auteur le fait était digne d'hérésie.



J'ai apprécié certains passage et d'autres beaucoup moins. Même si j'ai aimé l'idée de fond.. le voyage dans le temps qui permet de montrer que l'histoire et les légendes ne sont pas toujours ce qu'elles sont à leur origine. Je n'ai pas vraiment réussi a m'immerger dans le texte ni a savourer ma lecture. J'avoue sincèrement que les passages trop religieux m'ont tout simplement barbée. Ainsi que le personnage central névrausés qui se prend un peu trop pour caliméro (enfin pour moi).



Une lecture en demi-teinte.. et pourtant la couverture m'avait tapée dans l'oeil avec le tableau de Salvador dali (Corpus hypercubus (1954)... quand mon peintre préféré est mis a l'honneur !
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Le Cycle d'Elric, Tome 1 : Elric des dragons

Quand on aborde un cycle fantasy aussi célèbre que celui d'Elric, on est presque intimidé et, cela va s'en dire, on en attend beaucoup.



On en attend beaucoup, dis-je, mais paradoxalement, Michael Moorcock n'en donne pas assez. Sa narration est épurée jusqu'au dépouillement ; il nous refuse les détails et les descriptions qui renforceraient notre impression de voyage fantastique dans les pas de l'empereur de Melniboné, l'île aux Dragons qui domine un univers fascinant pétri de traditions ancestrales et de divinités multiples.



Pourtant, le style de l'auteur (qui m'avait séduite avec "Le chien de guerre") est sans conteste talentueux mais l'approche quasi factuelle du récit donne à l'ensemble une froideur que nul émotion excessive ne viendra réchauffer. Par conséquent, ce qui a primé en moi à la lecture de ce premier volet fut la curiosité plus que l'engouement. Le rythme souvent trop rapide, le chapitrage court et incisif et les personnages secondaires trop souvent laissés pour compte servent bien mal une action pourtant omniprésente, originale, tout empreinte de magie et de surnaturel, et dans laquelle on voudrait pouvoir s'abandonner mais, hélas, c'est déjà fini.



Un premier avis mitigé donc pour ce tome d'introduction ; je garde l'espoir que la suite gagne en profondeur et en psychologie et perde en manichéisme.



Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Le Cycle d'Elric, Tome 2 : La forteresse de..

Elric s'est égaré dans le Désert des Soupirs ; il a franchi les sables où s'abîment les voyageurs ; le voici à Quarzhasaat, la ville engloutie par la marée des dunes, où nulle caravane n'a jamais abouti.

Un quatrième de couverture prophétique. Égaré, soupirs, abîmer, engloutie : ces quatre mots caractérisent à merveille ce récit catastrophique, grotesque, pédantesque…

Je me suis paumé dans cette histoire sans queue ni tête, où des monstres sortis des pires cauchemars de Bruegel vous sautent dessus à toutes les pages. Quand ils ne viennent pas vous taquiner, vous vous enlisez dans un verbiage philosophique et suffisant tenu par un Elric complètement shooté… C’est poussif, poseur, fastidieux, affligeant… J’arrête là.

Quelle déception quand même. J’attendais beaucoup du cycle d’Elric. Le premier tome m’avait beaucoup plu, et cette saga promettait d’être flamboyante… Tu parles d’une flamboyance ! Je n’ai vu que grisaille et mortel ennui…

Du coup, continuer me paraît très risqué…

Certainement mon billet le plus court…

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La Quête d'Erekosë, tome 1 : Le Champion éternel

A tort ou à raison, quand je choisis de lire un Moorcock c’est avant tout en espérant me détendre grâce à une histoire fantasy pleine d’action, de bruit et de fureur avec un léger petit fond à message, comme le fond de fruit sous certains yaourts. Je ne m’attends pas à réfléchir beaucoup sur ce que je lis.

Eh bien là mon espoir est tombé sur un os nécessitant réflexion.



