AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de michelekastner


On dit que les grandes douleurs sont muettes, ou que la souffrance laisse sans voix. Ce n'est pas tout à fait exact. Quand un ami meurt, une partie de notre voix meurt pour toujours avec lui. Ce qui nous reste alors est une voix privée de sa parole, et plus encore, privée de toute parole, mais qui doit continuer à parler tout de même, une voix aux prises avec l'innommable - je ne peux pas continuer, il faut continuer - une voix comme cette aube blafarde qui se lève maintenant sur Tokyo, couleur de lilas et de marbre, d'écume et d'hiver, de froid et de vent, couleur d'amitiés emportées par le temps. Blanc, blanc comme la cire des cierges, blanc comme un poignet sanglé, comme la face du noyé, blanc comme un lit d'hôpital, blanc comme le masque et les gants. Blanc, blanc comme des vers blancs qui ne riment pas, les vers désaccordés qui rongent la chair du cadavre. Blanc, blanc comme la plume, la neige ou la perle, comme la page blanche où je dois écrire ces mots maintenant. Toute cette blancheur, il faut la fureur de l'encre pour l'éteindre ou pour l'apaiser, pour l'éloigner ou la défaire, pour la distiller ou pour la sublimer.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}