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Citations de Michaël Mention (334)


L’ouverture de la porte aère la pièce, où parvient le vacarme des bureaux. Là-bas, fusent « Manchester United » et « corruption ». Peut-être vrai. Plus loin, deux journalistes évoquent les urgentistes du Swan Hospital, qui trieraient les patients. Sûrement vrai dans un pays où, depuis plusieurs mois, les cadavres s’entassent dans les morgues. Vaughn le sait de source sûre, mais a reçu l’ordre d’« en haut » de ne rien divulguer sous peine de poursuites.

– C’EST QUE QUOI ? s’impatiente-t-il.

– Il… il est précisé « urgent » sur l’une des enveloppes, monsieur.
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Au même moment, un « Toc ! Toc ! Toc ! » interrompt la réunion. Vaughn, déjà exaspéré :
– QUOI ?
– C’est Linda, monsieur ! entend-il derrière la porte, il y a du courrier pour vous !
– Eh bien, laissez-le sur mon bureau !
– C’est que…
Il se lève brusquement pour aller ouvrir. Linda sursaute, lâchant toutes les enveloppes. Elle les ramasse – « Désolée, monsieur » – aux pieds de Vaughn. Ses collaborateurs ricanent, jouissant de cette pause bienvenue. Certains se resservent un café ou allument une cigarette, d’autres font les deux.
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Lewis baisse les yeux, préférant se concentrer sur sa tasse de café. Ce que Vaughn se garde d’ajouter, c’est que le Mirror a titré il y a trois ans : « Nouvelle vague d’Asiatiques en Grande-Bretagne ». Une gaffe selon lui et une énième stigmatisation pour les étrangers, rejetés par un pays gangrené par le racisme.
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L’un de ses collaborateurs dissimule un sourire dans sa paume. Du moins, il croit le faire, car Vaughn l’apostrophe :
– Cessez de vous gausser, Greenway. Votre sujet sur le National Front est également à revoir, pour éviter que ses skins nous accusent de diffamation.
– Je n’ai fait qu’évoquer ses lynchages dans les quartiers noirs et…
– … ses candidats aux prochaines législatives. Le problème, c’est votre phrase sur « l’essor menaçant de l’extrême droite, cancer des valeurs britanniques ».
– Je vous rappelle qu’à Londres, il a tout de même eu plus de cent mille voix.
– Je n’ai pas oublié, comme je n’ai pas oublié que Thatcher a dit qu’elle comprenait la peur du peuple d’être « envahi par une culture étrangère ».
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Les autres échangent un regard, cette allusion n’étant pas anodine. Vaughn n’a jamais digéré que leur concurrent ait volé à Shakespeare son « Winter of discontent » pour évoquer la récente période de grèves. Un article politique doublé d’une référence à Richard III, il fallait y penser. Cette idée, Vaughn aurait aimé l’avoir, si elle n’avait pas été antitravailliste.
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De l’index droit, il rajuste ses lunettes, puis s’adresse au chef du service politique :
– Lewis, je trouve votre article sur Thatcher un peu trop complaisant.
– Monsieur, ce n’est pas moi qui l’ai rédigé, mais…
– … « Alistair Widward », lequel semble faire l’éloge de cette pute de Margaret.
– Il a simplement insisté sur son ambition, qui pourrait lui permettre de devenir notre prochain Premier ministre.

– Une femme ? s’esclaffe l’économiste en chef. À la tête du pays ?
– Ne riez pas, Sanders. Au regard des derniers sondages, c’est une éventualité fort probable… qui semble réjouir Lewis.
– Bien sûr que non ! se défend l’intéressé.
– Tant mieux, car si vous bandez pour les Conservateurs, allez bosser au Sun !
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Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il « choc pétrolier », celui-ci est toujours affublé de bretelles, qui soutiennent son éternel pantalon en velours châtaigne. Vaughn, c’est cinquante-huit ans d’une existence vouée à l’objectivité journalistique… dont il se réclame autant que du parti travailliste. Son surnom, il le doit à son caractère, qui fait la terreur de la rédaction.