Erekosë est rappelé sur Terre (enfin, une Terre), guerrier légendaire ressuscité afin de sauver une humanité aux abois menacée d’extinction par les horribles Xenans. Mais le guerrier ne se souvient guère de sa première vie. Il a au contraire la certitude d’être un banal individu lambda de notre Terre, John Daker, déplacé et réincarné dans un monde qu’il ne connait pas.



S’aidant d’une narration à la première personne maitrisée, Michael Moorcock parvient à synchroniser l’évolution des convictions du lecteur à celle d’Erekosë (en tout cas ça a fonctionné comme ça pour moi). Au début, le guerrier m’a fait l’impression d’une coquille vide, sans personnalité propre et atteint d’une espèce de schizophrénie multiple s’éveillant dans ses rêves. Mais petit à petit Erekosë trouve ses marques. Il commence à faire ce pour quoi il est venu. Mais il ne peut s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de l’Humanité, au moment même où le lecteur se pose la question. Moorcock ne nous aurait donc pas concocté un monde manichéen ?



La personnalité qui se cristallise chez Erekosë est celle d’un chevalier courtois, adepte des lois de l’honneur et du respect de l’adversaire. Il est guerrier, mais pas barbare. Pourquoi, lorsqu’il se rend compte tous les humains ne partagent pas ce code, fait-il ce serment profondément stupide menant au carnage absolu ? J’ai retourné la question un moment. J’ai pensé à un Deux ex machina – Moorcock déviant le flot naturel de l’action, la forçant à aller là où le souhaitait même si cela ruinait la cohérence du récit. Peut-être mais peut-être pas. Peut-être simplement sa nature profonde de Champion de l’Humanité l’oblige-t-elle à agir ainsi. Il n’a jamais été question qu’Erekosë fasse germer une personnalité propre ; il est là seulement en tant que réceptacle de la mort de l’ennemi des hommes. Et dès qu’il étouffe sa personnalité pour agir en automate du destin, ses rêves fous disparaissent.



Mais ce n’est pas ça non plus. Personnalité propre et incarnation du Destin continuent à lutter en lui. Il se raisonne, change. Mais à nouveau il ne peut faire autrement que porter le carnage. De fait, les maîtres de la Loi ou du Chaos qui l’ont envoyé ici se fichent bien de l’humanité. Seul compte le massacre. Et leur gentil pion ne doit pas se poser de question s’il veut être « en paix » avec lui-même. De coquille vide, Erekosë finit en personnage complexe, tragique et déchiré.



Peut-être ai-je trop intellectualisé cette aventure. Car il y a de l’action, beaucoup. Et on peut aussi lire ce récit au premier degré. Mais ces réflexions se sont imposées à moi. Je ne m’y attendais pas et j’en suis ravi.

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Les Livres de Corum, tome 1 : Le chevalier ..

Après Elric, Hawkmoon puis Erekosë, me voilà en train de lire les aventures du quatrième mousquetaire et déclinaison du Champion Éternel du multivers moorcockien, j’ai nommé Corum.

Bon, pour l’instant la séduction qu’étale ce cycle est un poil trop délayée pour m’hypnotiser. Je ne peux même pas jouer le blasé qui-a-tout-lu, dans la mesure où j’ai déjà lu ce premier tome il y a longtemps et que mon ressenti est sensiblement identique.



J’ai bien apprécié le schéma du début, cette ancienne race Vadhagh vivant dans des châteaux isolés, uniquement préoccupée d’abstractions et d’art, pourvue de connaissances au-delà de l’imagination, percevant l’existence de cinq autres Plans de la Terre (un peu comme les Neuf Mondes de la mythologie nordique) jusqu’à pouvoir s’y déplacer. Et en opposition, la nouvelle race de l’Homme, brutale, cruelle, destructrice, rien à sauver. Une affreuse et réaliste constatation que l’érudition pacifique passe pour de l’arrogance et, au final, pour de la faiblesse auprès de ceux qui ne causent que par la violence et de désir d’expansion.



