Les temps changent, les héros aussi.
Hércule sauvait l'homme, Arthur sauvait Dieu, Cyrano sauvait la poésie, Superman sauvait l'Amérique.
Mais tout ceux-là sont morts. Les hommes, à peine élevés au niveau des dieux, ont voulu les dépasser, et se sont brûlés les ailes. Nietzsche a tué Dieu, Dieu a tué Nietzsche, match nul. La poésie s'est épuisée, cassant sa propre voix à force de crier son nom. L'Amérique est ivre de sucre et de sang.
Qui doit-on sauver aujourd'hui ?
Eh bien l'homme, à nouveau, toujours l'homme. C'était lui déjà, du temps d'Hércule, qui se faisait écraser par les puissances supérieures. C'était lui que le Roi Arthur voulait réconforter en sauvant Dieu. C'était lui qui cherchait à se rattacher à la poésie, ne pouvant plus croire en rien. C'était lui qui avait fait de ce nouveau continent l'Atlandide dorée, la dernière chance de civilisation.
Et l'homme se retrouve à nouveau face à lui-même, cerné par une technologie qui lui pénétre la peau, cerné par des murs de ciment, des chariots de fers qui devaient accélerer sa fuite, et qui le bloquent derrière lui-même, s'endormant sur ses alarmes. C'est l'homme qui s'est tellement entouré qu'il en est plus seul que jamais.
Dans sa voiture il klaxonne un inconnu, il téléphone à un absent, travaille pour une économie fantôme, et le soir enfin, s'installe devant d'autres absents, qu'il choisit à coup de télécomande.
En se battant pour la liberté, pour l'amour, pour la vie, pour l'humanité toute entière, l'homme à tout obtenu, mais il s'est perdu en route, il est pire que seul, il est absent à lui-même.
L'homme à besoin de nouveaux héros. Il a besoin de moi.