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Citation de Silikani


Cassius n'était pas là. C'était un samedi après-midi. On m'a dit à la galerie que le vernissage avait eu lieu quelques jours auparavant et qu'il était venu pour l'occasion. Je ne connaissais guère les coutumes du monde de l'art. J'étais déçu, mais son absence importait peu. Car c'est Cassius que je voyais dans ses tableaux.

C'étaient de grandes toiles réparties dans les trois salles de la Waddington Gallery. Il y en avait une quinzaine. Toutes avaient pour thème la nuit à El Suweis. Les mêmes lumières soufrées éclairant l'activité nocturne dont je me souvenais encore, ou en tout cas dont je commençais à me souvenir en ce samedi après-midi. Les feux en plein air. Le registre d'apparence centenaire que remplissait impérieusement le scribe installé à la table dans l'air vif de la nuit. Au début j'ai cru qu'il s'agissait de tableaux abstraits.
On avait le sentiment en les regardant que des choses se passaient en marge des couleurs sur la toile, ou juste derrière. Mais dès que j'ai su où nous étions, tout a changé.

J'ai même reconnu le petit chien de Ramadhin qui levait les yeux sur le bateau. Tout cela me grandissait et j'ignorais pourquoi. Je suppose que je comprenais mieux combien Cassius et moi avions été proches, comme des frères.

Car il avait vu les mêmes gens que moi ce soir là, des gens avec qui nous nous étions sentis curieusement liés, des gens que nous ne reverrions jamais. Qui appartenaient à cet endroit. A cette ville nocturne d'un autre monde. Nous n'en avions pas parlé, mais nous l'avions l'un et l'autre, d'une certaine manière, perçu.
Et maintenant, ils étaient là avec nous.
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