Mais rapidement le gris apparaît au milieu de ce noir et blanc. Le Prince Corum Jhaelen Irsei (ah ces noms sont un délice pour l’oreille !) est un Vadhagh, le dernier. Il ne faut pas longtemps pour que la vision du carnage provoqué par les Hommes n’instaure en lui la haine et le désir de vengeance, venant remplacer cette sage sérénité dans laquelle baignait sa race depuis des siècles. En parallèle, il découvre l’existence d’hommes et de femmes pacifiques, chaleureux et, même, dignes d’amour.

Tout au long du roman, je n’ai cessé de m’interroger sur cette soi-disant connaissance encyclopédique de l’univers acquise par les Vadhags. Corum n’en fait nulle part usage. Il est sans cesse surpris par la réalité du monde. Il ne comprend pas la sorcellerie. Il n’accepte pas l’idée des Dieux. Légendes ! Billevesées ! Il faut qu’on lui colle le visage sur les événements pour qu’il finisse, frein à main serré à mort, par les admettre.



Car il y a des Dieux. Les Dieux du Chaos, et surtout Arioch aussi nommé le Chevalier des Épées. Le même Arioch qui tire les ficelles de la destinée d’Elric ? Probable. Mais il est ici beaucoup plus incarné. La description de sa Maison est abominable, chaotique, perverse. C’est la seule vision de dégoût que j’avais gardée de ma première lecture. L’édition L’Atalante du roman choisit en couverture un détail d’une peinture de Jérôme Bosch, et le choix de ce peintre du chaos infernal est tout à fait adapté à la situation. Un Dieu dont on se passe bien.

Corum, torturé, privé de son œil droit et amputé de sa main gauche, reçoit en « cadeau » l’Œil de Rhynn et la main de Kwll, les anciens frères Dieux ennemis. Cela sent le cadeau empoisonné, comme l’épée Stormbringer d’Elric. Ils rendent pourtant de fiers services et le fonctionnement commun de ces deux artefacts est plutôt fascinant. Mais effectivement, ils ont un prix.



Arioch n’est que l’un des trois Dieux du Chaos qui se sont emparés et partagés les Quinze Plans. Vous vous en doutez, Corum sera ensuite amené à rencontrer les deux autres. Prochaine étape : la Reine des Épées.

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Le cycle d'Elric

Bien que n'étant pas encore arrivée au bout des 1 200 pages de cette intégrale, la période des préparatifs de Noël m'encourage à publier dès à présent un avis qui ciblera, par conséquent, davantage la forme que le fond.



En effet, l'avantage essentiel et flagrant de cette intégrale est d'être... une intégrale. Elle regroupe les 10 récits du cycle d'Elric de Melniboné, une oeuvre fantasy déjà très connue des aficionados du genre, jeunes ou moins jeunes. Si elle est d'ores et déjà passée à la postérité des littératures de l'imaginaire, c'est à la fois grâce à son originalité et au style efficace de son auteur, le non-moins célèbre Michael Moorcock.



Je voudrais dire à celles et ceux qui chercheraient encore un livre à offrir à leurs amis adeptes du genre (ou à eux-mêmes) que le cycle d'Elric est un incontournable et qu'au-delà de l'appréciation personnelle que l'on peut avoir de l'oeuvre, l'envie de conforter sa culture générale peut à elle seule motiver le choix de sa lecture. Donc, ne vous laissez pas rebuter par sa couverture peu avenante (mais pourquoi tant de haine ?) ni par son papier "Bible" (qui se froisse trop facilement) et plongez avec curiosité dans l'univers d'Elric, dans lequel vous (re)trouverez avec plaisir des dragons, un régicide, de la sorcellerie, des batailles, des épées de pouvoir, des gentils, des méchants, un empereur, une femme aimée et un zeste de réflexion politique voire philosophique.



Non, je n'ai pas d'actions chez Omnibus mais il faut bien reconnaître que cet éditeur s'est fait une spécialité des intégrales et pour ce qui est des cycles de fantasy et de science-fiction, c'est quand même bien agréable (et économique) de disposer de l'ensemble de l'oeuvre ainsi que d'annexes, comme ici un très utile index des personnages, plutôt bien étoffé.



