Citations de Michaïl Lermontov (169)
L'amour d'une sauvage ne vaut pas mieux que l'amour d'une mondaine : on se lasse de la naïveté comme de la coquetterie.
J’ai la passion innée de contredire les gens. Toute mon existence ne fut, en somme, qu’une suite de contradictions malheureuses entre mon cœur et mon cerveau.
On s’efforce vers un amour durable, vers une gloire durable, vers une richesse durable, et puis soudain… la mort, la maladie, le feu, l’inondation, la guerre, la paix, un rival, un changement de l’opinion publique –et tous vos efforts sont réduits à néant !... Quant à l’oubli… l’oubli est également inexorable aux minutes et aux siècles. Si l’on me demandait de choisir entre une minute de pleine félicité et des années de bonheur ambigu… je préférerais concentrer tous mes sentiments et ma passion sur un moment de divin bonheur, et souffrir ensuite tant qu’on voudrait, plutôt que de les faire durer indéfiniment et de les placer un à un dans les intervalles de l’ennui et du chagrin.
Oh ! Les dames étaient le véritable ornement de ce bal, comme de tous les bals possibles !... Que d'yeux étincelants et d'étincelants brillants, que de lèvres roses et de roses rubans... merveilles de la nature et merveilles du magasin de modes... ravissants petits pieds et souliers merveilleusement petits, épaules marmoréennes et fards français de première qualité, phrases sonores empruntées au roman à la mode, bijoux de location...
Pourquoi recherchait-il la gloire ?
Pourquoi préférait-il l'honneur au bonheur ?
Pourquoi luttait-il avec des peuples innocents
Et brisait les couronnes avec son sceptre d'acier ?
Pourquoi jouait-il avec le sang des citoyens,
Méprisait l'amitié et l'amour ?
Et ne tremblait pas devant Dieu
Le Démon
extrait 1
Un sombre Esprit, un exilé
Sur notre terre pécheresse
Planait, quand l’essaim désolé
Des souvenirs soudain se presse
Devant le voyageur ailé.
Il revoit les jours d’allégresse
Où, Chérubin resplendissant,
La comète ardente, en passant,
De sa crinière lumineuse
L’effleurait en le caressant ;
Les temps où, dans la nuit brumeuse
De l’éternelle immensité,
Du désir de savoir hanté,
Avide, il suivait à la trace
Les caravanes de l’espace
Et les astres précipités ;
Les temps où, premier-né des Êtres,
Pur chef-d’œuvre du Créateur,
Pour l’amour il venait de naître ;
Où la foi remplissait son cœur
Ignorant du mal et du doute;
Où son œil ne pouvait encor
Mesurer la funèbre route
Qu’un passé monotone et mort
Maintenant devant lui déroule.
Toujours, menaçant sa raison,
Des souvenirs s’accroît la foule :
Comme un nageur avec la houle,
Il lutte avec ses visions.
…
- Mon cher, je hais les hommes pour ne pas les mépriser ; car autrement, la vie serait une farce trop dégoûtante.
Durant toute sa jeunesse, cet homme ne s’était passionné de rien : ni des femmes, ni du vin, ni des cartes, ni des honneurs, et avec tout cela, pour faire comme ses camarades et amis, il s’enivrait très souvent, il s’était amouraché deux ou trois fois pour faire plaisir à des femmes qui voulaient lui plaire, il avait une fois perdu trente mille roubles au jeu quand il était à la mode de perdre, il avait compromis sa santé au service pour être agréable à ses supérieurs. Égoïste au plus haut point, il avait néanmoins toujours eu la réputation d’un bon garçon prêt à toutes les complaisances, et s’il s’était marié, c’était parce que toute sa famille le désirait.
Ô Tsar terrible, Ivan Vassiljevitch ! c'est toi que chante mon poème aux accents sonores, toi et ton favori, ton garde du corps Kiribéjévitch, et le hardi marchand Kalachnikov. Je l'ai composé dans le goût du vieux temps, je l'ai chanté sur la guzli retentissante, je l'ai chanté souvent, souvent encore je le répète pour la récréation et la joie du peuple orthodoxe. Le boyard Matvei Romodanovski m'a donné pour récompense une coupe d'hydromel écumant, et la boyarine au blanc visage m'a offert sur un plat d'argent un mouchoir neuf brodé de soie. Pendant trois jours et trois nuits, ils m'ont traité comme leur hôte, et toujours ils aimaient à m'entendre recommencer mon chant.
Quand je te vois sourire,
Mon cœur s’épanouit,
Et je voudrais te dire,
Ce que mon cœur me dit !