C’est pourquoi tous redoutent son avis sur la maquette de demain ; 70 % de la trame originelle en attendant les 30 % hypothétiques de scoops
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Pigistes, correspondants et chroniqueurs s’agitent dans une cohue qui rythme la plate-forme jusqu’à la salle de réunion. Derrière la porte, des murs beiges, un nuage gris de tabac, une cafetière noire, des tasses bleues et une table ovale blanche, où sont réunis les sept chefs de service. Silencieux, tous observent l’homme assis en bout de table, qu’ils surnomment en secret « Darth Vader ». De cette icône du Mal, le directeur du Mirror n’a en fait que les initiales, puisqu’il s’appelle Dennis Vaughn.
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22 mars 1979
Agence locale du Daily Mirror, Manchester.



Ce matin, comme tous les jours, la rédaction du quotidien le plus vendu du pays est en émoi. Brouhaha mêlé de sonneries téléphoniques, de cliquetis de machines à écrire et d’infos criées d’un bureau à l’autre. Un chaos à l’image d’une société ébranlée par un million et demi de chômeurs, d’interminables grèves de mineurs et d’ouvriers, des émeutes raciales, ainsi que des attentats perpétrés par l’I.R.A. Bref, une Angleterre loin, bien loin de ses sixties euphoriques et de son Swinging London.
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Stylo qui s’agite, troisième banc.
– Michaël Mention du Monde, Paris : est-il toujours membre du R.I.O. ? demande celui-ci dans un anglais catastrophique.
– Non.
– Dans ce cas, pourquoi… ?
– J’ai dit « une question par personne ».
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Quand j’y repense, c’est fou : on a nourri des milliers de gens, on les a soignés, on leur a appris à lire, à écrire, à compter, à être dignes et responsables. Moi, je n’y ai contribué que quatre ans, mais le BPP a continué jusqu’en 1982. Quinze ans d’actions au quotidien.
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— Il s’est fait coffrer. Les porcs disent qu’il a buté une instit’ à Santa Monica, il y a trois ans. Sauf qu’il était à Oakland, à sept cents kilomètres de là.
— Ouais, je vois
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Sept ans de guerre, des milliers de compatriotes sacrifiés et des milliards de dollars gaspillés pour en arriver là. Et ce salaud qui se pose en sage. Oui, il avait promis la fin de la guerre, mais cela induisait une victoire, pas une humiliation. Jusqu’ici, le monde entier nous haïssait. Maintenant, il va se foutre de nous.
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— C’est clair. Ils m’ont fouillé jusqu’au slip.
— C’était désagréable ?
— Plutôt, oui.
— Eh ben, maintenant, vous savez ce que ça fait d’être noir.
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"Couleur ou pas, il y a que deux classes ! Les opprimés et les oppresseurs ! Les exploités et les exploiteurs !"
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— Tu sais ce que Carlson a dit : « On peut mettre un révolutionnaire en prison…
— … mais pas la révolution », ouais, mais j’ai peur qu’on échoue.
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Je suis dure avec lui, mais il m’emmerde à toujours insister. Déjà que je le suce… alors que lui, il veut pas me lécher, il dit que j’en ai pas besoin pour jouir. Les mecs, ils assurent en marxisme, mais en plaisir, ils sont nuls.
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— Tout est politique. Qu’est-ce que tu crois ? C’est surtout un grand pas pour le capitalisme, qui cherche toujours à nous enculer !
— Justement, puisque t’en parles…
— Je t’ai déjà dit « non ».
— Mais pourquoi ? Il paraît que ça vous donne trop de plaisir.
— Alors, va en enculer une autre et éclate-toi avec elle.
— Mais c’est toi que j’aime.
— Eh ben, si tu m’aimes, tu respectes mon choix.
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[...] en plus, on est chargés de traquer les Panthers qui ne respectent pas le décret Mulford. Quand on en voit avec des flingues, on les leur prend. Bien sûr, ça ne concerne qu’eux. Pas les Slaves, ni les Hells, alors qu’ils sont aussi dangereux.
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Je dis pas que ces gens sont forcément racistes, mais ils vivent coupés de la réalité. Celle de mes frères qui vident la soute, qui nettoient les chiottes. Le sale boulot, c’est toujours pour nous, et ça suffit.
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