NB : je n'attribuerai une note à ce livre qu'une fois ma lecture complètement terminée.
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La Quête d'Erekosë, tome 2 : Les Guerriers d'ar..

Bon, j’ai fait une erreur et j’ai lu les critiques de mes splendides copilotes de LC, Foxfire et Tatooa, avant d’écrire la mienne. Du coup me voilà influencé. Ce que je vais dire vient-il de moi ? En tout cas ça ne va pas dénoter par rapport à leurs avis éclairés.



Dans leur sillage j’attribuerai un intérêt un peu moindre à ce volet qu’au précédent. La faute à quoi ?

A l’affaiblissement des questionnements existentiels du héros d’abord. Il semble avoir, avec amertume certes, accepté d’être le pantin de forces qui le dépasse. Il devient également obnubilé par l’amour perdu.

A l’écriture de péripéties assez mièvres, un peu typées remplissage ensuite. Je n’aime pas beaucoup cela ; un récit aussi court doit pouvoir organiser ses événements pour qu’ils prennent tous de l’importance ou qu’ils soient au moins lyriques.

A la faiblesse des seconds rôles enfin (celle-là je la pique clairement à Fox).



Mais l’ensemble reste agréable à lire du fait de la présence d’éléments jouissifs pour un amateur du multivers moorcockien.

Un changement élégamment réalisé d’univers par rapport au premier tome (Fox encore ?).

Une présence – discrète mais toujours efficace – de l’invariant des transformations non-linéaires du multivers

Et bien sûr cet insupportable objet vénéneux mais terriblement charismatique qui ajoute des épices aux récits de Michael Moorcock et qui pose quelques nouveaux problèmes de conscience à Erekosë/Urlik



J’ajoute aux + une atmosphère de fin du monde maîtrisée, peuplée d’une humanité en complète décomposition morale (pour une partie de l’humanité du moins). Cela n’a pas été sans me rappeler la Terre Mourante de Jack Vance, l’humour en moins. J’ai aussi pensé qu’on devait avoir là un rapport avec les Danseurs de la Fin des Temps, aussi de Moorcock (et là Tatooa a confirmé mon intuition).



J’ai apprécié la fin que j’ai trouvé assez… christique, ou LeGuinien si on préfère, ou Yin-yang, bref l’ombre alimentant la lumière et vice-versa.



Le troisième tomme ayant été écrit 17 ans plus tard, je me demande ce que notre Morrcock vieilli nous réserve… Stay tuned.

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Le Pacte de Von Bek : Le chien de guerre et..

Avec ce récit fantastique classé dans la catégorie "dark fantasy", j'ai été coupée du monde pendant quelques heures et ce, pour mon plus grand plaisir.



Saint-Empire romain germanique, première moitié du XVIIème siècle.

Le capitaine mercenaire Ulrich van Bek fuit les horreurs de la guerre de Trente ans qui dévaste l'Europe et les pestilences de la peste qui décime ses troupes. Bourreau, voleur, violeur, être sans pitié et sans conscience, il ne poursuit qu'un seul but : préserver sa vie, la seule chose qui ait de la valeur à ses yeux.



Perdu dans une forêt enchantée désertée par la faune, il commet l'erreur de pénétrer dans un château abandonné où l'attendent l'amour et la damnation. Contraint à un pacte avec Satan en personne, il se lance, tel un chevalier de la légende arthurienne, dans la quête du Graal avec pour mission de trouver le remède à la douleur du monde.



La force d'évocation de ce récit fantastique m'a plongée dans une atmosphère surnaturelle puissance où magie et horreur se côtoient pour le pire, semant d'embûches le chemin du chevalier damné assujetti aux forces des Ténèbres. Énormément d'action dans ce roman mais également beaucoup de réflexion et de raisonnement pour mener héros et lecteur sur la voie de l'humanisme. J'ai complètement adhéré au style de Michael Moorcock qui parvient, en peu de mots, à parfaitement décrire créatures et enjeux.