Alors toute ma vie
À mes yeux apparaît ;
Je maudis, et je prie,
Et je pleure en secret.
Car sans toi, mon seul guide,
Sans ton regard de feu
Mon passé paraît vide,
Comme le ciel sans Dieu.
Et puis, caprice étrange,
Je me surprends bénir
Le beau jour, oh mon ange,
Où tu m’as fait souffrir !...
Elle était loin d’être belle, mais j’ai aussi mes propres idées sur la beauté. Il y avait beaucoup de race en elle… La race est chose très importante chez la femme, de même que chez les chevaux.
"J'aime douter de tout : cette disposition d'esprit n'empêche pas la fermeté de caractère, au contraire ; en ce qui me concerne, je vais toujours plus bravement de l'avant quand je ne sais pas ce qui m'attend. Puisque rien de pire que la mort ne peut arriver, et qu'on ne peut échapper à la mort ! "
Une larme brilla le long de ses longs cils, comme une goutte de pluie laissée par l'orage sur une feuille de tremble et qui glisse en frémissant sur ses bords, jusqu'à ce qu'une nouvelle rafale de vent l'emporte... Dieu sait où
... toi aussi, ma belle, le sang des bandits parle encore en toi.
C'est tout de même prodigieux ! Me voilà arrivée à l'âge de soixante ans, et je n'ai toujours pas compris qu'elle consolation on peut bien trouver dans les livres. Un jour, quand j'etais jeune, j'ai demandé quel était le meilleur livre du monde. On m'a répondu La Rossiade, du sénateur Kheraskov. L'ai essayé de le lire : mes amis, j'ai été prise d'un tel ennui que je n'ai pas dépassé la dixième page ; et je me suis dit : si le meilleur livre du monde est aussi assommant, que doivent être les autres ! Je ne sais pas si je suis sotte ou quoi, mais depuis, je ne lis plus rien, à part les journaux, et encore, juste la page mondaine.
Un ange déchu, un démon plein de chagrin volait au-dessus de notre terre pécheresse. Les souvenirs de jours meilleurs se pressaient en foule devant lui, de ces jours où, pur chérubin, il brillait au séjour de la lumière... depuis logtemps réprouvé, il errait dans les solitudes du monde sans trouver un asile.
P34
Les dames du grand monde formaient un groupe à part sur les degrés inférieurs du grand escalier ; elles riaient, parlaient fort et dirigeaient leurs faces- à-main d’or sur celles du petit monde, les dames de petite noblesse ordinaire, et les unes enviaient secrètement les autres : les premières la beauté des secondes, les secondes, hélas ! l’orgueil et l’éclat des premières.
- Comme toutes les modes, lui expliquai-je, celle du désenchantement s'est d'abord étendue à la noblesse, puis elle est descendue dans les classes inférieures qui achèvent de l'user. Actuellement, ceux qui sont le plus atteints de cet ennui, le dissimulent comme une tare.
Le capitaine comprit-il toutes ces nuances? Il hocha la tête et sourit d'un air entendu :
- C'est une mode qui nous vient certainement des Français?
- Non... des Anglais!
- Tout s'explique, s'écria-t-il. Ils ont toujours été des ivrognes invétérés.
" Dis-moi, murmura-t-elle enfin. Tu as donc si grand plaisir à me torturer ? Je devrais te haïr. Depuis que nous nous connaissons, tu n'as fait que me tourmenter..."
Sa voix trembla; elle s'inclina vers moi et posa sa tête sur ma poitrine.
"C'est pour cela peut-être, songeai-je, que tu m'as aimé. Les joies s'oublient, mais les souffrances, jamais."
" Белеет парус одинокой
В тумане моря голубом !
Что ищет он в стране далёкой ?
Что кинул он в краю родном ?
Играют волны - ветер свищет,
И мачта гнётся и скрыпит ...
Увы ! Он счастия не ищет
И не от счастия бежит !
Под ним струя светлей лазури,
Над ним луч солнца золотой...
А он, мятежный, просит бури,
Как будто в бурях есть покой ! "
" Blanche, une voile solitaire
Sur le brouillard bleu de la mer.
Que cherche-t-elle en ces contrés ?
Que laisse-t-elle en sa patrie ?
Jouent les vagues, siffle le vent,
Et le mat s'incline en grinçant.
Hélas ! Elle ne cherche pas
Le bonheur, mais ne le fuit pas.
Sous elle, son sillon d'azur,
Sur elle, un rai de soleil d'or...
Mais la rebelle veut l'orage
Comme pour y trouver la paix ! "