Ce que j'ai particulièrement apprécié dans cette aventure, c'est également l'étroite imbrication entre le réel et l'imaginaire. Ici, les lieux, les dates et les événements trouvent leur place dans notre Histoire et le lecteur ne peut donc échapper à la forte imprégnation de la narration ; il se sent forcément concerné par l'intrigue. Ce n'est pas comme regarder en spectateur distant des faits survenant dans un univers totalement imaginaire et fantaisiste, déconnecté de notre réalité. Ce positionnement investit si bien le lecteur dans le récit qu'il devient le compagnon de quête d'Ulrich van Bek, se prenant à le considérer avec amitié malgré ses crimes et lui accordant en toute confiance et bonne foi une rédemption qu'en début de lecture il ne se serait certainement pas vu offrir à un mercenaire sanguinaire.



Un séduisant compromis entre roman historique et fantasy, un régal.
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Les Livres de Corum, tome 2 : La Reine des ..

C’est pas parti pour devenir mon cycle préféré de Michael Moorcock, mais ça peut s’améliorer.

En tout cas je n’adhère pas à la notion de chef d’œuvre mentionné en quatrième de couverture.



Mais bon, ça se laisse lire et on peut imaginer un second degré plus sérieux derrière (imaginer car je ne connais pas les intentions de l’auteur). Après avoir abattu le Chevalier les Épées, Arioch, le plus faible des trois princes du Chaos, Corum et ses camarades s’attaquent à la Reine Xiombarg. En fait ils n’ont pas le choix car cette dernière profite de la faiblesse encore présente de l’Ordre sur le plan où vivent les héros pour y inciter les partisans du Chaos à y renverser la vapeur. Corum et les siens vont devoir s’incruster dans les Plans dominés par Xiombarg pour y rechercher des alliés légendaires.



Au premier degré, on assiste à une succession de menaces et de dangers toujours plus menaçants et dangereux. On pourrait se croire dans un jeu vidéo. On reste un peu sur une ligne de crête du danger, sans pouvoir souffler. Cela manque un peu de contraste et on n’a guère le temps de s’appesantir sur le caractère des héros ou de leurs ennemis. En terme de représentation mentale, je n’ai pas réussi à faire mieux que du carton pâte genre San Ku Kai (en même temps j’étais fan de cette série, lol).



Il y a de bonnes choses. D’abord l’arrivée du « compagnon des héros », sorte d’allégorie vivante du multivers de Moorcock qui se souvient de toutes ses existences auprès d’autres Champions comme Elric ou Hawkmoon. Ici il s’agit de Jhary-a-Conel (les noms d’hommes et de villes sont très recherchés), toujours un peu désinvolte comme peut l’être un homme qui saoit que la mort n’est pas une fin, et accompagné d’un petit chat ailé qui ferait craquer certaines personnes de ma connaissance 😊.

Puis ce prince Gaynor le damné, qui s’est vendu au Chaos et est condamné à combattre pour lui de toute éternité. Une sorte de Sisyphe puissance dix. Un personnage tragique qui mériterait son propre cycle je pense.

Et il y a le fonctionnement des deux attributs divins greffés à Corum – la Main de Kwll et l'Œil de Rhynn – qui est assez génial. Il fournit au héros une fournée régulière d’alliés (un peu crade mais faut pas jouer les timides quand on combat de Chaos).

Et n’oublions pas certains paysages qui valent le détour en temps que touriste.



J’aime bien aussi le fonctionnement équilibré du multivers : deux forces antagonistes, Loi et Chaos, qui se doivent d’obéir à des règles imposées par la Balance. Bref les dieux eux-mêmes ne peuvent pas faire n’importe quoi. A noter que l’auteur se permet de considérer que ces deux forces peuvent mener, dans leur extrême, à la même situation : un univers figé sans variation d’aucune sorte. La Balance elle-même, dans les châtiments éternels qu’elle impose pour l’erreur d’un instant, peut se révéler aussi injuste que le Chaos. Qui garde les gardiens ? Quoi qu’il en soit, les hommes de toute race ne sont que des pions pour tous ces dieux. Rien de nouveau depuis la mythologie grecque.

J’ai aussi noté quelques idées qui résonne assez fort de nos jours, comme le pacifisme ou la neutralité qui peuvent provoquer la fin du peuple qui y adhère si ce dernier est entouré de prédateurs qui juge cela comme des faiblesses. Je ne crois pas que Moorcock était un va-t-en-guerre, mais plutôt un réaliste qui a encore en tête Hitler et le nazisme.



Oulà j’ai fait beaucoup plus long que ce que je pensais. J’arrête là. A bientôt pour la suite.

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La Décade de l'Imaginaire 2013 : La sorcière égar..

Un titre compliqué pour une intrigue qui l’est à peine moins. En effet, avec La sorcière égarée de la citadelle silencieuse, malgré un univers complexe à souhait, Michael Moorcock semble réussir à nous faire entrer comme il convient dans son monde empreint de solitude et de sorcellerie.

Nous suivons là avec intérêt son héros, John MacShard, aventurier-mercenaire de passage sur Mars, dont ce sont pour l'instant les dernières aventures au sein du cycle du Guerrier de Mars. De ses origines à ses motivations, jusqu’à son rôle dans cette courte histoire, tout est parfaitement défini dès les premières pages : une rare maîtrise de l’entame donc.

Sans dévoiler quoi que ce soit de l’intrigue (même si le titre s'en charge déjà un peu), nous suivons une quête relativement simple, mais dont la conclusion s’avère plus compliquée que l’on pouvait l’imaginer. Entre réflexions personnelles, découverte de décors sublimes et un brin d’action, nous avons notre quota d’émotions et c’est là l’essentiel, à mon humble avis, pour ce genre de nouvelles.



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Les Livres de Corum, tome 3 : Le Roi des épées

Pas le casse du siècle pour une conclusion de trilogie.



J'ai pu m'accrocher à quelques petites choses quand même. Pour l'essentiel nos héros se baladent dans le multivers et certains mondes visités ont du potentiel. Je pense en particulier à celui de la Dame Pentallyon qui est vaguement arthurien et qui mériterait une plus grande exploitation. On a aussi droit à un nouveau crossover de Champions Éternels : Corum se fait aider par Elric et Erekosë. J'avoue toujours bien aimer ces rencontres, même si Elric n'apparait guère aussi tourmenté que d'habitude ici.

Et puis il y a les dieux soi-disant morts Kwll et Rhym dont la main du premier et l'oeil du second équipaient Corum. Ces êtres sont à mon sens les personnages les plus intéressants du récit après le fameux compagnon des héros Jhary-a-Conel.



Mais ces éléments ont été pour moi comme des rochers auxquels me cramponner dans un récit que j'ai trouvé aseptisé. Hormis Jhary qui est le véritable héros de l'histoire – celui qui sait comment se sortir des ornières – les personnages n'ont aucune profondeur. J'attendais beaucoup du Roi des Épées, le plus puissant des dieux du Chaos, or il n'apparaît que sur quelque pages comme un figurant. Arioch le Chevalier était autrement plus exploité dans le tome 1.

Le changement fréquent de monde ne permet de s'attacher à aucun. Les péripéties ont un côté « toujours pareil ». Rhalina, la dame de Corum, ne sert strictement à rien. Corum lui-même est privé de ses artefacts maléfiques qui sont en panne et ne fait que suivre Jhary. Et j'ai trouvé son combat final contre sa Némésis Glandyth ridicule.



J'espère que la deuxième trilogie remontera le niveau.

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Le Cycle d'Elric, tome 8 : Stormbringer

Ma lecture du tome précédent d'Elric remonte déjà à 3 ans. J'avais pourtant beaucoup apprécié « l'épée noire ». Mais pourquoi ai-je attendu aussi longtemps ? Ce « stormbringer » est tout simplement fabuleux, le meilleur tome de la série.



Je ne sais pas si l'ami Alfaric a écrit une critique sur ce tome (je vais aller vérifier de ce pas) mais si c'est le cas je pense qu'il a dû y aller de son expression « epicness to the max ». A part le « Salammbo » de Flaubert, aucun roman n'a aussi bien incarné le mot épique. Ce récit martial et mélancolique est porté par un souffle extraordinaire, un sense of wonder rarement atteint, le tout servi par une écriture merveilleuse, tantôt démonstrative, tantôt poétique, avec un art de l'ellipse remarquable. Certains passages sont vraiment superbes, teintant la brutalité des scènes décrites d'un lyrisme enchanteur. On est ici dans la chanson de geste. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Moorcock invite la figure de Roland dans son récit. Après tout, le héros de la Matière de France n'était-il pas une incarnation avant l'heure du champion éternel cher à Moorcock ?



En revanche, à l'issue de ce volet, je me demande bien de quoi il va s'agir dans « Elric à la fin des temps ». Je suis assez dubitative.



« Stormbriner » est un coup de coeur, un vrai. le genre de livres qui offre plus que l'évasion du quotidien, l'évasion de soi-même. Une sorte de transcendance. C'est quasiment une lecture mystique tout en étant enthousiasmante par son sense of wonder. Grandiose !

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Le Navire des glaces



Le navire des glaces est un bon petit roman post-apocalyptique .

Après un hiver nucléaire , le monde semble intégralement gelé .

De nouvelles civilisations sont nées et les banquises sont parcourues par des voiliers de tonnages significatifs qui relient de petites communautés .

Le roman est consacré à la vie d'un capitaine qui parcourant la glace jusqu'à élucider le mystère de ce monde , ira jusqu'au naufrage .

Le lecteur voit du pays et découvre ce monde et ses dangers .

En fait c'est un roman sur l'univers de la marine à voile et l'amateur de courses maritimes ne sera pas affecté par un dépaysement magistral malgré cet environnement de banquise .

La fin est un peu abrupte mais elle est crédible ..

Ce roman est marqué par un sens aigu de la dramatisation et cet univers possède une présence entêtante .

Le parallèle avec La Compagnie Des Glaces s'impose naturellement car l'idée est la même alors que les moyens divergent .

Une bonne lecture malgré une fin pas assez soignée du point de vue du style .

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Voici l'homme

Karl Glogauer voyage dans le temps et se retrouve en 28 après Jésus Christ car il veut rencontrer le Christ et assister à sa crucifixion. L’idée de départ est excellente mais le résultat assez décevant. D’abord parce que la quatrième de couverture en dit bien trop. Ensuite parce que le style, pénible à lire, est desservi par une structure narrative qui jongle d’une époque à l’autre, sans transitions. Pour la période XXème siècle le personnage de Karl Glogauer est pénible, ses névroses à fond mystico-religieux irritent plus qu’elles ne font sourire, ses discussions avec Monica sur Karl Jung sont assommantes. Les passages en l’an 28 sont plus réussis, ne manquent pas de sel et ont probablement moins vieilli. Il pourrait être intéressant de se pencher sur la psychologie pour comprendre ce qui pousse Karl, déçu par ce qu’il découvre en l’an 28, à endosser le rôle de Jésus. Peine perdue : il est tellement névrosé que les méandres de sa pensée sont difficiles à suivre. La fin est prévisible, mais l’auteur avait sans doute à l’esprit d’écrire une œuvre iconoclaste, et elle l’était sans doute à l’époque (écrit vers 1967). Une histoire prometteuse mais une lecture frustrante.
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La légende de Hawkmoon - Intégrale, tome 2

A priori, le deuxième volume de l’intégrale de « La légende de Hawkmoon » ne s’imposait pas. Hawkmoon avait déjà réglé ses comptes avec le Ténébreux Empire de Granbretanne ; certains de ses compagnons étaient décédés dans l’aventure, d’autres avaient survécu. Que dire de plus ?



Eh bien ce sillage de l’œuvre principale s’est, à ma grande surprise, révélé particulièrement plaisant. Comme s’il était resté insatisfait de la fin donnée à son cycle, Michael Moorcock décide de la modifier. A coup de voyage dans le temps (qui évoquent Doctor Who comme dit si bien Alfaric) et de balades dans des univers parallèles, Moorcock rebat ses cartes, élimine les poussières de l’Empire qui trainaient ici et là et offre une seconde chance à certains personnages trop tôt disparus. Au final je pense que, parmi les avatars du Champion Éternel, c’est Hawkmoon qui gagne le destin le plus heureux.



Mais au-delà du simple Hawkmoon, Moorcock met un point final à l’ensemble de son multivers baigné à l’eau des comics. L’ensemble des forces fondamentales – le Bâton Runique, l’Épée Noire, la Balance Cosmique, le Champion et son Compagnon – sont convoqués au tribunal dirigé par leur créateur (je parle de l’auteur) qui les balaie d’un revers de la main. Foin de ces artifices divins qui veulent gouverner la destinée de l’homme. L’homme n’en a pas besoin. Il peut, il doit se prendre en main et affronter son destin seul, avec ses propres forces et surtout, une grande confiance en ses capacités. C’est le message profondément humaniste que Moorcock livre à son public.



Personnellement j’ai encore du chemin à parcourir dans ce multivers. Je le reprendrai un de ces jours, certainement avec la Quête d’Érekosë.

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La légende de Hawkmoon, tome 2 : Le dieu fou

Avec ce deuxième livre sur Hawkmoon j’ai fait le chemin inverse du précédent : j’ai peu aimé le début, j’ai tenu et finalement j’ai trouvé qu’il se laissait lire gentiment.



But de l’exercice pour Hawkmoon et son sidekick Oladahn : rejoindre la Kamarg en partant de la lointaine Persia sans se faire prendre par les Granbretons. Il devra en chemin se frotter au Dieu Fou qui « règne » sur un d’Ukraine grâce à une Amulette qui a son rôle à jouer dans cette histoire.



Les péripéties du début m’ont désolé au point que je me suis dit que j’allais arrêter là. Mais j’ai décidé de continuer. Oh ça n’a rien d’un chef-d’œuvre mais ça tient la route comme divertissement sans prétention. Le regain d’intérêt est à porter sur un nouveau personnage en demi-teinte, Huillam D’Averc, qui m’a rappelé Benjamin Linus de la série Lost. On ne sait jamais si on doit lui faire confiance. Il tranche avec le manichéisme ambiant qui nous est asséné à travers des clichés de gentils et de méchants monochromes (genre le Granbreton gras et paillard qui veut profiter de force des charmes de la serveuse de l’auberge qui va se marier). Le Dieu Fou Stalnikov est pathétique. Il m’a fait penser à Gollum avec son Amulette. Et il faut bien avouer que les soldats Granbretons, avec leurs masques d’animaux et leurs langues secrètes, sont aussi bien trouvés que les Stormtroopers de Star Wars. Ils ont le même rôle de chair à pâtée pour héros ; ça fait toujours du bien de les voir se faire découper en tranches :). D’autant plus qu’ils semblent innombrables. Comment un pays si petit que la Granbretanne peut-il en fabriquer autant ? Mystère !



Un bémol concernant le mystérieux Guerrier d’Or et de Jais. Il fait trop Deus ex machina dans l’histoire. C’est lui qui dit à notre héros assez fade où aller, quoi faire, comment préparer le café, etc. C’est Moorcock sous un casque. Je ne suis pas fan. Mais bon, toute l’histoire tournant autour d’un Bâton Runique guide des destinées, normal que ce genre de personnages soit présent.



L’ambiance générale est beaucoup moins sombre qu’Elric. L’esprit de camaraderie règne. Il m’a rappelé La Belgariade de Eddings. La fin est assez bien troussée ma foi. Je ne m’y attendais pas.



Allez, c’est décidé, j’irai au bout. Après tout, les livres sont très courts.

Terminons par la tirade finale du Baron Meliadus, ennemi juré du héros:

"Ah, Hawkmoon, je t'aurai!"

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